Les épargnants français continuent de faire fructifier leurs placements, malgré la conjoncture généralisée du taux bas. Cette tendance trouve son explication dans le fait que l’État se charge de fixer les taux de certains placements. Toutefois, les épargnants risquent de déchanter, pour peu qu’on corrige le taux de rendement par rapport à celui de l’inflation pour 2018.
La politique de taux bas a visiblement épargné le rendement réel des produits d’épargne en France. Une résistance que l’on attribue au fonctionnement très particulier du Livret A et du placement réglementé.
En février 2018, la BCE (Banque centrale européenne) a relevé que dans l’Hexagone, le rendement moyen constaté sur les dépôts sur les livrets d’épargne est de 0,69 %. Un taux qui descend à - 0,81 %, si l’on tient compte de l’inflation moyenne prévue en 2018.
En d’autres termes, les intérêts générés actuellement par les livrets ne compensent plus la hausse des prix à la consommation. Les épargnants qui placent leurs économies sur ce type de support perdent alors en pouvoir d’achat sur les sommes investies.
Une politique monétaire peu favorable
Ce rendement réel négatif est à attribuer à la politique monétaire de la Banque centrale européenne ou BCE. Cette entité a effectivement maintenu les taux à des niveaux très bas, afin de booster la reprise économique.
Dans l’une de ses études, Eric Dor, directeur des études économiques au sein de l’école de Management IESEG, installée à Lille, a cependant révélé que le phénomène n’a pas la même répercussion dans tous les pays membres de l’Union européenne.
La tendance est confirmée par les données de la BCE, qui distinguent d’ailleurs la France des autres pays membres, comme étant un des mieux lotis.
Le système très avantageux de la France
Dans la zone euro, le rendement réel des livrets d’épargne donne une moyenne de - 1,06 %.L’Italie et Chypre devancent la France en affichant respectivement une rémunération réelle moyenne de - 0,05 % et 0,59 %. Les prévisions d’inflation de ces deux pays, pour cette année, sont effectivement inférieures à celles des autres pays membres.
Avec son taux réel de - 0,81 %, la France se place devant l’Allemagne (- 1,43 %), la Belgique (- 1,47 %) ou les Pays-Bas (- 1,47 %). À titre informatif, l’Estonie est à - 3,05 %. Le rang privilégié de la France s’explique surtout par les spécificités de l’épargne réglementée.
Fin février 2018, un dépôt total de 620 milliards d’euros a été enregistré sur les livrets, dont 425 milliards d’euros sur le Livret A, le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) et le Livret d’épargne populaire (LEP). Pour ces trois produits, la rémunération est fixée par l’État, plutôt que par le marché. Elle est respectivement de 0,75 %, 0,75 % et 1,25 %. Le calcul prend en compte deux indices, à savoir le taux d’inflation et les taux interbancaires.