La journée de lundi dernier, 10 mai 2010, au cours de laquelle le CAC a pris 9.66%, fut la troisième plus forte hausse de l'histoire du CAC 40. Ce fut une de ces journées historiques marquées par des événements forts et qui entrainent des mouvements exceptionnels des indices, à la hausse et à la baisse. Voici quelques exemples d'autres journées historiques...
Quand on parle de journée boursière historique, on pense forcement au 19 octobre 1987, jour où le Dow Jones perdit 22,8% en une seule séance et entraîna dans sa chute l'ensemble des grands indices mondiaux.
Le week end précédant ce " Black Monday ", deux statistiques majeures sont annoncées. Le déficit commercial est plus élevé que prévu et la Bundesbank relève ses taux d'intérêts pour éviter la surchauffe de l'économie. A l'ouverture du lundi, les investisseurs tentent de se désengager du marché actions. A la clôture, 600 millions de titres ont été échangés, et plusieurs centaines de milliards de dollars se sont évaporés. Dans le monde, le krach US se répercute immédiatement sur les autres places boursières. Ainsi l'indicateur instantané en France chute de 9,5% en clôture, alors que le Nikkeï 225 perd 14,90%.
La chute du Dow Jones le 19 Octobre 1987 est devenue la plus forte baisse de l'indice US, battant ainsi celle d'un autre " Black Monday ", celui du 28 Octobre 1929. Mais de la crise de 1929, c'est surtout le " Black Thursday " du 24 octobre 1929 qui marque les esprits. Ce jour là en effet, les actions s'effondrent en journée de plus de 20% avant que l'intervention de plusieurs grandes banques indiquant qu'elles allaient soutenir les cours, ne permette au marché de reprendre quelques couleurs et à l'indice vedette de Wall Street de limiter la casse en fin de séance (-2,1%). Cette crise fait suite à plusieurs années d'après guerre d'euphorie et de forte croissance aux Etats-Unis, marquées par un développement important du marché boursier. Mais pendant cette période, les taux ont fortement monté, de 4 à 7%, et beaucoup d'investisseurs ayant acheté leurs titres à crédit, ne peuvent plus rembourser les intérêts qu'ils doivent verser. Ce fut la première véritable panique et crise des marchés boursiers, ce qui explique également sa violence. Malgré l'intervention des grandes banques, la spirale s'envenime et le lundi 28 octobre, le Dow Jones établit un record de baisser à -13% avant de perdre 12% le lendemain.
Le 10 mars 2000 est également une journée historique puisqu'elle marque le début de l'éclatement de la bulle internet. Ce jour là, le Nasdaq atteint un record en passant au dessus de 5000 points, un niveau qu'il n'a jamais atteint depuis. L'éclatement de la bulle dure plusieurs années. De fortes baisses se succèdent alors sur le Nasdaq comme -7.56% le 30 Mars 2000, -9.67% le 14 Avril 2000, -7.12% le 20 Décembre 2000, ou encore -7.23% le 2 Janvier 2001. Mais c'est souvent dans les périodes de crises boursières qu'on connait des journées de rebond historique. Ainsi, pendant l'éclatement de la bulle, l'indice rebondit de 7.19% le 18 Avril 2000, +7.94% le 30 Mai 2000 ou encore 7.87% le 13 Octobre 2000. Le 3 janvier 2001, il signe même son record de 14.17%, le jour où la Réserve fédérale américaine entame une série de réductions des taux d'intérêt. Mais l'indice du NASDAQ chute de 22 % l'année suivante, bien que la Réserve fédérale américaine continue à réduire agressivement les taux d'intérêt.
Autre journée historique, les attentats du 11 septembre 2001 envenime évidemment la situation de l'époque. La Banque centrale américaine, la Fed, injecte immédiatement et sans limite toutes les liquidités demandées par les banques, afin d'éviter tout risque systémique. L'injection est si massive que le taux au jour-le-jour du marché interbancaire domestique américain tombe à zéro pendant plusieurs jours. De son coté, la Banque centrale européenne (BCE) accorde 130 milliards d'euros de liquidités supplémentaires aux banques européennes. Enfin, il y a une baisse surprise concertée des taux directeurs de la Fed (de 3,5% à 3%), et de la BCE (de 4,25% à 3,75%). Malgré cela, le CAC cède ce jour 7,39% tandis que le DAX perdit 8.49%. Aux Etats-Unis, la bourse de New York rouvre après une semaine de fermeture. Le Dow Jones plonge de 7,13%, alors à l'époque la plus importante baisse de l'histoire du Dow Jones en nombre de points (-684,81). Le Nasdaq quant à lui chute de 6.83%.
