Manitou, le fabricant de matériel de manutention destiné aux marchés de la construction, a fait récemment fait parler de lui. Gilbert Dupont s'est en effet penché sur le titre du groupe. Tout en restant acheteur du dossier, l'intermédiaire financier a réduit son cours cible de 19,5 à 18,1 euros. Cet ajustement de mire prend en compte la révision des prévisions du groupe après la publication du chiffre d'affaires du premier semestre. La baisse des prises de commandes (-7,6%) et du carnet de commandes (-18% par rapport au premier trimestre) avaient en effet conduit Manitou à opter pour certaine prudence sur ses objectifs annuels.
Pour l'année en cours, il n'y a pas lieu de paniquer, juste d'être prudent. La prestation semestrielle du groupe est honorable dans ce contexte difficile. Manitou a en effet publié chiffre d'affaires de 672 millions d'euros, en hausse de 20% par rapport à l'an dernier et s'est payé le luxe de dépasser le consensus de place, logé à 653,3 millions d'euros. Au deuxième trimestre, les facturations ont également connu une croissance à deux chiffres. Elles se sont établies à 357 millions d'euros, en hausse de 21%. En Amérique du Nord, l'activité a bénéficié d'un retour des loueurs, notamment dans les chariots télescopiques de marque Gehl. Par contraste, l'Europe souffre d'une conjoncture négative sur les marchés traditionnels du skidsteer (Europe du Sud en particulier).
Du côté du bilan, le fabricant de matériel de manutention affiche une situation financière des plus assainies. Cela n'a pas toujours été le cas, l'entreprise était fortement endettée, héritage de l'acquisition de l'américain Gehl à l'automne 2008 pour plus de 330 millions de doolars. La filiale américaine est passée à deux doigts d'être sous la protection du Chapter 11, soit la faillite. Depuis le groupe s'est serré la ceinture, les dettes représentent moins d'une fois l'EBITDA. Aussi, après avoir subi de plein fouet la dégradation de la conjoncture en 2009, Manitou a réalisé un exploit, celui de renouer avec les bénéfices l'an dernier. En 2011, pour un chiffre d'affaires de 1,13 milliard d'euros, en hausse de 35%, le numéro un mondial des chariots élévateurs a dégagé un résultat net de 36 millions d'euros, à comparer avec une perte de 17 millions en 2010. La société est revenue dans une période de bas de cycle. Le titre est ainsi redevenu attractif avec des bénéfices qui se paient de 12 fois pour 2012 après 32x en 2011. Quant au ratio VE/CA, ce dernier est attendu à 0,51x pour 2012 et 0,47x pour 2013. Les précédentes années en Bourse, ont été plus que rudes pour Manitou. Le 12 mars 2009, la valeur est même tombée sur un plancher historique à 3,48 euros sur fond de violentes purges sur la place parisienne. Soit 92% en-dessous de son zénith à 48,7 euros atteint en juillet 2007. Entre en mars et août le titre a vu son cours multiplié par 4 grâce l'accord de refinancement trouvé par la filiale américaine en difficultés Gehl. Depuis, le début de l'année, Manitou s'adjuge 17,38% malgré la méforme qu'à connu le titre ces derniers mois. En mars dernier, l'action Manitou avait même campé à proximité de 20 euros pour revenir sur les 13 euros actuellement.