Le contexte des taux bas a sans conteste pénalisé les rémunérations des placements à moindre risque. Toutefois, cela ne change rien à l’habitude d’épargne des Français qui semble prioriser la sécurité de leur argent plutôt qu’un rendement élevé, mais sans garantie. De fait, il n’est plus surprenant de voir le livret le plus courant du pays enregistrer une collecte record en mars dernier.
7,9 milliards d’euros, c’est le montant que les épargnants ont déposé sur le placement bicentenaire, livret A, entre janvier et mars 2019. L’on s’attend à une collecte largement supérieure une fois l’année écoulée, et ce, par rapport à celle de 2018, une preuve tangible de l’appétence de la masse pour l’épargne sécurisée. D’autant plus, que ce produit réglementé n’est pas le seul à afficher une tendance haussière.
Un phénomène qui s’explique par la conjoncture actuelle, notamment le climat d’incertitude économique se reflétant par le mouvement des Gilets jaunes, calmé par les diverses mesures gouvernementales dont l’impact sur le pouvoir d’achat de la population est notable. Sans oublier le caractère précautionneux qui caractérise les Français.
Une attirance qui résiste au temps et aux adversités
Le livret A a tout récemment fêté ces deux cents années d’existence sur le marché de l’épargne. Et il faut dire que sa longévité n’altère en aucune façon son pouvoir d’attraction. Certes, 2015 n’a pas été des plus faste pour ce produit réglementé étant donné que c’était une année de décollecte. Les retraits ont atteint un chiffre record tout comme le nombre des livrets clôturés durant cette période sombre.
En cause, la décision du gouvernement de geler son taux de rendement à 0,75%, un niveau historiquement bas. D’autant que les détenteurs restants ne pourront espérer aucune révision jusqu’à fin 2020. Or, il faut savoir que l’inflation a remonté, atteignant 1,8% en 2018. Ce qui fait que le capital investi, pourtant garanti, risque de s’éroder au fil du temps.
Toujours est-il que près des trois quarts des ménages (73,2%) détiennent encore au moins un livret réglementé en décembre 2018, selon les données statistiques de l’Insee. Et en mars dernier, les épargnants ont même versé plus d’argent qu’ils n’ont retiré sur leur placement préféré si bien qu’il a pu collecter 1,97 milliard d’euros net, à en croire le bilan mensuel de la Caisse des Dépôts.
Ainsi, il ne lui a fallu qu’un trimestre pour accumuler 7,9 milliards d’euros alors qu’en 2018, la collecte drainée sur l’ensemble de l’année s’établissait à 10 milliards seulement. La situation est aussi brillante pour le LDDS (Livret de développement durable et solidaire), dans lequel ont été placés 1,75 milliard depuis janvier 2019.
Des résultats escomptés
Les chiffres records enregistrés par l’épargne sécurisée ont été attendus par les observateurs. Comme l’a affirmé le dirigeant du Cercle de l’Épargne, Philippe Crevel, dans son communiqué :
Ce bon résultat n’est pas en soi une réelle surprise. Il s’inscrit dans un contexte favorable à l’épargne de précaution.
Philippe Crevel
En effet, la prévoyance fait partie des priorités de la majorité de la population. Or, les incidents provoqués par les gilets jaunes, revendiquant leur faible pouvoir d’achat, ont suscité des inquiétudes. Une situation en amenant une autre, le chef d’État Emmanuel Macron a adopté certaines mesures qui ont permis d’augmenter la capacité d’épargne des ménages :
- L’octroi d’une prime exceptionnelle en début d’année ;
- L’exonération des heures supplémentaires ;
- La hausse de la prime d’activité.
Si 40% d’entre eux renforcent leur bas de laine par précaution, 31% anticipent leur retraite pour se préserver de l’inévitable baisse de leur revenu. Une enquête réalisée en avril par le Cercle de l’Épargne confirme d’ailleurs que :
Le Livret A est le produit pilier de l’épargne de précaution.