Je suis peut être naif mais je croyais encore qu'en France, un jour un actionnaire minoritaire serait aussi bien défendu qu'un groupe important soutenu par un gouvernement. Trop naîf!
Etonnante, étrange, décevante, et même un peu écoeurante. On rappelle les faits. Sacyr et ses alliés espagnols montent progressivement dans le capital d'Eiffage. Ils dépassent même, par une action concertée dissimulée, le tiers du capital d'Eiffage. Dés lors, la règle est claire. Il faut lancer une OPA en cash au prix des derniers achats soit plus de 120 euros. Seulement voilà. LEs marchés se retournent. Eiffage baisse. Et Sacyr s'écroule emporté par la crise immobilière espagnole. L'actionnaire minoritaire d'Eiffage lui garde espoir. Une régle est une règle. Elle s'applique à tous, aux petits comme aux grands. Mais c'est là qu'il se trompe.
La cour d'appel reconnait tout de même l'action de concert
C'est là qu'est tout l'art et la manière. Impossible de nier que les Espagnols ont dépassé le seuil fatifique du tiers du capital et doivent donc lancer une OPA. Mais on les sauve en invoquant un vice de forme qui tombe à pic. Sacyr et ses alliés sont donc libres comme l'air de vendre leurs actions à qui ils veulent.
Et c'est une mauvaise nouvelle pour les actionnaires minoritaires
Une de plus. L'actionnaire minoritaire qui a acheté ses Eiffage à 100 euros en pensant que les régles étaient les mêmes pour tous, s'aperçoit que ce n'est pas le cas. En finance, comme partout, il y a des traitements à deux vitesses. Nous sommes un beau pays où On peut avoir l'obligation légale de lancer une OPA mais en être exempté, où un président continue normalement à diriger sa banque alors qu'il a laissé s'envoler 5 milliards d'euros, où on tape sur les petits mais on laisse les gros impunis pour des délits d'initiés. Je me demande parfois si ce n'est pas Olivier Besancenot qui a raison en dénonçant un pays à deux vitesses.