Avec le retour de l’inflation, le niveau de rendement du Livret A se trouve actuellement à un niveau historiquement bas de 0,75%, alors que le niveau de l’inflation, qui est nettement plus haut par rapport à son rythme annuel, devrait théoriquement rendre le taux du Livret A à 1%. Une situation engendrée par l’instauration d’un nouveau mode de calcul.
Le Livret A est la formule d’épargne préférée des Français, une opération de placement réglementée par l’État, totalement défiscalisée et dont les fonds sont disponibles à tout moment.
Depuis le 1er février 2008, Le taux de rémunération de ce produit est normalement calculée selon une formule mathématique précise, notamment par la somme de l’inflation et de la moyenne mensuelle du taux EURIBOR 3 mois et EONIA, le tout divisé par deux, avec un seuil minimum qui est égal à l’inflation majorée de 0.25%. L’ajustement des taux peut avoir lieu 2 fois par an, à chaque semestre, au 1er février et au 1er Août.
Actuellement, la formule utilisée pour calculer le taux de Livret A n’est pas suivie par le gouvernement. En effet, depuis le 1er août 2015 jusqu’à aujourd’hui, le taux du Livret A est de 0,75%, et avec l’inflation annuelle qui redémarre, le taux de rendement du Livret A de 0,75% devrait être revalorisée à 1%. Cependant, le gouvernement a maintenu le taux actuel jusqu’en août 2017, en instaurant un nouveau mode de calcul qui s’appliquera en juillet 2017. Une situation qui pousse les épargnants à être prudent.
Le redémarrage de l’inflation, une vraie surprise
Il avait été prévu que, cette fois, la révision annuelle se déroulant au 1er février n’interviendrait pas et que le taux actuel de 0,75% serait maintenu, notamment pour ne pas bousculer les habitudes.
En revanche, le réveil de l’inflation n’a pas été prévu, alors que cette dernière a atteint 0,6% en décembre comparé à son niveau en décembre 2015.
D’après le directeur du Cercle de l’Épargne,
Si l'ancienne formule avait continué de jouer, compte tenu de ces 0,6%, plus le 0,25% supplémentaire, le taux s'établissait à 0,85%, ce qui aurait conduit à 1% compte tenu des arrondis habituels.
Un nouveau mode de calcul du taux de Livret A
La nouvelle formule est assez compliquée. Son mode d’indexation tient compte, d’une part, de la hausse des prix en France, et d’autre part, des taux d’intérêt à court terme des marchés qui sont déterminés par la BCE.
Désormais, l’inflation qui est prise en compte pour le calcul se limitera aux six derniers mois, contre les 12 mois actuellement.
D’ailleurs, les épargnants n’auront plus la garantie de majoration de 0,25%, comme le cas actuel.
Les objectifs du gouvernement
L’instauration de ce nouveau mode de calcul a été effectuée pour faire en sorte que l’épargne réglementée française, notamment le Livret A, soit moins déconnectée que les taux d’intérêt de la BCE et de la politique monétaire européenne.
D’après les banques centrales, l’épargne totalement liquide, sans risque et défiscalisée ne doit pas être plus rémunérée que les taux directeurs de la BCE. Cette situation va à l’encontre des efforts de relance économique, la stratégie de la BCE depuis longtemps.
Le ministre des Finances Michel Sapin a d’ailleurs expliqué que cette nouvelle formule vise
À concilier trois objectifs, maintenir une rémunération attractive pour les épargnants, préserver la qualité du logement social, rendre plus prévisible et lisser l'évolution du taux du livret A.
Michel Sapin
Le but est également de garantir aux épargnants un niveau de rémunération qui demeure, à tout moment, supérieur au taux d’inflation.
En outre, la politique accommodante de la BCE maintiendra les taux très bas de marché en 2017, notamment pour faire remonter l’inflation dans la zone euro. De ce fait, le taux de Livret A devra faire un grand écart avec les taux de marché. Un écart qui coûte cher à la Caisse des dépôts et consignations qui centralise les dépôts du Livret A.
Le gouvernement s’est alors préoccupé de modifier cette formule pour équilibrer les écarts entre les taux de marchés financiers.
Cette nouvelle formule du taux de placement réglementé entrera en vigueur l’été prochain, et risque fort de pénaliser les souscripteurs au livret d’épargne.