"En moyenne, un particulier utilisant Bolden a financé 9 projets". Rencontre avec Tristan Grué, CEO de la plateforme de financement Bolden.
Meilleurtaux Placement : Pouvez-vous nous présenter Bolden ?
Tristan Grué : Bolden est une plateforme de financement qui permet aux particuliers et investisseurs institutionnels de prêter directement aux TPE et PME françaises. Notre société a été créée en 2015 avec une dimension technologique importante. Bolden souhaitait utiliser les nouvelles technologies pour analyser plus vite les PME et faire des crédits plus rapides et flexibles.
MF : Les épargnants sont en quête de placements alternatifs à l'heure où certains placements voient leur rendement flirter avec le zéro. Le crowdlending s'impose alors comme une excellente solution pour les particuliers qui souhaitent placer et faire fructifier leur argent ?
T.G : Oui, le crowlending est une solution nouvelle, une classe d'actifs alternative qui jusqu'alors était uniquement réservé aux banques avec le crédit. Jusqu'à fin 2014, le crédit aux PME et TPE était en effet une activité réglementée. Depuis, les particuliers ont la possibilité de prêter aux PME et ce, de manière récurrente.
MF : Vous annoncez 7,7% de rendement moyen par projet ? Sur quels critères sélectionnez-vous les sociétés qui seront en vitrine sur Bolden ?
Les rendements sont assez bons aujourd'hui sur Bolden, avec un rendement moyen brut de 7,7% par projet, avant frais et éventuelles défaillances d'entreprises. Bien sûr, on recommande de ne pas placer ses oeufs dans le même panier et de diversifier pour éviter des déconvenues. C'est un investissement transparent, direct car le souscripteur sait où vont les fonds prêtés. On a un processus de sélection très poussé, basé sur quatre critères d'analyse : une analyse traditionnelle des bilans en prêtant attention à ce que l'entreprise soit rentable, nous avons accès à une base de données sur les crédits en cours de l'entreprise et nous nous attardons également sur la réputation de la société. Une fois que les trois critères précédents sont respectés et validés, nous allons à la rencontre de la société qui souhaite être financée via notre plateforme. En bout de ligne, on obtient un score et celui-ci va déterminer le taux d'intérêt et le risque de l'emprunteur.
MF : Combien de sociétés vous ont déjà sollicité pour un projet de financement et parmi celles-ci, combien ont été retenues ?
T.G : Plus de 3000 entreprises ont déjà sollicité Bolden depuis l'origine...Dans notre processus de sélection, nous excluons très rapidement les sociétés qui ne sont pas rentables et qui n'ont pas de fonds propres suffisants. On veille à ce que l'entreprise soit en mesure de rembourser les emprunteurs. A l'heure actuelle, 50 entreprises ont été financées grâce à la plateforme Bolden. Si une entreprise ne satisfait pas à nos critères, nous veillons à lui proposer ou l'informer sur des solutions de financement alternatives. On peut la rédiger vers BPI France par exemple ou vers une société d'affacturage. Que la réponse soit positive ou non, nous expliquons les raisons de notre décision. C'est aussi cet accompagnement qui nous différencie des banques...
M.F : L'univers du financement participatif est très concurrentiel avec une multiplication des offres ? Comment arrivez-vous à vous démarquer ?
T.G : Dans l'univers du financement participatif, il existe trois types d'offres : le don, l'equity avec la prise de participation dans des start-ups et le crowlending. Dans ce dernier univers qui est le nôtre, Bolden a fait le choix de se focaliser sur les TPE (artisans, professions libérales, réglementées et franchisés) là où nos concurrents sont plutôt sur de grosses PME ou des ETI. Nous nous différencions également sur la technologie que nous mettons en oeuvre pour analyser plus vite et plus précisément les sociétés et ainsi éviter des taux de défaillances élevés. Sur 50 prêts réalisés sur notre plateforme, on ne déplore qu'une société qui a rencontré des problèmes de paiement. Ainsi, nous avons le deuxième taux de défaillance le plus faible du marché. A terme, on estime que nous allons nous tendre vers un taux de défaillance de l'ordre de 2/3% par an. Ce qui est encore faible grâce à notre méthode de sélection rigoureuse.
MF : La simplicité est donc votre credo... Avec vos packs de financement en fonction de la taille du projet, vous reprenez un peu les codes des courtiers en ligne...
T.G : Bolden a été une des premières plateformes du marché à mettre en place un système d'investissement automatique. Nous proposons ainsi des packs financeurs qui permettent au souscripteur de paramétrer le profil des investissements en fonction des montants minimum et maximum à investir sur chaque projet et des notes minimum et maximum des projets sélectionnés. A partir de 20 euros par prêt, une personne peut décider de panacher ses investissements sur plusieurs projets.
MF : Quelle est la taille moyenne et la durée des prêts sur Bolden ?
T.G : La taille moyenne des projets est de 30.000 euros mais avec toute la communauté de prêteurs, elle a vocation à grandir à 90.000/100.000 euros par projet. Nous pouvons aller jusqu'à 200.000 euros mais pas au-delà. Nous tenons quand même à respecter notre univers d'investissement que sont les TPE/PME. Surtout que nous ne subissons pas la concurrence des banques sur ce créneau des petites entreprises. Nous venons plus en complément qu'en confrontation avec les établissements bancaires traditionnels. Plus de 70% de nos clients ont déjà des prêts bancaires. Les prêts quant à eux, ont une durée comprise entre 3 mois et 3 ans. En moyenne, nous sommes sur des prêts de 2,2 ans.
MF : Vous revendiquez combien d'utilisateurs particuliers à ce jour ?
T.G : 2100 particuliers ont déjà financé des projets via notre plate-forme. En moyenne, un particulier utilisant Bolden a financé 9 projets. Et nous souhaitons que ce chiffre progresse dans le temps...
MF : Où en êtes-vous dans votre phase de développement ?
T.G : Nous avons pour objectif de financer entre 80 et 100 PME cette année et nous avons également des ambitions à l'international notamment en Europe. L'Europe, pour des questions de réglementation d'une part et d'autre part parce que nous avons identifié des besoins similaires chez nos voisins européens. Mais la priorité reste notre développement en France avec un maillage régional. Bolden souhaite également affiner son modèle de sélection des entreprises. On a un business plan qui nous indique que nous pouvons atteindre le point mort fin 2019 ou en 2020.
MF : Avez-vous déjà procédé à des tours de table ? Si oui pour quel(s) montant(s) ?
T.G : Nous avons réalisé deux tours de table depuis notre création. Le premier, au tout début de notre aventure pour un montant de 700.000 euros et le second en février de cette année. Nous avons levé 3.2 millions d'euros à cette occasion avec une partie en financement pour la plateforme et l'autre pour renforcer nos capitaux propres.
MF : Les investisseurs qui ont participé à ces levées de fonds vous accompagnent-ils toujours ?
T.G : Oui bien sûr. Les business angels et family offices qui nous ont aidés au début, continuent de nous soutenir. On peut citer Funding Box par exemple, qui nous suit depuis le début.
MF : Quelle entreprise financée par Bolden vous a le plus marqué ?
T.G : Une entreprise en particulier nous a tout particulièrement marqué. Il s'agit d'Edélices, une entreprise d'épicerie fine sur internet. Elle fonctionne tellement bien qu'elle est la troisième de ce secteur en termes d'utilisateurs. Grâce à Bolden, ils ont pu lever rapidement 80.000 euros. Avec ces fonds, Edélices a ainsi pu déménager de locaux grâce à son prêt et augmenter sa capacité de stockage.
Propos recueillis par Sabrina Sadgui
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