À 1,2% sur un an, l’inflation fait perdre de l’argent aux petits épargnants qui ont choisi de placer leur argent dans les livrets, voire dans leur compte bancaire afin de pouvoir facilement y mettre la main en cas de besoin. À savoir, l’épargne sécurisée traverse actuellement une période de taux historiquement bas. Cependant, le LEP (livret d’épargne populaire) semble faire figure d’exception.
Le LEP, produit d’épargne dédié aux Français à revenus modestes, n’est pas aussi populaire que son nom veut bien le qualifier. Le fait est qu’il est peu promu par ses distributeurs en comparaison aux autres placements de la même trempe. Étant donné ses cibles, l’accès à ce livret est conditionné par le revenu fiscal de référence dont le contrôle annuel d’éligibilité est un travail prenant pour les banquiers.
Exonération fiscale mise à part, qui est commun aux livrets réglementés par l’État, ce support financier détient pourtant un atout de taille qui le démarque : une rémunération qui recouvre la hausse des prix à la consommation alors que celle de ses congénères se trouve largement au-dessous.
Une notoriété qui laisse à désirer
Le manque de popularité du LEP, en contradiction à son appellation, est tellement flagrant que 20% seulement des personnes pouvant y accéder en a ouvert un, 50% d’entre eux préférant se tourner vers le livret A, le produit le plus courant du pays. Les chiffres révélés il y a près d’un mois par la Banque de France, à travers son Observatoire de l’épargne réglementée sont d’ailleurs éloquents :
Le nombre de LEP a diminué chaque année depuis 2009, sauf en 2015. Il se replie de 260 000 comptes en 2018, après 170 000 comptes en 2017.
Ce tangible désintérêt proviendrait de la complexité de ce type livret épargne. L’on a déjà évoqué le fait que son accès est restreint. Destinée aux ménages modestes, la souscription n’est accordée qu’à ceux dont le revenu fiscal (annoncé dans la déclaration d’impôts de 2018 pour une ouverture au cours de cette année) se trouve en deçà d’un certain seuil, à savoir :
- 40 907 euros pour un couple avec deux enfants à charge ;
- 35 625 euros pour un couple avec un enfant ;
- 30 343 euros pour un couple sans enfant ;
- 25 061 euros pour un contribuable isolé incombé d’un enfant ;
- 19 779 euros pour une personne seule.
Ainsi, la vérification annuelle de ce critère l’éligibilité implique un travail additionnel qui n’est pas forcément bénéfique pour les pourvoyeurs du produit, en l’occurrence toutes les enseignes bancaires traditionnelles et la banque en ligne Hello Bank !
Rien d’étonnant alors à ce que ces dernières ne sont pas plus motivées à le commercialiser. Quoiqu’elles puissent quand même départager cette responsabilité avec les services d’imposition, comme l’a évoqué le banquier central dans ces propos :
L’administration fiscale examine, pour une mise en œuvre dans les meilleurs délais, le canal d’information qui se substituerait à la remise auprès de sa banque de la déclaration annuelle de revenus par le client.
Une mission de protection du capital contre l’inflation toujours remplie
Alors que la remontée de l’inflation est de nouveau au rendez-vous avec un taux de 1,2% au mois de juin dernier selon les données de l’Insee, la perte en pouvoir d’achat des économies des Français parait inévitable. Surtout si celles-ci ont été réalisées au moyen de placements a priori à capital garanti dont les rendements se sont effrités ces dernières années en raison de la politique d’intérêt bas pour le soutien de l’économie.
Entre autres, le livret A et son petit frère LDDS dont le rendement a été gelé à 0,75% jusqu’à l’an prochain au plus tôt et les livrets ordinaires qui rapportent en moyenne 0,24% (impôt encore à déduire). Ceux qui laissent dormir des sommes exorbitantes dans leurs comptes courants en sont également concernés d’autant plus que ces dépôts à vue ne sont pas rémunérés.
Si toutes les conditions d’accessibilité sont bien remplies, il serait alors plus judicieux de reconsidérer les atouts du LEP. Car en plus d’être défiscalisé comme le livret favori des épargnants, les intérêts générés à 1,25% sont de deux fois supérieurs à ceux engendrés par ce dernier. Pour explication, la règle de calcul les régissant implique une majoration de 0,50 point de pourcentage. Et un nouveau dispositif à appliquer dès février 2020 impose le maintien au même niveau que l’inflation, le cas échéant.