La population française a vu sa capacité de consommation s’accroitre nettement depuis le début de l’année. Loin de dépenser, les ménages sont plutôt enclins à économiser, en optant toujours pour la thésaurisation comme ils l’ont toujours fait. Ce comportement d’épargne profite surtout aux produits réglementés, notamment le livret A qui continue de confirmer historiquement sa position sur le marché.
Parmi les plus pénalisés par le maintien des taux de marchés à un niveau plancher pour soutenir la croissance économique, le livret A, censé de préserver les avoirs des Français contre la hausse du coût de la vie, n’arrive plus à accomplir sa mission primordiale ces dernières années.
Pour autant, cette lacune ne semble pas avoir terni l’affection que portent les épargnants pour ce placement bicentenaire à capital garanti, défiscalisé et liquide. Il se trouve en effet que ces trois atouts sont priorisés par la masse à caractère précautionneux. Son encours record à fin 2018 et sa cinquantaine de millions de détenteurs le prouvent assez.
Une popularité qui semble pourtant manquer à celui qui devrait en être qualifié en raison de son appellation : le livret d’épargne populaire (LEP) alors que ce dernier rapporte davantage.
Une appétence inchangée pour les produits à capital garanti
Avec une hausse de 2,5% par rapport à l’année précédente, les fonds placés dans les produits réglementés par l’État s’élevaient à fin 2018 à hauteur de 751 milliards d’euros. Un dépassement d’un seuil symbolique qui a été communiqué par la Banque de France lors de la publication de son Observatoire de l’épargne réglementée jeudi 4 juillet dernier.
Cette révélation est la preuve que le livret épargne encadré par le pouvoir public a toujours la cote dans le pays. Il représente même 15% du patrimoine financier des Français. Cela veut également dire que ces derniers ont une grande appétence pour la thésaurisation, préférant renforcer leur bas de laine qui se chiffre d’ailleurs actuellement à 5 002 milliards d’euros.
Plutôt que de consommer le surplus qu’ils ont gagné en pouvoir d’achat (+2% environ par habitant) grâce à de nombreuses mesures gouvernementales appliquées en début de l’année.
Parmi les placements réglementés, un seul semble toutefois ne pas avoir trouvé son compte dans cette situation : le LEP. Ce qui est quelque peu contradictoire étant donné que le rendement net d’impôts de ce livret figure quand même parmi les plus élevés, à 1,25%.
Toujours est-il que sa notoriété reste encore faible avec une part de marché ne dépassant pas les 6% et un encours estimé à 43,3 milliards d’euros si les autres placent leur barre nettement plus haut.
À savoir, sa mise en avant par le gouvernement ne l’a pas empêché d’enregistrer un décompte de 260 000 livrets. Ce désintérêt s’expliquant principalement par les procédures administratives contraignantes qu’impose ce produit, telles que des critères d’éligibilité à vérifier annuellement. À l’OER d’expliquer :
En dépit de sa rémunération avantageuse, le LEP semble effectivement peu connu, ou peu prisé, des personnes physiques […] la démarche actuelle reposant sur la mise à disposition de leur avis d'imposition trouvant ses limites.
Le livret A s’en sort, comme d’habitude, gagnant
Le livret A, par contre, défend efficacement sa part de marché avec un encours record s’élevant à 264 milliards d’euros. À préciser que depuis deux ans, plus de huit particuliers sur dix (82%) en détiennent un. Ce qui ramène aussi le nombre des livrets ouverts à 55 millions au 31 décembre 2018. Certes, il y a bien quelques clôtures de compte, mais le bilan demeure quand même quasi stable. Selon l’Observatoire :
Avec 180.000 unités en moins, la baisse du nombre de livrets A est très faible (- 0,2%).
Par ailleurs, les épargnants y ont déposé plus d’argent qu’ils n’en ont retiré durant deux années consécutives, et ce, en dépit de son taux historiquement bas, à 0,75%, qui n’a pas été révisé depuis presque 4 ans alors que celui-ci aurait dû être axé à l’évolution de l’inflation. En effet, 2018 a connu une hausse de la collecte nette de 11 milliards d’euros si cette majoration était de 8 milliards en 2017.
Avec ses 107 milliards d’euros d’encours au minimum, le livret de développement durable et solidaire (LDDS) n’est pas pour rien dans cette affluence étant donné que les fonds qui y sont déposés se sont également accrus de 3 milliards d’euros en un an. À savoir, sa rémunération est semblable à celle de son congénère suscité. Au secrétaire général de l’OER, Emmanuel Charron, de souligner :
Malgré une rémunération nette d'inflation négative, en moyenne, en 2018, le Livret A reste attractif du fait de ses avantages en matière de liquidité, de garantie des dépôts et de fiscalité.
Emmanuel Charron