Le jeu de mot était facile, mais il décrit la bonne forme du numéro un de la sidérurgie affichée à l'issue de son deuxième trimestre. ArcelorMittal a fait état mercredi de comptes trimestriels meilleurs qu'attendu et fait part d'un net repli de son endettement, profitant d'une une plus-value de cession d'un actif aux Etats-Unis. Le sidérurgiste prévient tout de même que les conditions climatiques sur le front économique devraient rester difficiles au second semestre.
Le bénéfice net d'ArcelorMittal est proche du milliard de dollars au deuxième trimestre à 959 millions de dollars déjouant largement les pronostics des analystes, qui pour leur part s'attendaient à un profit net de 591 millions de dollars. Mais en rythme annuel, la lecture est différente, le bénéfice s'est inscrit en baisse d'environ 37%, le groupe ayant dégagé un profit de 1,535 milliards de dollars au deuxième trimestre 2011.
ArcelorMitttal a dégagé sur le deuxième trimestre 2012 un résultat brut d'exploitation de 2,45 milliards de dollars. Il bat lui aussi le consensus qui était logé à 2,18 milliards de dollars, mais comme pour le bénéfice net, reste tout de même en dessous de celui établi au deuxième trimestre 2011 à 3,41 milliards de dollars.
Ce chiffre prend en compte une plus-value de cession de 339 millions de dollars liée à la vente d'un actif aux Etats-Unis, somme qui a en partie servi à ramener l'endettement net du groupe, à 22 milliards de dollars au 30 juin.
Quant au chiffre d'affaires, il est également légèrement inférieur au consensus de 22,97 milliards de dollars à 22,48 milliards de dollars. En rythme annuel, les facturations du groupe s'inscrivent aussi en baisse, de 10,5% après 25,12 milliards de dollars au deuxième trimestre 2011.
Pas d'amélioration au second semestre
Le premier sidérurgiste mondial a indiqué qu'il avait vendu moins d'acier au deuxième trimestre qu'au premier, mais à des prix plus élevés à la faveur d'une hausse des volumes de minerais de fer. Sur le premier semestre, ArcelorMittal a concédé que les conditions de marché avaient été bien compliquées que prévu et qu'il ne prévoyait pas d'amélioration notable au second semestre, surtout en Europe. Le Vieux Continent reste la " principale préoccupation " du groupe et " la gravité de la situation se reflète dans les performances " des unités européennes d'ArcelorMittal. " Nous allons continuer à nous focaliser pendant le reste de l'année sur la poursuite de l'amélioration de la compétitivité et sur la réduction de la dette ", a déclaré Lakshmi Mittal, directeur général du groupe.
La société ne s'est pas livré à donner des prévisions chiffrées, mais a déclaré que les livraisons d'acier du second semestre seraient inférieures à celle du premier semestre, avec des profits à la tonne du même ordre. Les livraisons d'acier restent attendues en hausse de 10% sur l'ensemble de l'année. Le résultat brut d'exploitation par tonne pour le second semestre devrait être semblable à celui du premier semestre, c'est-à-dire peu ou prou 4,42 milliards de dollars. ArcelorMittal mise notamment de la bonne tenue du secteur de l'acier en Amérique du Nord, qui compense la chute de la demande en Europe. Au niveau mondial, le groupe prévoit une hausse de la demande d'acier de l'ordre de 4% pour cette année, contre 6.5% en 2011. Les Etats-Unis comptant pour près de 20% de son chiffre d'affaires, le numéro un mondial de la sidérurgique s'attend à une demande d'acier en hausse de 6,5% contre une chute de 2% environ en Europe.
Un dossier à la casse ?
Sur le plan fondamental, avec un ratio valeur entreprise sur chiffre d'affaires inférieur à 0,5, l'entreprise semble peu cher payée. Même du côté des indicateurs de bénéfices, le dossier reste bradé. Le PER ressort à 11,3x les bénéfices estimés pour 2013 et tombe à 6,12x pour 2013, soit parmi les plus faibles de la cote. Les cours s'inscrivent en effet dans une tendance baissière depuis février 2012. Depuis le début de l'année, l'action a concédé 15% de sa valeur et la près de la moitié sur un an. Actuellement, les cours sont à leurs niveaux de juillet 2004 à sur les 12 euros mais encore bien loin des 1,50 euro de févier 2002. Le dossier en Bourse devra attendre que la conjoncture soit au beau fixe en Europe et dès lors, le cours d'ArcelorMittal pourrait retrouver ses niveaux connus avant l'été 2011, sur le 20 euros. Mais il ne faut pas espérer voir ArcelorMittal revenir de sitôt aux encablures des 70 euros de l'été 2008.