Si les Français sont de nature économes, ils ont par contre une aversion pour les risques. C’est la raison pour laquelle ils préfèrent les placements à capital garanti. Actuellement, les nouvelles réglementations en matière d’épargnes traditionnelles mises en place par le Gouvernement vont changer les comportements des épargnants. Focus sur les conséquences de ces réformes sur le secteur bancaire et sur les particuliers.
La réforme sur les produits d’épargne est enfin appliquée. Depuis la rentrée en début septembre, le gel du taux de rémunération du Livret A, l’imposition du Plan Épargne Logement (PEL), l’application du Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) sur les contrats d’assurance-vie, etc. sont annoncés successivement.
À travers ces changements, l’objectif de l’État est de faire évoluer le comportement d’épargne de la population.
En effet, malgré l’appétence des Français aux placements sans risques, ils seront désormais tentés de se tourner vers des investissements plus risqués mais plus rentables. Toujours est-il que certaines personnes seront amenées à plébisciter les dépôts à vue.
En outre, cette situation aura des répercussions majeures sur les établissements bancaires, qui seront tenus de s’adapter aux nouvelles donnes.
Les épargnants sont les plus concernés par la réforme de l’épargne
Le mois de septembre dernier a été sujet à de multiples changements au niveau de l’épargne. Le gouvernement a annoncé le gel du taux d’intérêt du Livret A à 0,75% pendant un ou deux ans.
Malgré que les produits de ce livret soient défiscalisés, il s’avère que ce taux se trouve à un niveau historiquement bas. Parallèlement, le Plan Épargne Logement (PEL), très apprécié par les Français car il permet d’acquérir plus facilement un bien immobilier, sera soumis à un prélèvement forfaitaire unique de 30% à partir du 1er janvier 2018.
Ainsi, à compter de cette date, le rendement de 1% brut des nouvelles souscriptions, directement concernées par cette nouvelle taxation, reviendra à 0,70% net.
Quant aux contrats d’assurance-vie, le PFU de 30% sera mis en vigueur pour les encours dépassant le seuil de 150 000 euros, dès le début de ce mois d’octobre 2017. À noter que pour un couple marié ou pacsé, le seuil s’établit à 300 000 euros.
Cette nouvelle imposition rendra les fonds en euros moins rentables, ce qui poussera les épargnants vers des Unités de Comptes qui seront plus rémunératrices malgré les risques encourus.
De même, le faible rendement du Livret A et du PEL favorisera le dépôt à vue non rémunéré. Quoi qu’il en soit il est encore temps d’ouvrir un PEL avant la fin de l’année, pour un placement à court terme, afin de jouir de l’ancienne règlementation.
Le directeur des études économiques du groupe BPCE, Alain Tourdjman, souligne d’ailleurs que :
En réduisant l'asymétrie entre les produits défiscalisés, dotés d'un taux réglementé favorable, d'une part, et les produits fiscalisés rémunérés aux taux de marché, d'autre part, le gouvernement ouvre le jeu de l'épargne et incite à plus de diversification.
Les conséquences de l’application des nouvelles règles pour les banques
Les impacts au niveau des organismes financiers résultent des choix des investisseurs. Par exemple, lorsque le taux de rendement du PEL s’élevait à 2,5% en 2014, bon nombre d’épargnants ont opté pour ce type de livret d’épargne.
Cette affluence a obligé les établissements bancaires à mettre des dizaines de millions d’euros en provisions. Laurent Quignon, responsable de l'équipe économie bancaire chez BNP Paribas, explique que :
Les dépôts sur les comptes à vue constituent une ressource gratuite pour la banque. Si leurs encours progressent, toutes choses égales par ailleurs, cela abaisse le coût moyen des ressources bancaires. Dans un contexte de normalisation de la politique monétaire, avec une éventuelle remontée de l'ensemble de la courbe des taux, cela devrait au moins contribuer à freiner la hausse du coût de la ressource mais aussi celle des taux des prêts à la clientèle et à soutenir les volumes de financement.
Les banques doivent, de ce fait, s’adapter aux changements et en profiter pour optimiser l’assurance-dommages tout en continuant de commercialiser l’assurance-vie.
De même, face à la probable modification des comportements des épargnants, leurs plans de refinancement et d’émissions de titres devront être réajustés.