Du rififi dans la potasse. Le directeur général du producteur russe de potasse Uralkali a été transmis en fin de semaine dernière par la Biélorussie à des représentants des autorités russes. Vladislav Baumgertner avait été arrêté fin août à Minsk pour abus de pouvoir, soit un mois après l'arrêt des liens commerciaux entre Uralkali et son homologue biélorusse, Belaruskali.
UralKali, grand nom russe de la potasse qui revendique une part de marché mondiale de 20% annoncé fin juillet qu'il allait cesser sa coopération son partenaire biélorusse Belarusian Potash Co. (BPC) après que le président de ce pays, Alexandre Loukachenko, ait révoqué le monopole d'exportation de la potasse biélorusse dont BPC jouissait jusqu'alors. Leur société commune, la Belarusian Potash Company (BPC), représentait 40 % de la production mondiale de potasse, contre 35 % pour le leader canadien PotashCorp. Le tandem faisait la pluie et le beau temps en Europe, il contrôlait les quantités d'engrais qui sortaient de la Russie et de la Bielorussie, afin d'éviter la surproduction de potasse, et donc la baisse des cours. La Biélorussie a provoqué l'ire de son partenaire russe, en exportant sa potasse, derrière le dos de la Russie. Et ce partenariat a volé en éclats cet été...
Petit rappel, la potasse est un minerai, mélange de carbonate de potassium et de chlorure de potassium. C'est un des engrais les plus répandus, après l'azote et le phosphate.
Qui dit absence de cartel, dit perspective d'une chute des prix de la potasse. Un sombre avenir qui a provoqué la chute des actions des sociétés russes, canadiennes, européennes, chinoise, israélienne et américaines concernées. Dont K+S, le leader européen de la production de potasse a en effet vu la valeur de son action s'effondrer de 40 % en deux semaines, suite à l'annonce, de la révocation du monopole d'exportation biélorusse. Mais ce n'est pas la seule raison à la déroute du titre...
Le résultat net ajusté a fondu d'un quart à 162,6 millions d'euros sur la période, tout comme le résultat d'exploitation sous-jacent à 162,6 millions, un niveau qui manque de 7% environ l'estimation moyenne des analystes. Eux-aussi inférieurs aux attentes du marché, les revenus ont diminué de 12% à 874,5 millions d'euros, affectés par la normalisation des volumes et une baisse de prix significative dans ses activités de potasse et de magnésium.
Ce chamboulement que vient de connaitre l'industrie de la potasse après l'annonce de la fin du cartel russe a mis au tapis les titres du secteur. Le titre Potash Corporation of Saskatchevan rend 30% depuis le début de l'année tandis que K+S perd 44% et végète autour des 19 euros, incapable d'aller plus loin pour l'instant...