Retraites des indépendants, un système à plusieurs vitesses

    Malgré les réformes successives du système de retraite, les anciens travailleurs indépendants continuent de percevoir des pensions largement inférieures à celles des salariés, selon une étude menée par l’Insee. En fonction du secteur d’activité et du parcours professionnel, les écarts sont parfois considérables, reflétant les inégalités structurelles d’un système encore loin d’être harmonisé.

    Des montants très variables entre branches professionnelles

    L’analyse des niveaux de pension des anciens travailleurs non-salariés met en évidence des disparités notables selon les secteurs d’activité. En 2020, la pension mensuelle brute moyenne perçue par les ex-indépendants, tous régimes confondus, s’élevait à 1 180 euros, contre 1 540 euros pour l’ensemble des retraités, soit un différentiel de 360 euros.

    Cette moyenne masque toutefois de profondes inégalités internes. Globalement mieux rémunérées en activité et affiliées à des régimes historiquement plus favorables, les professions libérales bénéficient d’une pension moyenne de 2 570 euros. À l’opposé, les anciens exploitants agricoles perçoivent à peine 810 euros.

    ImportantPlus préoccupant encore, un quart des non-salariés retraités disposent d’une pension inférieure à 800 euros par mois. De tels écarts s’expliquent en grande partie par des assiettes de cotisation variables, des revenus instables et des régimes de retraite traditionnellement cloisonnés, notamment dans les secteurs agricoles et artisanaux.

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    Une fracture accentuée par les inégalités de genre

    Au sein de la population des retraités indépendants, les femmes se trouvent nettement désavantagées. Le déséquilibre entre les pensions masculines et féminines est criant, atteignant jusqu’à 41 % chez les artisans-commerçants et 31 % chez les exploitants agricoles.

    Ces différences sont à mettre sur le compte de facteurs structurels : des carrières souvent morcelées par les impératifs familiaux, un recours plus important au temps partiel ainsi qu’un accès restreint aux professions libérales les mieux rémunérées.

    L’étude de l’Insee se limite aux pensions de base servies par le régime général, sans intégrer les éventuels compléments issus d’autres dispositifs. Si certains travailleurs indépendants bénéficient de régimes obligatoires ou d’épargne retraite individuelle, tels que les PER, ces derniers ne compensent pas les inégalités de départ liées aux parcours professionnels.

    En 2021, une revalorisation des pensions agricoles a été mise en œuvre, garantissant un montant minimum de 85 % du SMIC net agricole pour les chefs d’exploitation ayant eu une carrière complète. Bien que cette mesure constitue une avancée appréciable, elle reste insuffisante pour assurer un niveau de vie décent à l’ensemble des retraités non-salariés.

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    À retenir
    • Le système de retraite des travailleurs indépendants demeure profondément inégalitaire, malgré les réformes engagées.
    • Les pensions varient fortement selon le secteur d’activité, avec des écarts allant du simple au triple.
    • Les anciens exploitants agricoles figurent parmi les plus défavorisés, tandis que les professions libérales s’en sortent nettement mieux.
    • À cette disparité sectorielle s’ajoute une inégalité de genre marquée, amplifiée par des trajectoires professionnelles discontinues.
    • Les mécanismes complémentaires n’atténuent que partiellement ces écarts, révélant les limites persistantes du dispositif actuel.
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    Rédaction meilleurtaux Placement

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