Une croissance américaine anémique, (au bord de la récession selon les derniers indicateurs américains), des niveaux d'endettement abyssaux, la perte de confiance dans la solidité du secteur bancaire... un cocktail explosif qui fait plonger les marchés.
Et puis comme par magie, les marchés ont pris conscience que l'économie mondiale est chancelante, que ni les banques centrales, dont les marges de manoeuvre sont considérablement réduites avec leur taux plancher, ni les Etats, asphyxiés par leurs dettes, ne pouvaient les sortir de cette mauvaise passe.
Ils intègrent d'un coup ce portrait sombre que nous livrent les agences de notations, les grandes banques, et les indicateurs qui prennent le pouls de l'économie. Le mois d'aout aura pris à ce titre un tournant dramatique pour la finance mondiale, avec une chute de 13.5% sur le CAC 40 depuis le début du mois.
Mais pourquoi une prise de conscience aussi tardive ? Les marchés seraient-ils passés d'un excès de confiance à un excès de pessimisme ?
Alors que rien ne semble endiguer la spirale baissière dans laquelle les marchés financiers se sont engouffrés, la psychologie des marchés pourrait bien nous donner une grille de lecture pertinente. Car voila que l'on découvre que les investisseurs sont des êtres irrationnels et émotifs, passant de l'euphorie à la panique en un temps record, qu'ils peuvent traiter de façon biaisée l'information, et que leur perception du risque peut être erronée.
La crise des dettes souveraines européenne par exemple est une crise de confiance et prouve à elle seule l'irrationalité des marchés.
Entre nous, les fondamentaux économiques italiens se sont-ils à ce point détériorés en juillet pour qu'il ne se passe plus un jour sans que l'on évoque la contagion de la crise souveraine à l'Italie ? Non bien sur.
La confiance est une valeur rare, précieuse et indispensable au fonctionnement des marchés. Car si les marchés commencent à douter, de la solidité financière de l'Italie par exemple, une spirale infernale s'enclenche. Les investisseurs exigeront des taux d'intérêts plus élevés, ce qui alourdira de fait les intérêts de la dette. Le comportement moutonnier s'enclenche, ce qui n'était qu'une possibilité parmi d'autres devient réalité. Dans le jargon, on appelle ce phénomène une prophétie auto réalisatrice.
Les marchés sont volatils et sachez-le, excessifs, à la hausse, comme à la baisse. Ils peuvent faire chuter une valeur, alors que les investisseurs, pris individuellement, auraient acheté le titre. On en vient à des situations aberrantes où des titres se font massacrés sans qu'aucuns fondamentaux ne viennent justifier ce décrochage.
Toutefois, le marché peut avoir tort, mais il ne sert à rien, sinon à se casser les dents, d'être seul à avoir raison et d'aller contre le marché.
Le cas de Société Générale illustre les conséquences de la défiance des investisseurs quant à sa solidité. Cette perte de confiance lui a couté très chère : Elle plonge de 11% suite aux statistiques américaines, tandis que sa capitalisation a fondu de 40% depuis le début du mini-krach. (D'où l'intérêt de mettre en place des stress test crédibles sur le secteur bancaire, qui prévoient un défaut de payement d'un ou plusieurs pays).
Morale de l'histoire, ne jamais sous estimer la dimension psychologique des marchés, ni la puissance de la confiance. Et justement, il semblerait que les marchés aient perdu tout espoir à la suite des statistiques américaines qui ne font que confirmer ce que tout le monde sait déjà : la reprise économique outre atlantique s'essouffle. Paris plonge de 5.5%, à 3076 points. Les investisseurs se réfugient vers les actifs auxquels ils font encore confiance. Le rendement des titres de dette publique des Etats-Unis à 10 ans est passé jeudi sous le seuil des 2% du jamais vu. Idem pour le Bund qui atteint des records. L'aversion au risque domine alors que les investisseurs paniqués se ruent vers le marché obligataire, jugé plus sûr en pleine tourmente boursière. Quant à l'or, elle tutoie les 1820$.