A l'approche de la fin d'année et de la clôture des bilans des banques, on commence à avoir des chiffres précis sur la crise du subprime...
Pas un jour n'a passé depuis cet été sans que des banques annoncent des pertes réelles ou des provisions pour pertes et les chiffres les plus fantaisistes circulent sur le risque réel que représente l'exposition aux fameux subprimes. On nous parlait de 100 milliards de dollars en septembre pour nous rassurer. Aujourd'hui le chiffre qui circule, c'est 400 milliards. Ce serait l'exposition globale des banques au risque de subprime. Avec 55% environ de ce risque supporté par les banques américaines, 40% par les banques européennes et le reste par les banques asiatiques et émergentes.
Cependant depuis le début de la crise, la chute des cours des banques américaines a été deux fois supérieure à celle des banques européennes.
Est-ce que cela veut dire que la purge n'est pas terminée pour les banques européennes ?
Pas forcément. On doit noter d'abord que les banques américaines ont provisionné leur risque à hauteur de 28% alors que les banques européennes n'ont provisionné qu'à hauteur de 13%. Excès de prudence pour les américains, ou excès d'optimisme pour les européens, c'est l'avenir qui nous le dira. Mais le décalage de pertes entre elles provient également des perspectives économiques. Au-delà du subprime les banques américaines sont touchées de plein fouet par leur exposition au crédit à la consommation, au crédit automobile et à toutes formes de crédits sensibles au risque de récession américaine alors que les banques européennes sont relativement mieux protégées.
On a vu l'action Natixis rebondir de 20% et d'autres actions européennes repartir à la hausse, est-ce que c'est le moment de se repositionner sur le secteur en Europe ? Cela me paraît prématuré. Pour du trading à court terme, oui. Il y a des coups à faire, en rachetant au plus bas certaines valeurs bancaires au plus fort de la panique pour jouer un rebond de 15 à 20% comme ce fut le cas pour Natixis. Mais nous sommes dans du pur spéculatif. La visibilité du secteur reste encore faible même si on peut penser que les banques européennes s'en sortiront mieux que leurs concurrentes d'outre atlantique.