Le livret le plus courant de France, qui a fêté ses deux siècles d’existence l’année dernière tient toujours la meilleure place sur le marché de l’épargne. Il l’a prouvé en février dernier lorsque sa collecte a frôlé les deux milliards d’euros. Un résultat que le placement n’avait pas enregistré depuis sept ans.
Le début d’année s’annonce très prometteur pour les distributeurs de livret A qui ont pu enregistrer des résultats records. Le mois de février notamment où, selon les chiffres révélés par la Caisse des Dépôts, ce placement a réussi à collecter quelque 1,9 milliard d’euros, une performance non réalisée depuis 2012. Un seuil qu’il n’a d’ailleurs pas pu dépasser, sauf dix ans auparavant. Et encore a-t-il fallu qu’il soit rendu disponible sur tous les réseaux bancaires pour accomplir cet exploit.
Pour en revenir à 2019, le succès est d’autant plus flagrant que sa rémunération a été figée à un niveau historiquement bas, impactant négativement sur le pouvoir d’achat des épargnants. Mais cette tendance est le reflet de leur engouement notable pour l’épargne qui a été accentué par mouvement des Gilets jaunes.
Un début d’année fortement prometteur
L’attirance des Français pour le livret A se trouve toujours à son zénith, même après ses deux cents années d’existence. Certes, ce produit d’épargne a eu des hauts et des bas, et affiche même un rendement réel négatif suite au gel de son taux à 0,75% en dépit de la remontée de l’inflation à 1,3% en glissement annuel, au mois de février dernier.
Mais apparemment, cette situation impacte peu sur la notoriété du placement, qui côtoie même des records depuis janvier 2019. À savoir, des encours de 290 milliards d’euros sont actuellement enregistrés sur ce livret d’épargne. Et ce, grâce au dynamisme ces premiers mois de l’année, notamment une collecte de plus de 1,9 milliard en février, d’après la Caisse des Dépôts.
Et il n’y a pas que lui qui affiche une telle performance. Son cadet, LDDS (Livret de développement durable et solidaire), dont la rémunération est axée à celle du premier, rencontre aussi des succès auprès des épargnants. À eux deux, ils ont collecté 2,5 milliards d’euros en février et accumulent 400 milliards d’euros d’encours.
Les raisons d’une telle affluence
Si les détenteurs du livret A ont vu leur rendement pénalisé par la faible rémunération de leur placement, cela ne les a pas pour autant empêchés d’épargner davantage cette année. Le fait est que la politique des taux bas a impacté sans exception tous les produits. Les livrets réglementés, tels que celui-ci, ont au moins le privilège d’être sécurisés, exonéré et liquide. Ce qui joue incontestablement en leur faveur.
Sans oublier le fait que d’après les résultats d’une enquête publiés le 21 mars dernier par la Banque de France, six Français sur dix (60%) n’ont conscience des répercussions de l’inflation sur leur pouvoir d’achat, voire ne savent pas comment calculer les profits que leur placement devrait générer.
Toujours est-il que les contestations des gilets jaunes ont eu un rôle à jouer dans le boom de la collecte du livret A. En effet, hormis le climat d’anxiété suscité par ce mouvement du peuple qui incitait à alimenter les bas de laine, les mesures prises par le gouvernement ont aussi optimisé le pouvoir d’épargne.
À ce propos, le nombre des salariés bénéficiaires de la « prime Macron » a dépassé les deux millions en janvier. S’ajoutant à cela, la prime d’activité qui se voit renforcée ainsi que les heures supplémentaires qui bénéficient d’une défiscalisation. À Philippe Crevel, qui se trouve à la tête du Cercle de l’Épargne, de souligner :
Je pense qu'il y a le côté toujours un peu anxiogène des gilets jaunes qui peut freiner la consommation […] Les Français ont bénéficié des mesures décidées par le gouvernement en faveur du pouvoir d'achat.
Philippe Crevel
