Après deux siècles d’existence sur le marché de l’épargne, le livret A attire toujours autant. Cette attraction semble quelque peu contradictoire, au vu de la situation actuelle. En effet, le taux d’intérêt du placement est aujourd’hui à son plus bas niveau. Sauf que d’un autre côté, il continue de rassurer les épargnants par la garantie de capital qu’il offre surtout à l’heure actuelle où le climat est à l’incertitude.
0,75%, c’est le rendement annuel du livret réglementé le plus courant de la France depuis 2015. Alors que son calcul doit être axé à la hausse des prix à la consommation, il se trouve actuellement à un niveau largement inférieur. Ce qui impacte inévitablement sur le pouvoir d’achat des épargnants.
Mais contre toute attente, le livret A demeure en première position dans le classement des produits d’épargne préférés de la masse. Pour preuve, les fonds versés au cours de l’année dernière s’élevaient à des milliards d’euros, ramenant à des dépôts totaux de près de 400 milliards d’euros (ceux du Livret de développement durable et solidaire inclus) au 31 décembre 2018.
Cette tendance, il le doit à son caractère sécurisé, à sa fiscalité avantageuse, mais surtout à sa totale liquidité.
Un taux qui devra se maintenir à 0,75%
Les détenteurs du livret A n’ont jamais eu à se confronter à une pareille situation au cours des trois dernières décennies : une rémunération à son niveau plancher, à 0,75%, qui plus est gelé jusqu’en 2020 par l’exécutif alors que l’inflation a progressé de 1,8% au novembre 2018. D’après le directeur du Cercle de l’épargne, Philippe Crevel :
« Pour la première fois depuis trente-cinq ans, le taux réel du Livret A est négatif ».
Philippe Crevel
Or, il va sans dire que le pouvoir d’achat des épargnants est fortement pénalisé si l’argent qu’ils ont mis de côté génère moins de profits par rapport à l’inflation. De plus, il est à noter que le livret réglementé en question devrait préserver les ménages des éventuelles remontées des coûts de biens et services. De fait, le taux de celui-ci devait être calculé en fonction de l’évolution de ces dernières, ainsi que celle des taux des marchés financiers.
Ce qui n’a pas été commode pour les autorités publiques, d’autant qu’elles ont aussi à tenir compte des intérêts de tout un chacun (épargnants, distributeurs et le logement social qui est financé par le livret A). Sans oublier la conjoncture économique qui a poussé les banques centrales européennes à instaurer une politique de taux bas dans tous les pays membres.
Ainsi, les revendications de l’association CLCV en fin décembre dernier, sur la révision de la formule servant à calculer le taux de ce produit bicentenaire n’ont porté aucun fruit. La décision gouvernementale étant irrévocable pour les raisons susmentionnées.
Un livret qui bon gré mal gré maintient son niveau d’attractivité
En dépit de son faible taux d’intérêt, le livret A intéresse toujours les Français, notamment les particuliers. Pour preuve, le dernier rapport de l’OER (Observatoire de l’épargne réglementée) a révélé l’existence de 55 millions de comptes ouverts par des personnes physiques. Philippe Crevel, de son côté, estime que :
« Cela n’a pas empêché les épargnants de placer beaucoup d’épargne sur ce produit. On voit bien, donc, que ce n’est pas le rendement qui est recherché, mais la sécurité ».
Philippe Crevel
Et il se trouve que le produit offre trois avantages importants en adéquation à ce besoin : la disponibilité des fonds, la garantie du capital et l’exonération d’impôts des intérêts. Un trépied gagnant dans l’environnement incertain où évolue actuellement l’économie mondiale (les effets du Brexit, les conflits commerciaux des USA et de la Chine, les tensions politiques en Italie, etc.).
À cet effet, le livret A se maintient à son apogée avec une collecte nette de 10,08 milliards d’euros en 2018. Des résultats quasi stables par rapport à ceux de l’année précédente, à en croire la comparaison de la Caisse des Dépôts. À noter que les fonds déposés dans ce support s’élevaient à 283 milliards d’euros en fin décembre. Son congénère LDDS, quant à lui, détenait quelque 108 milliards d’euros.