Regain pouvoir achat profite au livret favori

    À la veille des vacances d’été, l’effort d’épargne est toujours en déclin. Ce qui est des plus compréhensible, car les préparations impliquent plus de dépenses que d’économies. Et bien que les Français soient de fervents épargnants, ils n’échappaient jamais à cette logique, du moins jusqu’à cette année où le mois de mai a été fortement propice, notamment aux livrets réglementés.

    15% du revenu disponible brut, c’est le seuil que le taux d’épargne a dépassé en France, au cours du premier trimestre de 2019. En comparaison avec les chiffres de l’année dernière, sur la même période, ce ratio est en nette évolution. Une réaction tacite de la hausse du pouvoir d’achat de la majorité des ménages, certes, mais dans le fond il s’agit d’une preuve tangible de leur inquiétude quant à leur stabilité financière.

    Il convient en effet d’admettre que le contexte tant au niveau national et européen qu’à l’échelle internationale soulève des questionnements. Et l’ombre d’une crise prochaine planant au-dessus des pays incite à la prudence. Dans un contexte comme celui-ci, les valeurs refuges sont plébiscitées. Autant dire que le placement sécurisé l’est pour les épargnants.

    Des contextes nourrissant de sentiments paradoxaux

    Le début de l’année a été un tournant pour le pouvoir d’achat des Français qui a accusé une nette hausse à la suite de l’application de nombreux dispositifs, promis par l’État en réponse aux revendications populaires survenues au dernier trimestre de 2018. Outre le reflux de l’inflation estimée à 1%, le portemonnaie des ménages a repris du volume (+2,1%) grâce à :

    • La revalorisation de certaines prestations sociales ;
    • L’exonération fiscale des primes exceptionnelles ;
    • La révision à la baisse de la CSG (contribution sociale généralisée) pour les retraités.

    L’autre bonne nouvelle de cette année concerne le repli de 0,8 point du taux de chômage qui se retrouve au même niveau que celui d’avant la crise financière. À 8,7% de la population active, le ratio des demandes d’emploi enregistré au premier trimestre de 2019 résultait également d’une baisse.

    Cette lueur d’espoir, ne serait-ce qu’infime, rehausse sans aucun doute la confiance des ménages quoique son niveau demeure toutefois en deçà de sa moyenne de longue période, et ce, depuis douze mois déjà. Le fait est qu’un doute subsiste quant à l’effectivité et à la durabilité de la consolidation de la situation financière. Et les différents contextes mondiaux ne font qu’empirer cette appréhension, entre autres :

    • La guerre commerciale à laquelle se livrent la Chine et les États-Unis ;
    • La tension économique entre le pays à bannière étoilée et l’Iran ;
    • Les fragilités italiennes ;
    • Le Brexit.

    Un engouement pour l’épargne de précaution

    Ces signes avant-coureurs d’une crise mondiale imminente motivent les Français, déjà plus économes que dépensiers, à renforcer davantage leur bas de laine. Cet engouement a rehaussé le taux d’épargne de 1,6 point de pourcentage en glissement annuel, à raison de 15,3% au T1-2019 contre 13,7% au T1-2018.

    Contrairement à la tendance habituelle enregistrée chaque mois de mai, qui s’explique par l’approche des vacances et les dépenses qui en découlent ainsi que l’échéance des factures fiscales (tiers provisionnels), celle de cette année a fait exception. En partie à cause de l’instauration du prélèvement à la source, mai 2019 semble enregistrer de nets efforts d’épargne.

    Et force est de constater que les produits de précaution en ont le plus profité, notamment le livret A. De fait, les résultats prometteurs sont toujours au rendez-vous pour ce placement bicentenaire depuis le début de l’année, avec un encours record de 294,9 milliards d’euros au mois de mai dernier. À noter que sa collecte nette, à 1,22 milliard, a décuplé par rapport à celle enregistrée en mai 2018.

    Le LDDS (Livret de développement durable et solidaire) n’était pas en reste au cours de cette période susmentionnée. Rémunéré aussi faiblement que son cousin populaire, à 0,75% depuis août 2015 en dépit de la remontée de l’inflation, le produit a engrangé 405,2 milliards d’euros d’encours et une collecte nette de 1,61 milliard au 31 mai 2019.

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