Dell pourrait faire l'objet d'un retrait de la cote mais surtout d'un rachat par LBO, ou Leverage Buy out, c'est-à-dire un rachat en ayant recours au levier de l'endettement. Et c'est Bloomberg qui spécule sur cette possibilité. Mais si ce LBO venait à se confirmer, il sortirait de sa torpeur un marché du capital-investissement complètement sclérosé depuis la crise de 2008. Fin 2010, les discussions pour un LBO sur le fabricant de disques durs Seagate avaient échoué, faute d'accord sur le prix. Le montant évoqué est pour la valorisation de Dell est de19 milliards de dollars malgré un cours de Bourse qui a fondu de 30% rien que sur l'année 2012. Un montant inédit depuis 2007, selon Bloomberg.
Mais pour Dell, ce LBO prendrait la forme d'un MBO, (Management Buy-Out), Le principe est exactement le même à la différence près que c'est le dirigeant qui s'active au rachat de sa propre entreprise. Michael Dell, fondateur et directeur général du groupe éponyme, souhaite en effet participer au rachat de son entreprise, dont il détient 14% du capital. Ce MBO va permettre à Dell de sortir par le tapis rouge alors que le groupe américain tout comme les autres constructeurs de PC que sont Hewlett-Packard et le chinois Lenovo, est confronté à la dure concurrence des tablettes. L'idée d'un retrait de la cote n'est pas nouvelle, Michael Dell avait déjà réfléchi à sortir sa société de la Bourse en 2010, déjà bien asphyxié par la concurrence féroce des tablettes tactiles.
En France, une des opérations de LBO qui le plus marqué ces dix dernières années est bien celle de PagesJaunes. Certains observateurs qualifient cette opération de mauvais cas d'école. Et pour cause... Mais avant d'étendre plus sur ce dérapage, revenons aux conditions du rachat. En 2006, France Telecom avait vendu ses 54% dans PagesJaunes à KKR et Goldman Sachs. Mais, les bases de l'opération n'étaient pas des plus saines, pour une valeur entreprise de 6,1 milliards d'euros, la dette représentait 10 fois l'Ebitda. . Les dividendes de la cible sont censés rembourser la dette contractée par la holding de reprise, en l'occurrence KKR Mais ce montage financier ne s'est pas déroulé comme prévu, le groupe tarde à compenser le déclin de son activité d'annuaires imprimés par l'essor de son activité Internet. Et le cours du titre avec, le dossier est passé de 7 euros en juin 2011 à 1,87 euros à la fin 2012 avec un plus bas historique inscrit à 1,24 euro en fin juillet 2012. La valorisation de PagesJaunes en Bourse a fondu comme neige au soleil alors que la suppression du coupon, l'an dernier, a accéléré le courant vendeur. PagesJaunes était une des valeurs les plus prisées de la place parisienne pour son copieux rendement. Cet atout en moins a éloigné les opérateurs du titre... Il n'y a pas que les actionnaires qui ont pleuré le dividende, cette absence de coupon a définitivement condamné le montage de LBO. Le holding d'acquisition ne pouvait plus compter sur la remontée de dividendes de PagesJaunes pour rembourser la dette... Alors pour enrayer l'hémorragie, PagesJaunes a obtenu fin 2012 un accord pour proroger jusqu'en septembre 2015 plus de 91% des dettes venant à échéance en novembre 2013....Si PagesJaunes a réussi repousser son mur de la dette, le groupe n'en est pas tiré pour autant tant le chantier pour rétablir une situation financière assainie est encore dantesque. Il n'y a pas que les équilibres financiers qui ont été ébranlés, la confiance du petit porteur aussi...