C'est dans les grandes crises qu'on retrouve un maximum de records de baisse mais aussi de hausse. Mises à part ces crises, d'autres records ont été réalisés lors d'événements politiques historiques. Citons par exemple, le 17 janvier 1991, jour du lancement de l'offensive alliée en Irak lors de la première guerre du Golfe (le CAC gagna 7.05%), ou le 19 août 1991, jour de l'éviction de Mikhaïl Gorbatchev à la tête de l'Union soviétique. (le CAC perdit 7.29%). Mais c'est lors de la crise bancaire de 2008 qu'on retrouve le plus de records
La crise d'Octobre 2008 de tous les records
Après 3 premiers trimestres très difficiles, l'année 2008 s'est terminée sur un dernier trimestre dantesque, avec une pluie de records à la hausse, mais surtout à la baisse. Le début de la crise bancaire aux Etats-Unis démarre réellement en septembre. Lehman Brothers est alors contrainte de se placer sous la protection du Chapitre 11, Merrill Lynch accepte de se faire racheter par Bank of America pour éviter de connaître le même sort, et AIG ne doit sa survie qu'à sa nationalisation. Le Dow Jones cède alors 4,42% le 15 septembre et 4,06% le 17. Les marchés sont sonnés et l'administration américaine annonce alors un vaste plan de sauvetage des banques de 700 milliards de dollars. Le Dow Jones reprend près de 8% en deux séances, mais la hausse est plus spectaculaire sur les marchés européens qui enregistrent des records comme le CAC qui bondit de 9.27% le 19 septembre 2008, qui est aujourd'hui la quatrième plus forte hausse de son histoire.
L'euphorie est vite retombée quand le 29 septembre 2008, le projet de loi est rejeté à la Chambre des représentants, replongeant les investisseurs dans une période de grande incertitude. Les places américaines plongent. Le Dow Jones perd 6,98%, enregistrant sa plus forte chute historique en termes de points, avec 778 points perdus. Les bourses européennes résistent quelques jours mais le 6 octobre 2008, elles chutent, plombées par les inquiétudes sur l'extension de la crise financière en Europe. L'indice CAC 40 de la Bourse de Paris termine sur une chute de 9,04 % à 3.711,98 points, son plus fort recul en une séance depuis sa création en 1988. Le Dax et le Footsie cèdent respectivement 7.07% et 7.85%. A Moscou, l'indice RTS clôture sur une chute record de 19,10%.
La chute continue au mois d'octobre, notamment avec les publications d'indicateurs de conjoncture mauvais, qui signent l'arrivée de la récession. La croissance ralentit, la consommation est en berne, le chômage explose, l'immobilier s'enfonce dans la crise, les plans sociaux se multiplient, les avertissements sur résultats aussi. Le 9 octobre 2008, le Dow Jones abandonne 7,33%, son plus fort recul en pourcentage depuis octobre 1987. Les Bourses européennes et asiatiques suivent le lendemain. Le CAC finit la séance avec une baisse de 7,73% et Le Nikkei perd 9,6%. Le week end qui suit sera alors bénéfique, la Fed annonce qu'elle augmentera la ligne de refinancement accordée aux banques. Pendant ce temps là, les dirigeants de la zone euro s'engagent à garantir les crédits interbancaires et à recapitaliser les grandes banques qui en auraient besoin. Le lundi 13 octobre 2008, le CAC 40 affiche une progression de 11,18% à 3 531 points, son record depuis sa création. A Londres, le Footsie gagne 7,14 % et à Francfort, le Dax finit en forte hausse de 11,40 % à 5.062,45 points. Le Dow Jones s'envole également de 11,08%, dans l'espoir d'un très vaste plan de recapitalisation des banques américaines, à l'image des initiatives britanniques et européennes. C'est la plus forte hausse à Wall Street depuis 1933 et un record en termes de points gagnés sur une séance.
Malgré cela, les marchés continuent de souffrir en Octobre. Mais si le mois d'Octobre est noir, il finit sur une bonne note à Wall Street qui enregistre le 28 octobre 2008 la deuxième plus forte hausse de son histoire en gagnant 10.88%, grâce notamment aux perspectives d'une baisse des taux de la Fed, et à un mouvement de chasse aux bonnes affaires. Le lendemain, les places européennes rebondissent à leur tour. Le CAC 40 s'envole de 9,23 % et le Footsie clôture à +7,14 %.
Le mois de Novembre est également très compliqué. Les indices atteignent leur plus bas le 20 Novembre. Ils rebondissent le 24 novembre 2008 après l'annonce de nouvelles mesures de relance aux Etats-Unis, dont un plan de sauvetage massif de la Banque citigroup. Le Dow Jones gagne 5% mais le rebond est plus spectaculaire en Europe où le CAC gagne 10.09%, deuxième plus forte hausse de son histoire. Le DAX et le Footsie gagnent également près de 10%.
Les marchés se reprendront en décembre, malgré l'officialisation de l'entrée en récession de l'économie américaine le 1er décembre 2008, jour où Wall Street perd 7.7%, sa dernière claque de l'année. La politique d'assouplissement monétaire de la Fed, ainsi que l'élection de Barack Obama à la maison blanche, ne sont pas étrangères à cette accalmie, même si le premier trimestre de 2009 sera également noir.
