Vincent Bolloré a peut être échoué dans son projet de créer un géant mondial de la communication, en ne parvenant pas à rapprocher le britannique Aegis (AGS.LN) du français Havas (HAV.FR), mais l'homme d'affaires breton confirme son statut de baron de la bourse, en réussissant un coup de maître.
Plus précisément, Dentsu paiera 240 pence par action Aegis, ce qui représente presque le double des quelque 125 pence par action réglés par Bolloré pour entrer au capital. Une plus value de 50% qui devrait lui rapporter environ 915 millions d'euros, et générerait une plus-value de près de 450 millions d'euros.
Une impressionnante plus-value à partir d'un investissement qualifié de stratégique, qu'il avait personnellement suivi. Car l'Homme d'affaires n'est pas seulement en quête de profit pour le profit, c'est aussi un investisseur qui réfléchit en terme de stratégie de développement.
Pour mémoire, après un début de carrière à la banque Rothschild, il prit les rênes de la papèterie familiale, alors au bord du dépôt de bilan qui fabrique notamment du papier à cigarettes OCB, en 1981. Au fil des années 80, le Groupe Bolloré parvient par le biais de diverses sociétés tels que " la Saga ", une société de transport maritime, à occuper une place prédominante en Afrique de l'Ouest en contrôlant notamment différents ports, chemins de fer ou encore plantations de palmiers.
Tout ce qu'il touche ou presque se transforma en or. En enchaînant des " coups " boursiers et des investissements d'envergure, il parvient à prendre des participations dans de nombreuses entreprises mais également à dégager d'importantes plus-values.
En 1991, Vincent Bolloré réalise par exemple son plus gros " coup ", qui lui permettra par la suite de s'imposer comme une figure importante de l'industrie française, en rachetant l'entreprise Delmas-Vieljeux. Il s'est illustré également en entrant en 1997, au capital de Bouygues SA et réalisera une plus value de 222 millions d'euros en revendant ses parts à François Pinault. Deux ans plus tard, en 1999, il réalisa une plus-value de 137 millions d'euros en revendant ses parts détenus dans le Groupe Pathé à Vivendi Universal, puis un autre coup boursier qui lui rapportera 290 millions d'euros en cédant Rue Impériale à la CNCA- Caisse Nationale du Crédit Agricole).Entré en 2005 au capital de Vallourec l'Homme d'affaire sortira 6 ans plus tard, s'offrant au passage une plus-value de 2 milliards d'euros en revendant au fil de l'eau ses participations.
Les années 2000 marque le début de son intérêt pour les médias et la communication. Il lança notamment la chaîne de télévision Direct 8 et des quotidiens gratuits qui ont fait leur preuve, comme Direct soir et Matin plus. Son groupe détient encore aujourd'hui la totalité du capital de l'institut de sondages CSA. Il siège au Conseil d'Administration de l'Institut de mesure de l'audience télévisuelle française, Médiamétrie.
En 2004, il entre à hauteur de 20% du capital d'Havas, puis à hauteur de 25% dans Aegis, une société britannique d'achat d'espaces publicitaires.Lorsque Bolloré est entré au capital d'Havas, la société était alors en mauvaise posture. Criblée de dettes, elle perdait des clients. Sous la direction de Bolloré, l'entreprise s'est restructurée et a renouvelé sa direction, ce qui lui a permis de regagner la confiance de ses clients. Il détient encore aujourd'hui 33% du capital.
Mais les projets ne s'arrêtent pas la. Désormais toute l'attention de Bolloré se cristallise autour de Vivendi (VIV.FR), dont il s'apprête à devenir le premier actionnaire avec environ 5% du capital. Son groupe a en effet accepté de revendre les chaînes de la TNT Direct 8 et Direct Star à Canal + (AN.FR) en échange d'actions Vivendi, la maison mère de la chaine payante.
Quant à Havas, les analystes soulignent qu'en dépit de sa bonne santé financière, le groupe qui a réalisé un chiffre d'affaires de 1,7 milliards d'euros sur l'exercice 2011, pourrait se retrouver marginalisé dans un secteur centralisé car de plus en plus dominé par les poids lourds de la communication .