L'action Lafuma est suspendue depuis ce matin à la Bourse de Paris à la demande de la société, après l'annonce d'un projet d'OPA lancé par l'actionnaire suisse, Calida, du spécialiste français des équipements sportifs.
Calida assure dans son communiqué ne pas souhaiter retirer Lafuma de la cote mais aider le groupe à réaliser sa transformation.
Le groupe est dans une situation difficile. Il a récemment publié un chiffre d'affaires neuf mois en baisse de plus de 11%. Compte tenu du carnet de commandes pour les collections Automne-Hiver 2013, le recul actuel du chiffre d'affaires devrait se poursuivre au quatrième trimestre de l'exercice ainsi qu'au cours du dernier trimestre de l'année civile, avait précisé le groupe. Ce recul " affectera significativement le résultat opérationnel courant du groupe sur l'exercice 2012-13 ".
Étant spécialisé dans les loisirs, Lafuma n'a pas été épargnée par la crise auprès des ménages. Des craintes qui ont amené les consommateurs à privilégier les dépenses les plus essentielles au détriment des loisirs. Ce qui a fortement impacté le chiffre d'affaires et fait basculer les comptes dans le rouge dès 2008 et précipité la chute du titre ces cinq dernières années.
L'année 2008 marqua en effet la fin de la " success story " Lafuma. C'est qu'en une vingtaine d'années, le groupe piloté par Philippe Joffard avait racheté une quinzaine de sociétés, faisant de son savoir-faire en matière de croissance externe l'une de ses marques de fabrique. Philippe Joffrard n'est pas inconnu chez Lafuma. Il est tout bonnement le petit-fils d'un des fondateurs d'un groupe qui était en pleine déroute après un dépôt de bilan à la fin des années 1980.
En 1986, précisément, l'ancien journaliste économique a remis sur rails la société familiale à seulement 29 ans. En 1994, Lafuma avait racheté la société Millet, qui était en redressement judiciaire. Cette emplette avait différé l'introduction en bourse de Lafuma prévue en décembre 1994. C'est donc quelques années plus tard, en mai 1997, que Lafuma fait son apparition sur le Second Marché au prix de 197 francs soit 30 euros. Le titre a culminé sur les 70 euros en 2006 jusqu'à toucher un plus haut historique à 77 euros fin avril 2006. Les investisseurs avaient salué la triple diversification : dans les marques cinq aujourd'hui), dans les produits (cinq grandes familles), et dans les pays. Mais cette dynamique a été interrompue dès 2008 alors que le groupe annonçait une baisse de ses résultats au premier semestre (clos en mars) de son exercice 2007-2008, avec une perte nette de 0,7 million d'euros contre un bénéfice de 1,6 million d'euros un an plus tôt. Cette perte de vitesse a été en sanctionné en Bourse.
L'action Lafuma a en effet perdu 92% de sa valeur quasiment en ligne droite entre son zénith observé en avril 2006 à 76,95 euros et son plus bas historique à 5,8 euros touché fin février 2009. Le groupe aurait pu être sauvé par E-Land un conglomérat sud-coréen lui faisait du pied en vue d'un rachat en septembre 2012. Mais quelques mois plus tard en novembre 2012, le spécialiste des équipements de sport et de loisirs a mis un terme aux discussions en vue de son rachat par E-Land. Le groupe tricolore refuse donc les avances du conglomérat sud-coréen, " les discussions très préliminaires menées avec E-Land, à la suite de sa manifestation d'intérêt, n'ont pas révélé de synergies suffisantes pour faire évoluer la stratégie de développement notamment à l'international, et le capital de Lafuma ".