L’amélioration du pouvoir d’achat des ménages français a été fortement favorable aux placements sécurisés, notamment au livret d’épargne le plus courant du pays. Ce dernier a en effet enregistré des résultats prometteurs pendant plusieurs mois d’affilée. Un succès qui semble s’être estompé en juin dernier lorsque la collecte nette de ce placement bicentenaire est descendue à plus de la moitié de celle de mai.
Près d’un demi-milliard d’euros, c’est l’épargne nette réalisée par les détenteurs du livret A au mois de juin dernier, après déduction des retraits, à en croire les données communiquées tout récemment par la Caisse des Dépôts et Consignations. Un résultat qui met le placement sur une pente descendante, en contradiction à la tendance à laquelle il a été axé depuis le mois de janvier.
Cette modération semble s’expliquer par un relâchement global des ménages dans leur course à l’épargne. Pour rappel, le début de l’année a été marqué par un fort engouement, résultant d’un contexte socioéconomique mondial incertain et d’une capacité de thésaurisation élevée.
Depuis juillet, l’atmosphère s’annonce plus légère, période de vacances oblige. En cela s’ajoutent les débuts d’optimisme vis-à-vis de la conjoncture. Aussi, le comportement de la masse tend-il à la consommation.
Un rythme variant selon les différentes périodes de l’année
L’observation des tendances de l’épargne au cours des dernières années mène à dire que le début de l’année est toujours propice à la constitution de capital tandis que la période estivale, suivie celle de la rentrée est plus favorable à la consommation. C’est ce qui est encore constaté cette année quoique l’affluence ait été bien plus considérable durant les premiers mois de 2019.
Et pour cause, le pouvoir d’achat des ménages a subi une nette amélioration depuis fin 2018, et ce, grâce aux nombreuses mesures gouvernementales visant à répondre aux soulèvements populaires menés par les Gilets jaunes qui pointaient du doigt l’amenuisement du portefeuille de la masse. Ainsi, parmi les coups de pouce de l’État se trouvent :
- Des distributions de primes exceptionnelles ;
- Une défiscalisation de ces gratifications ;
- Une exonération d’impôt des heures supplémentaires ;
- Un versement anticipé de réductions fiscales.
Outre cela, l’incertitude économique et sociale dans laquelle évolue la population a incité plus d’un à renforcer leur bas de laine afin d’anticiper les menaces qui semblent planer au-dessus d’eux, plutôt que de dépenser leur argent. Les propos de Philippe Crevel, se trouvant à la tête du Cercle de l’épargne, confirment cette tendance :
Le climat économique anxiogène a contribué au report de dépenses en biens durables nécessitant de puiser dans l'épargne.
Philippe Crevel
Un dynamisme qui s’est aujourd’hui modéré principalement pour la raison susmentionnée, mais ce comportement peut également s’expliquer par une reprise de confiance des ménages en leur finance. Comme l’explique l’économiste :
La proximité des vacances qui s'accompagnent de dépenses importantes ainsi que la nécessité d'effectuer des achats reportés depuis plusieurs mois expliquent ce changement de rythme […] La fin de la crise des gilets jaunes et l’optimisation du pouvoir d'achat expliquent également ce petit regain d'optimisme rendant moins nécessaire le renforcement de l'épargne de précaution.
Le premier semestre a baissé le rideau avec une baisse
Les livrets réglementés ont pleinement profité du dynamisme d’épargne des Français en début de l’année. Le livret A, en l’occurrence y a trouvé son compte, et ce, en dépit de son faible rendement qui, une fois l’inflation déduite, se retrouve même au-dessous de zéro. À titre d’indication, le taux de ce produit n’a jamais été aussi bas, à 0,75%, en deux siècles d’existence alors qu’il est censé protéger ses détenteurs de la hausse du coût de la vie.
Pour autant, il n’en est pas moins attrayant aux yeux des épargnants, dont la majorité privilégie la sécurité de leurs fonds. C’est ainsi que ce livret bicentenaire est arrivé à frôler les 11,6 milliards d’euros pour sa collecte nette au premier semestre de 2019 alors qu’il n’a récolté que près de 9 milliards au T1-2018.
Les mois de février, mars et avril ont été particulièrement fastes, car les résultats mensuels se rapprochaient des deux milliards d’euros. Mai a continué de garder le cap avec 1,2 milliard engrangés. Le recul a été pour le moins tangible à la fin du semestre. En effet, la Caisse des Dépôts a relevé une baisse de 690 millions d’euros au 30 juin dernier, à raison d’une collecte nette de 510 millions.
Et il en était de même pour le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) dont la rémunération est axée à celle du livret A. De fait, après des exploits inouïs au début de l’année, il a clôturé le mois de juin avec une baisse de 270 millions d’euros par rapport au mois précédent (120 millions contre 390 millions en mai).
Quoi qu’il en soit, les deux supports peuvent toujours se targuer d’avoir une place importante dans l’univers de l’épargne. Une position qui semble d’ailleurs plus renforcée si l’on se réfère aux chiffres de 2018, sur la même période.
En effet, à eux deux, leur collecte nette s’élevait à 630 millions d’euros en juin alors que le même mois s’est terminé avec 110 millions de moins l’année dernière, à 520 millions. De même, la somme collectée s’établissait à hauteur de 14,4 milliards d’euros entre janvier et juin contre 10,8 milliards au T1-2018.