Destiné aux ménages à faibles revenus, le Livret d'épargne populaire (LEP) a un atout : rémunérer ses épargnants à un taux de 5%. En revanche, transférer ce produit d’une banque à une autre peut s’avérer très onéreux.
Comme le Livret A et le LDDS, le LEP (Livret d’épargne populaire) est un produit d’épargne réglementée. C’est à dire que son taux de rémunération, son plafond de versement ou encore sa fiscalité, sont encadrés par les pouvoirs publics. Pourtant, le LEP se distingue des autres livrets cités.
Contrairement à ces derniers, son accès est strictement réservé aux ménages modestes. C’est-à-dire à ceux dont le revenu fiscal de référence (RFR) ne dépasse pas le seuil de 22 419 euros pour les célibataires, divorcés ou veufs, sans enfant à charge.
Un placement créé pour les ménages modestes
En effet, la vocation du LEP, depuis sa création en 1982, est d’« aider les personnes disposant des revenus les plus modestes à placer leurs économies dans des conditions qui en maintiennent le pouvoir d'achat », selon le Code monétaire et financier.
Une mission régulièrement rappelée par l’Etat, qui en fait la promotion. Et qui, pour inciter les Français éligibles à en ouvrir un, tâche de le rendre plus attractif. En octobre, son plafond a par exemple été relevé de 7 700 euros à 10 000 euros. Puis, depuis le 1er février et jusqu’au 31 juillet, son taux est fixé à 5% net d’impôts. Alors que théoriquement, il aurait dû tomber à 4,40%, en raison de la baisse de l’inflation.
Un transfert de LEP lourdement facturé
Néanmoins, le LEP souffre d’un paradoxe. Son transfert d’une banque à une autre est certes possible, contrairement au Livret A et au LDDS. Mais le plus souvent, il est facturé au prix fort. En effet, son coût moyen est de 105 euros, selon l’analyse réalisée par le site MoneyVox auprès d’une centaine de banques distribuant ce produit. “Avec des pointes à 150 euros ou plus” dans certaines caisses régionales, ajoute le média. Le comble, pour un livret d’épargne dit “populaire”.
En réalité, le calcul de ce coût moyen est réalisé sur les seuls établissements qui mentionnent le LEP sur leurs lignes de facturation. Ce qui ne représente qu’un tiers, environ, des banques proposant ce produit à leurs clients. Pour les deux tiers restants, soit elles ne mentionnent pas spécifiquement le LEP, mais prévoient un prix pour le transfert des « livrets et assimilés ». On peut donc imaginer que le LEP entre dans cette catégorie.
Soit elles n'indiquent aucun tarif relatif aux transferts de livrets. Auquel cas, elles n’ont pas le droit de les facturer, mais elles ne sont pas transparentes avec leurs clients en n’indiquant pas qu’il est possible de transférer un LEP. Enfin, dans une minorité des cas, ce service est effectué gratuitement par la banque.
Clôturer et réouvrir un autre LEP, une alternative possible
Alors, payer plus de 100 euros pour transférer un LEP d’une banque à une autre, est-ce démesuré ? C’est l’opinion d’Aurélien Soustre, membre du Comité consultatif du secteur financier (CCSF) : “Je trouve cette tarification exagérée, compte tenu de la population cible”, explique-t-il à MoneyVox. En revanche, pour La Banque Postale, “ces frais sont nécessaires au financement des charges de traitement de l'opération”.
Si vous n’êtes pas prêt à les payer, mais souhaitez changer l’établissement dans lequel il est domicilié, il ne vous reste plus qu’à le clôturer. Puis à en ouvrir un autre dans une banque distincte. Cependant, vous perdrez potentiellement les intérêts que vous avez capitalisés sur votre livret, au-delà de son plafond. Et vous perdrez également au moins une quinzaine d'intérêts, le temps que le nouveau LEP soit ouvert. Faites les comptes !