Si les Français sont réputés pour leur caractère prévoyant et leur appétence pour l’épargne, leur intérêt pour les livrets réglementés semble toutefois faible. Le LEP, plus particulièrement, n’est pas aussi populaire que son nom l’insinue. Or, il faut toutefois savoir que sa rémunération est plus avantageuse que celle des autres. Ce qui emmène à conclure qu’un taux d’attractivité assez conséquent serait plus logique.
La part de l’épargne réglementée dans le patrimoine des ménages effleure à peine les 15% dans l’Hexagone. Une preuve signifiante du manque d’intérêt des Français pour ce type de placement. Ce qui semble contradictoire en comparaison aux atouts de ce dernier.
Si quelques-uns arrivent néanmoins à émerger du lot, entre autres le livret A, la performance du LEP (livret d’épargne populaire) en revanche confirme cette tendance depuis quelque dix années. Et son rendement attractif (de 1,25%) n’y changeait rien.
Actuellement, l’on observe une véritable mobilisation du gouvernement en vue de promouvoir ce support réservé aux familles modestes. La révision de sa rémunération à hauteur de l’inflation serait à l’ordre du jour.
Une tendance paradoxale
Le LEP ou livret d’épargne populaire est un support dédié aux foyers percevant des revenus modestes, ne dépassant pas un certain seuil (19 468 euros par an pour un célibataire et 29 863 euros pour un couple). Faisant partie des placements réglementés, il brille par sa liquidité ainsi que par son exonération à l’impôt. Le plafonnement de ses versements à 7 700 euros et son taux de rémunération à 1,25% font la différence.
En dépit de ses atouts, il s’avère que c’est un produit quelque peu délaissé. Le repli de 30% de ses encours, en l’espace de dix ans, en est une preuve irréfutable. Sans parler des fonds collectés s’élevant à 44 milliards d’euros seulement en juin, soit 20 milliards d’euros de moins que ceux réalisés auprès des autres placements courants (les supports de la même lignée, les dépôts, et les contrats d’assurance-vie). Alors que le nombre de LEP ouverts est estimé à neuf millions.
Certains épargnants auraient qualifié ce support d’obsolète. Et pour cause, un détenteur du livret sur deux a déjà fêté leur 65ème printemps. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, a même insinué au moment où il a présenté le rapport de l’OER (Observatoire de l’épargne réglementée) 2018 que :
Le LEP est un produit encore trop méconnu.
À cela s’ajoutent les complexités auxquelles sont confrontés les établissements bancaires, en charge de la vérification des revenus annuels des prétendants. Si bien que cela impacte sur le taux d’éligibilité (13% des Français en détiennent au lieu de 40%).
Le livret A conserve son titre d’épargne préférée des Français
En fin décembre 2017, l’épargne des ménages a franchi la barre de 5 000 milliards d’euros. Une progression de 5,2% par rapport à l’année précédente. La part du placement réglementé s’établissait à 14,62%, à raison de 733 milliards d’euros de collectes. Ce qui démontre un délaissement de la part des épargnants.
Il faut toutefois admettre que ces résultats contrastent avec l’intérêt que continuent de porter les Français envers le livret A. Son encours s’élève à 10,93 milliards d’euros durant les neuf premiers mois de 2018. Si l’on considère les deux supports les plus cotés (le LDDS et lui), les fonds collectés ont atteint 388,7 milliards d’euros au 30 septembre dernier alors qu’ils se trouvaient à 374,9 milliards en 2017.
Pour rectifier le tir, le gouvernement prévoit de réviser à la hausse le rendement du LEP afin qu’il arrive à protéger l’épargne des familles à revenus modestes de l’inflation, qui a récemment haussé à hauteur de 2,2%. Telle est d’ailleurs la mission principale de ce livret d’épargne. Cette mesure sera alors appliquée dès le 27 novembre prochain.