2018 a été marquée par d’importantes réformes, surtout au niveau de la fiscalité des épargnes. Ce qui a grandement impacté sur le pouvoir d’achat des ménages. Si 2019 promet d’être plus calme, les questions continuent à fuser de toute part, concernant l’évolution du rendement de chaque placement. Les livrets et l’assurance-vie se trouvent principalement au centre des préoccupations.
30 milliards d’euros, c’est le total des fonds déposés sur les comptes à vues des Français l’année dernière. La preuve que ces derniers ont préféré laisser dormir leur argent plutôt que de les placer dans des produits dédiés. Cet attentisme s’explique par les différents changements qu’ont apportés en 2018 les décisions gouvernementales, si l’on ne parle que de la politique des taux bas qui a pénalisé fortement le rendement des placements sécurisés comme le livret A.
Toujours est-il qu’il ne faut pas oublier la mise en place du PFU (prélèvement forfaitaire unique) et le remplacement de l’ISF (impôt sur la fortune) dont les conséquences, positives ou négatives, ne passeront pas inaperçues. Ou encore le prélèvement à la source qui changera notablement les habitudes d’épargne de la population.
L’assurance-vie restera tout aussi dynamique
L’année dernière a affiché une progression de l’épargne des Français en trois ans. À 115 milliards d’euros, l’encours total de l’économie des ménages est toutefois moins important que la somme attendue.
L’assurance-vie, qui a connu un grand succès en 2018 avec des collectes s’élevant à plus de 20 milliards d’euros, promet de garder le même rythme en 2019. C’est sans compter cependant sur les taux de rendement, notamment ceux des fonds en euros, qui ne cessent de se dégrader (à 1,6% en moyenne). Mais l’éditeur des Cahiers de l’Épargne, Cyril Blesson, se montre optimiste à ce propos :
« La réforme de l’ISF [transformé en IFI en 2018, NDLR] va représenter un afflux de 3,5 milliards d’euros vers des ménages aisés, qui ont une forte capacité de placement. Cela devrait profiter à l’assurance vie ».
Cyril Blesson
Il faut dire aussi que certaines réformes contextuelles et réglementaires vont avoir de sérieux impacts sur la tendance d’épargnes des ménages. Le choix de leur support, par exemple, pourrait être influencé par le prélèvement à la source. Cyril Blesson affirme que :
« Cela va avoir un impact sur la saisonnalité des produits. Les gens qui mettaient de l’argent de côté en prévision du paiement des tiers provisionnels, par exemple, n’auront plus à le faire. Mais cela concerne au final peu de foyers : seulement 43% d’entre eux paient l’impôt sur le revenu, et sur ce total, 60% ont déjà opté par la mensualisation. En année pleine, cela ne devrait donc pas changer grand-chose ».
Cyril Blesson
Aucun changement prévu pour les épargnes réglementées
Le livret A, pour sa part, a enregistré 12 milliards d’euros. Une performance quelque peu contradictoire étant donné son taux à 0,75% qui se trouve à un niveau plancher. Et qui va encore le rester cette année malgré la reprise des prix à la consommation qui risquerait d’éroder le capital investi par ses détenteurs.
D’autres produits réglementés subissent également la même stagnation, entre autres le LDDS (livret de développement durable et solidaire) et le LEP (livret d’épargne populaire). Sauf que ce dernier va pouvoir se démarquer un peu grâce à sa rémunération à hauteur de 1,25%. Tout comme le PEL (plan épargne logement), dont le taux est le seul à ne pas dépendre de celui du livret A.
Quant aux produits fiscalisés, s’ils font partie des placements qui ont profité de l’application de la Flat tax, leur faible rendement (à 0,14% brut en moyenne en fin 2018) ne jouera certainement pas en leur faveur cette année. À Cyril Blesson d’estimer :
« Il n’y a pas de grande amélioration à attendre sur les rendements des produits liquides, tout juste une très légère orientation à la hausse en fin d’année 2019. La hausse des taux de la Banque centrale européenne (BCE) ne devrait, en effet, intervenir qu’en fin d’année 2019. Il ne faut pas non plus s’attendre à une forte augmentation des taux longs, qui réagissent surtout au stock d’actifs obligataires détenu par la BCE ».
Cyril Blesson