Le projet de loi de finances pour 2018 contribue à plusieurs remaniements de la fiscalité de l’épargne des Français. Par cette réforme fiscale, le gouvernement vise à délaisser les placements sécurisés, en faveur des investissements à risques. En effet, investir dans les entreprises permettrait d’optimiser la croissance économique du pays. Gros plans sur les supports disponibles.
Le gouvernement veut modifier le comportement d’épargne des Français en élaborant le projet de loi de finances pour 2018. De nombreux changements vont être appliqués sur la fiscalité de l’épargne, notamment la mise en vigueur du Prélèvement Forfaitaire Unique ou PFU à 30% sur les revenus des capitaux mobiliers, ainsi que la substitution de l’Impôt sur la Fortune (ISF) par l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI).
L’investissement dans les entreprises serait également bénéfique pour l’État, dont la croissance économique sera optimisée, que pour l’investisseur qui bénéficiera d’un rendement nettement supérieur par rapport à celui des placements à capital garanti.
Certains placements seront, cependant, voués à disparaître à cause de la réforme fiscale, d’autres devront faire l’objet d’une révision. Focus.
Du réaménagement à la disparition de certains placements
Certains placements comme les contrats Madelin vont être reconsidérés par le gouvernement. Il s’agit, en effet, d’une épargne dont les fonds sont investis dans le capital des petites et moyennes entreprises. Des sources d’informations prévoient une éventuelle réduction de 25% à 30% sur l’impôt sur le revenu de ce placement.
Par ailleurs, l’État interpelle les organismes financiers, notamment les gestionnaires en patrimoine et les banquiers, à élaborer de nouveaux produits pouvant soutenir financièrement les entreprises. La députée LREM, Amélie de Montchalin, affirme que :
Nous les attendons à l'Assemblée le 22 janvier, pour les mobiliser. Des solutions et des produits d'épargne et de financement des PME structurellement attractifs et utiles devraient ainsi être proposés par la suite.
Amélie de Montchalin.
Toujours est-il que d’autres placements vont devoir disparaître à la fin de l’année avec l’ISF, tels que les FCPI (Fonds Communs de Placement dans l’Innovation) et les FIP (Fonds d’Investissement de Proximité). Leurs investisseurs ont bénéficié des réductions sur l’ISF, ainsi que sur l’impôt sur le revenu.
Il est, de ce fait, grand temps d’en profiter, d’autant plus que leurs apports sont très intéressants. Les fonds déposés dans ces supports sont dédiés à l’innovation des entreprises, ou au financement des PME locales, qui ont des profils plus risqués, d’où l’utilité des conseils avisés avant d’investir.
Grégoire Sentilhes, président de la société NextStage AM, estime qu’un investissement en actions, en FCPI ou en FIP, dans une PME, peut rapporter entre 10 et 15%. Selon lui :
Pour y parvenir, nous évaluons les risques avant d'investir dans les entreprises. Nous choisissons des domaines stratégiques. Chaque année, sur près de 400 dossiers, nous retenons entre quatre et cinq entreprises seulement.
Grégoire Sentilhes.
Les alternatives possibles pour investir dans les PME
Investir dans les entreprises est bénéfique sur le long terme. Ce type de placement requiert un blocage d’argent pendant près de 10 ans. D’après la dernière étude réalisée par l’Association française des investisseurs ou Afic, une décennie d’investissement rapporte en moyenne 8,7% par an.
Son rendement est largement plus attrayant que celui des livrets épargne. Le placement immobilier, par exemple, rapporte 5,2%, le CAC 40 3%. Les fonds en euros sont rémunérés à 1,5% tandis que la rentabilité du livret A est de 0,75% seulement.
Cet investissement comporte néanmoins des risques, surtout lorsqu’il s’agit d’un crowdfunding ou d’un financement direct d’une entreprise. Les risques générés par le premier procédé proviennent de l’incertitude des méthodes de gestion. Pour la deuxième option, un expert en conseils de gestion de patrimoine, Vincent Cudkowicz, affirme que :
À moins de bien connaître le dirigeant, cela reste extrêmement risqué. Il faut que cela reste de la love money, une sorte de coup de pouce dont on n'attend rien.
Vincent Cudkowicz.
Les FCPR (Fonds communs de placement à risque), quant à eux, représentent moins de risques. Ils s’agissent des obligations d’entreprises qui sont déjà matures. L’investisseur a la possibilité de choisir son support selon la durée du contrat qui le convient ou les avantages fiscaux.
Le placement peut être un Plan d’Épargne en Actions (PEA), un PEA-PME, un contrat d’assurance-vie, etc. De plus, la Banque Publique d’Investissement ou BPI garantit les FCPR à hauteur de 50% de son capital. Vincent Cudkowicz déclare que :
Ces fonds promettent un rendement avoisinant les 6 à 7 %.Ils sont moins prometteurs que d'autres mais aussi moins risqués, car ils misent sur des obligations. Mais il faudra attendre cinq à huit ans en moyenne pour obtenir les gains.
Vincent Cudkowicz.