2009-2010 : Toujours des événements mais moins de records
Après une baisse de 42,68% du CAC en 2008, le premier trimestre de 2009 est catastrophique pour les marchés financiers. Le 14 janvier 2009, après six jours de baisse consécutive, les ventes de détail reculent plus fortement que prévu en décembre aux Etats-Unis, et l'OCDE indique s'attendre à une récession en 2009 en zone euro. La Bourse de Paris s'effondre alors de 4,56% à la clôture, pour s'établir à 3.052,00 points. Dans le même temps, Londres chute de 4,97%, Francfort de 4,63% et l'Eurostoxx 50 de 4,68%. Le dow jones lui résiste mieux en ne perdant que 2,94% tandis que le Nasdaq cède 3,67%. La baisse au Etats-Unis intervient alors quelques jours plus tard avec un recul du Nasdaq de 5,78% le 20/01/2009 et une baisse du Dow jones de 4,01%.
Sur le mois de Janvier, le CAC perd 8,23% passant ainsi sous la barre des 3.000 points. Et le mois de févier ne va pas en s'améliorant avec une chute sur le mois de 7,74%. Les craintes au sujet de la santé des établissements financiers américains redoublent, un débat s'installe aux Etats-Unis sur l'éventualité d'une nationalisation par le Trésor américain des banques Citigroup et Bank of America. De plus, AIG, l'ex numéro un mondial des assurances est de nouveau dans le rouge financièrement et pourrait alors redemander l'aide du Trésor Américain. A cela s'ajoute les doutes liés à l'efficacité du plan de relance de l'administration Obama. La chute atteint son plus bas en Mars 2009, les marchés baignent alors dans une atmosphère de fin du monde. Rien ne peux sauver la planète finance et par effet de contagion, avec l'assèchement du marché de crédit, les entreprises sont vouées à connaître de graves difficultés. Le 2 mars 2009, C'est la deuxième plus forte baisse du CAC 40 en 2009, après celle du 14 janvier, qui retombe à son plus bas niveau depuis le 13 mars 2003 (2.554,71 points). Londres cède pour sa part 5,33%, et Francfort 3,48%. Outre Atlantique, le Nasdaq cède 3,99% et le Dow 4,24%. Le 9 mars 2009, le CAC atteint son point le plus bas de l'année avec une chute sous les 2500 points en séance (2465 points). Des niveaux qu'il n'avait plus touchés depuis mars 2003, au moment de l'éclatement de la bulle Internet. Le lendemain, 10 mars 2009, Le CAC 40 signe sa meilleure performance en 2009 avec une hausse de +5,73 % grâce notamment à l'envol des valeurs financières. Londres prend 4,88 %, Francfort 5,28 % et l'Eurostoxx50 6,05 %. Aux Etats-Unis, le Dow jones et le Nasdaq confirme la hausse avec des clôtures respectives à +5,80% et +7,07% tout en ayant légèrement reculé la veille de 1,21% et 1,95%.
Le 23 mars 2009, le président Obama annonce un plan de rachat des actifs "toxiques" des banques. Le plan, qui associe le gouvernement à des investisseurs privés, entend consacrer dans un premier temps 75 à 100 milliards de dollars de fonds publics pour mobiliser jusqu'à 500 milliards de dollars pour permettre au crédit de circuler à nouveau. Les marchés américains rassurés, le Dow Jones finit en hausse de 6,84% tandis que le Nasdaq progresse de 6,76%.
Les annonces et les mesures des Etats s'enchainent et les marchés repartent à la hausse avec une ébauche de sortie de crise et des chiffres dans la moyenne supérieurs aux attentes. Les investisseurs reprennent confiance avec des résultats d'entreprises satisfaisants. Cela ramène le calme sur le marché et la volatilité redevient moins importante. L'indice parisien bondit néanmoins de plus de 55 % par rapport à son plus bas, mais sans connaitre de " journée historique ". On retiendra néanmoins que le 23 Juillet, le CAC signa sa 9ème séance de hausse consécutive. Le Footsie, le DAX et l'Ibex ont largement suivi le mouvement, s'adjugeant respectivement 57 %, 59 % et 62%.
Mais les problèmes grec viennent troubler les marchés début 2010 et marquent le retour d'une forte volatilité. Le risque de contagion en Europe fait alors chuter le marché Français début mai avec des baisses consécutives de -3,6% ;-1,44% ;-2,20% et surtout -4,60% les 4,5,6 et 7 Mai. Durant le week end, les gouvernements européens se réunissent et décident d'un plan de secours des Etats européens en difficulté avec la possibilité de débloquer plus de 750 Milliards. Les marchés reprennent confiance et le lundi 10 mai 2010, le CAC s'offre sa 3ème plus forte hausse de son histoire avec +9,66% sur la journée. Le plus fort rebond des Bourses européennes est enregistré à Madrid (+14,43%) à Madrid, qui connait ainsi la plus forte hausse depuis sa création en 1992. Emportée par l'euphorie générale, Milan s'envole de 11,28%, tandis que Lisbonne gagne 10,73%, Bruxelles 9,37%, Athènes 9,13%, Amsterdam 7,33%, Francfort 5,30% et Londres 5,16%. Le Dow Jones gagne 3,90%, le Nasdaq 4,81% et le Nikkei 1,60%.