Le livret réglementé le plus courant en France a une nouvelle fois prouvé, à travers ses résultats florissants de 2018, qu’il a toute sa place sur le marché de l’épargne. Une manière aussi de montrer que la faible rémunération, à l’heure où l’inflation reprend son galop, n’a pas eu raison de ce placement.
Avec un niveau de rendement plancher à 0,75%, qui n’a pas été révisé à la hausse depuis août 2015 en dépit de la remontée des prix à la consommation, le livret A aurait pu dégringoler dans le classement des placements les plus choyés par les Français. Son bilan annuel n’a pourtant pas suivi cette logique. Au contraire, 2018 a été une année faste pour cette solution d’épargne bicentenaire.
Et pour cause, elle a su tourner en sa faveur les divers contextes qui devaient, de prime abord, la pénaliser notamment les incertitudes liées à la situation politico-économique actuellement instable. Le fait est que si son rendement réel est mathématiquement négatif, les épargnants doivent relativiser sa performance en tenant compte de ses atouts par rapport aux autres supports financiers.
Un dynamisme notable sur presque toute l’année
Deux siècles d’existence se fêtent. Et pour le livret A, cet anniversaire est à marquer sur une pierre blanche. En effet, il a clôturé 2018 avec une collecte annuelle de 10,08 milliards d’euros. Un brin en dessous de l’année précédente, à 10,24 milliards d’euros, alors que son rendement s’est retrouvé sous la barre de zéro à cause de l’inflation qui est remonté à 1,8% sous l’influence de l’évolution du cours du pétrole.
À noter que les détenteurs de ce livret n’ont jamais rencontré cette fâcheuse situation au cours des trois dernières décennies. S’ajoutant à cela, le gel, jusqu’en 2020, du taux qui est déjà à un niveau historiquement bas (0,75%). Quoi qu’il en soit, les distributeurs ont quand même versé plus d’intérêts capitalisés en fin 2018 par rapport à 2017 : 2,02 milliards d’euros contre 1,94 milliard d’euros. Et son encours est estimé à 283,8 milliards d’euros, un seuil non atteint depuis 2009.
Force est toutefois de constater que tout au long de l’année, les chiffres ont connu des hauts et des bas. Si les recettes ont été fructueuses durant les huit premiers mois, le dynamisme s’est estompé à la période de rentrée (septembre et octobre) pour reprendre à nouveau, mais modérément. Ainsi, 670 millions d’euros ont été collectés en novembre, puis 540 millions en décembre.
Une résilience inébranlable en dépit des circonstances
La situation socio-économique instable du pays a été plutôt favorable pour le livret A. Il faut dire que les ménages, inquiets des éventuels coups durs, se ruent vers les placements de précaution. Et la remontée des prix à la consommation, au lieu de les freiner, les incite en revanche à mettre davantage d’argent de côté.
Cet engouement s’explique par leur besoin de trouver des solutions pour affronter les dépenses à venir qui promettent d’être plus élevées, ou encore pour combler la perte certaine dans leur trésorerie. C’est la raison pour laquelle le taux d’épargne des ménages s’est élevé à 15,6% du revenu disponible brut au troisième trimestre de 2018.
Cette situation contradictoire prouve que le rendement réel d’un placement est relatif. En effet, avant de conclure que celui-ci est rentable ou non, l’on doit tenir compte de la durée de l’investissement et du processus d’accumulation des intérêts. À savoir, ces derniers génèrent également des profits, outre les fonds versés au départ.
Par ailleurs, la comparaison des atouts du produit par rapport à ses congénères est de mise. Pour ce faire, les risques à encourir et la disponibilité des fonds sont à considérer. En ce sens, il convient de préciser que le livret A détient un trépied gagnant, qui n’est autre que la sécurité, la liquidité et la défiscalisation. De précieux avantages qui lui valent l’attirance des épargnants.
