"Nous estimons que c'est le bon timing pour réunir nos quatre technologies au sein d'une même société". Affluent Medical souhaite lever au minimum 40 millions d'euros en vue d'accélérer le développement clinique de ses implants en cardiologie et en urologie. Interview d'Henri Lefebvre Directeur financier d'Affluent Medical
Henri Lefebvre Directeur financier d'Affluent Medical
Meilleurtaux Placement : Pouvez-vous nous présenter Affluent Medical ?
Henri Lefebvre : Affuent Medical est une medtech née en février 2018 du regroupement de quatre technologies issues du portefeuille du fonds d'investissement Truffle Capital. Le rassemblement est certes récent, mais les projets datent depuis 2011 ou 2012. Nous développons des implants innovants mini-invasifs de nouvelle génération conçus en vue de restaurer des fonctions physiologiques essentielles chez les patients souffrant de maladies du coeur (Kalios et Epygon), de maladies vasculaires (Kardiozis) ou d'incontinence urinaire (Artus). Ces quatre dispositifs médicaux sont actuellement en phase préclinique ou clinique et la commercialisation du premier dispositif médical est prévue d'ici le deuxième semestre 2020.
MF : Pourquoi avoir réuni ces quatre sociétés en une ? Et pourquoi quelques mois avant l'introduction en Bourse ?
H.L : Nous estimons que c'est le bon timing pour réunir nos quatre technologies au sein d'une même société. Nous rentrons dans une phase où nous allons en tirer toutes les synergies sur les quatre produits que nous développons. L'introduction en Bourse arrive au bon moment pour financer les essais cliniques et pour transformer Affluent Medical en une société commerciale dès 2020/2021.
MF : Comment allez-vous utiliser les fonds levés à l'occasion de cette introduction en Bourse ?
H.L : Nous avons un plan de financement qui est à la fois réaliste et robuste. Il va nous permettre de financer les trois prochaines années d'exploitation jusqu'à la mise sur le marché du premier implant Kalios fin 2020. Affluent Medical souhaite affecter le produit net des fonds levés entre le financement des études cliniques et les dépenses liées aux approbations réglementaires (39%), le financement du processus d'industrialisation, de structuration et renforcement de la sous-traitance (31%), les dépenses marketing et commercial (17%) et les dépenses afférentes pour le contrôle qualité et la gestion de la chaîne d'approvisionnement (13%).
M.F Quelles sont les zones géographiques que vous allez privilégier pour accélérer votre développement ?
H.L : Nous sommes une société globale mais avec une approche différenciée en fonction des marchés que nous souhaitons adresser pour maximiser les chances de succès. En Europe, nous allons constituer une force de vente en direct pour commercialiser nos produits. Aux Etats-Unis, nous allons opter pour des partenariats commerciaux avec des grandes noms de la medtech, soit avec des accords de licence ou de distribution. Nous avons préféré jouer la prudence car constituer une force de vente aux Etats-Unuis coûte très cher avec des résultats qui peuvent être médiocres. En Chine, nous avons constitué une joint-venture avec Gaoze et qui va financer l'ensemble des études cliniques, jusqu'à la mise sur le marché des produits.
M.F : Le contexte est loin d'être favorable pour les introductions en Bourse de medtechs... Comment allez-vous réussir à convaincre les investisseurs du bien fondé de votre projet ?
H.L : Bien évidemment, nous prenons en compte ce contexte peu favorable. Les marchés financiers sont au plus haut et se portent très bien. Nous estimons qu'il y a un intérêt manifeste pour les produits que nous développons. Affluent Medical n'aura aucune difficulté à intéresser ni les investisseurs, ni les chirurgiens et les praticiens. Ce qui compte, c'est le travail de fond que nous menons et non ce qui s'est passé dans des histoires annexes. Nous gardons toute confiance dans notre projet.
MF : Le secteur de la santé est très actif sur les fusions-acquisitions... Si un poids lourd de la medtech vous proposait de racheter une de vos technologies, y donneriez-vous une suite favorable ?
H.L : Nous sommes dans une situation assez unique avec quatre produits en portefeuille. Il n'y a pas d'équivalent en Europe. Généralement, une medtech porte un produit. Nous avons pour notre part " dérisqué " le parcours financier de la société. Nous faisons l'hypothèse que sur un des produits, il se peut qu'il y ait une transaction sous la forme d'un accord de licence global qui pourrait permettre à la société de bénéficier d'upfronts avec une remontée de cash qui financerait le développement de la société en plus de l'introduction en Bourse. Nous sommes dans un environnement très actif en termes de fusions acquisitions. Les majors de la medtech cherchent des technologies à acheter puisqu'elles développent assez peu ou pas de nouvelles technologies. Elles s'endettent pour racheter de nouvelles technologies... On l'a vu avec le suisse Symetis qui a fait l'objet d'une transaction pour plus de 400 millions d'euros pour un seul produit qui a été mis sur le marché en Allemagne. Une transaction fera forcément partie de l'histoire de la société...
Propos recueillis par Sabrina Sadgui