La France ambitionne d’abriter une dizaine d’entreprises technologiques valorisées à 10 milliards de dollars ou plus avant la prochaine décennie. C’est un chiffre en baisse par rapport aux objectifs affichés l’année dernière. Les raisons de cette inflexion se trouvent dans les perspectives négatives liées à l’augmentation des taux d’intérêt et l’inflation.
Après avoir dépassé les 2 000 milliards de dollars fin 2021, la capitalisation boursière d’Alphabet oscille actuellement autour de 1 450 milliards de dollars. Au même moment, Meta, la maison-mère de Facebook, est valorisé à 425,03 milliards de dollars, contre 1 110 milliards USD pour Amazon.
Tous ces géants de la tech ont parcouru un long chemin, jalonné de tours de table et de levées de fonds en capital-risque, avant d’atteindre de tels sommets. Leurs success-stories inspirent beaucoup le secteur de la tech européen, qui compte plusieurs pépites intéressantes. Toutefois, l’émergence de ces licornes risque d’être ralentie par la situation actuelle.
Soutenir les modèles les plus soutenables et les plus rentables
Depuis le début de l’année, les entreprises technologiques tanguent en Bourse, sous l’effet des pressions inflationnistes et de la hausse des taux d’intérêt. Leur capitalisation boursière diminue et cela n’est pas sans conséquence sur les rendements des PEA qui comportent des titres liés à une entreprise de la tech. L’indice Nasdaq, contenant plusieurs valeurs technologiques, a ainsi subi un recul de 30 % depuis janvier. Certaines actions de l’indice ont même perdu entre 70 à 80 % de leur valeur.
Cette tendance affecte tout l’écosystème de la tech et complique les projets d’IPO des start-ups les plus prometteuses . Les analystes se montrent optimistes malgré tout. Un spécialiste du Boston Consulting Group estime ainsi que les marchés et les investisseurs ne doivent pas s’intéresser uniquement à la valorisation dans leur prise de décision. Les fonds et les géants de la tech peuvent profiter de la perte de valeur des start-ups pour lancer des acquisitions . En Europe, le ralentissement du marché permet aussi d’ identifier les entreprises les plus résistantes , celles dont le modèle continue d’être rentable et soutenable en dépit d’un contexte financier défavorable.
Bessemer Venture Partners partage ce point de vue. Le fonds propose d’ailleurs une nouvelle qualification des futures pépites . Au lieu de se focaliser sur la capitalisation, les marchés sont invités à cibler les entreprises capables de réaliser régulièrement au moins 100 millions de dollars de revenus annuels. Ce type d’entreprises – appelées « centaures » – se révèle être sept fois plus rares que les licornes sur les marchés mondiaux. En analysant la rentabilité des start-ups, les fonds et les investisseurs pourront facilement cibler des établissements susceptibles de s’étendre à l’international.
Trouver un financement par des voies alternatives
La dégradation de la situation risque de compliquer les entrées en Bourse des futures pépites de la tech européenne. Ces start-ups devront alors trouver d’autres sources de financement , pour soutenir leur développement. La France a anticipé ces difficultés en 2021 et a lancé le Plan France 2030 .
Ce plan prévoit 34 milliards d’euros d’investissements au profit des compagnies les plus innovantes dans le secteur de l’aéronautique, l’automobile et l’espace, entre autres. Ce programme devrait à terme conduire à l’émergence de 10 décacornes – des entreprises valorisées à plus de 10 milliards d’euros – dans l’Hexagone.
À l’échelle européenne, le projet « Scale-up Europe » consacre plus de 3 milliards d’euros pour accélérer l’émergence de géants de la tech sur le Vieux Continent. Cette initiative a pour objectif d’atteindre 10 géants européens de la tech valorisés à plus de 100 milliards d’euros avant 2030.