Le président de Montpensier Finance décrypte l'actualité des marchés financiers. Inflation, croissance, Chine, USA, Europe... aucun sujet n'est éludé.

     

    Achevé de rédiger le 06/03/2018

    Pour Guillaume Dard, il ne fait aucun doute que la croissance et l’inflation seront les 2 enjeux majeurs de 2018. Et ce début d’année semble le confirmer : la peur d’une remontée plus rapide que prévue de l’inflation et d’un fléchissement simultané de la croissance a provoqué quelques mouvements sur les marchés financiers. Le président de Montpensier Finance considère qu’à ce stade l’inflation ne devrait monter que dans des proportions limitées et la croissance se maintenir à un niveau raisonnable sous réserve d’une bonne tenue de l’économie chinoise.

    mes-placements.fr : Jérôme Powell a pris ses fonctions à la tête de la réserve fédérale américaine. A quoi peut-on s’attendre ? 

    Guillaume Dard. Lorsqu’un nouveau patron de la Fed est nommé, celui-ci a souvent droit à un « tir de semonce » de la part du marché. Trois jours après le départ de Yellen, Wall Street a ainsi testé Jérôme Powell et a significativement chuté. Selon les principaux observateurs, sa politique devrait se positionner dans la lignée de celle de Janet Yellen, plutôt « Colombe » *. Jusqu’à présent, il a toutefois affiché une position plus équilibrée avec l’envie de ne pas se laisser dominer par les marchés. Jérôme Powell a récemment affirmé qu’il se montrerait aussi attentif à une remontée de l’inflation au-dessus de 2%, qu’à une baisse de celle-ci.

    mes-placements.fr : Cela peut-il avoir une incidence sur le rythme de hausse des taux ?

    Guillaume Dard. Il est possible qu’il prenne une position un peu plus dure que celle anticipée par les marchés. Cette année, nous pourrions ainsi assister à 4 hausses des taux au lieu de 3. Jérôme Powell ne prendra toutefois pas le risque de bouleverser la politique monétaire conduite par la Fed. En l’absence de remontée significative de l’inflation, il devrait conduire une politique raisonnable. Mais on ne sait pas comment il réagirait à un très mauvais chiffre d’inflation. Cela serait alors un véritable test, notamment dans la manière dont il communiquerait avec le marché.

    Les principaux risques et fragilités sur les marchés financiers : Les niveaux de valorisation du marché américain, l’endettement en Chine mais aussi en Europe (France, Italie), et l’incapacité du vieux-continent à disposer d’une croissance autonome.

    mes-placements.fr : Ces hausses des taux attendues sont-elles susceptibles de changer la donne ?

    Guillaume Dard. Cela dépend de leur ampleur. Un taux de 3% voire 3,20% des obligations à 10 ans semble raisonnable. Il est peu probable que la Fed pousse les feux au-delà. Le retrait de liquidités, liée à l’arrêt du quantitative easing* devrait toutefois peser sur les marchés financiers.

    mes-placements.fr : Pensez-vous que l’inflation américaine puisse remonter fortement, au-dessus de 3 % ?

    Guillaume Dard. 2 phénomènes structurels expliquent la désinflation depuis 10 ans : l’augmentation de la capacité de production chinoise et l’utilisation massive d’internet par les consommateurs. Le web favorise la comparaison des produits et permet d’acheter au meilleur prix. Hors choc pétrolier, nous ne voyons donc pas l’inflation aller au-delà de 3 %.

    mes-placements.fr : Quel regard portez-vous sur la Chine ?

    Guillaume Dard. La Chine est le moteur principal de la croissance mondiale dont elle représente 40 à 50% depuis une dizaine d’années. Une économie chinoise en bonne santé tire le reste du monde, notamment les États-Unis et l’Europe. Il est donc essentiel de surveiller la bonne marche de la Chine. Ses dirigeants souhaitent ralentir légèrement la croissance de 6,9% en 2017 à 6,4% en 2018. Aujourd’hui, nous constatons que la Chine et les Etats-Unis ont des cycles économiques et des variations monétaires très corrélés. La moitié environ de l’indexation du Yuan chinois repose sur le Dollar. Par ailleurs, l’Allemagne est la courroie de transmission principale entre la Chine et l’Europe et serait donc affectée par un ralentissement chinois plus marqué.

    mes-placements.fr : Le niveau d’endettement de la Chine est évalué à plus de 250 % du PIB. Est-ce le socle d’une prochaine crise financière ?

    Guillaume Dard. Xi Jinping en est conscient. Le gouvernement chinois va mettre tout en œuvre pour qu’il n’y ait pas de crise. Il a la main sur le système. Une crise éventuelle serait provoquée par une fuite massive des capitaux chinois vers l’étranger et un dérapage du Yuan. Cela semble cependant peu probable tant le contrôle des changes est strict.

    Sur la révolution technologique : L’Europe n’a pas su profiter de la révolution internet de ces dix dernières années. En 2000 elle était pourtant bien positionnée avec l’émergence d’acteurs télécoms de premier plan (Nokia, Vodafone). Aujourd’hui, les GAFA* aux États-Unis et les BAT* en Chine prédominent. En Europe, aucune société d’une telle envergure n’a émergé.

    mes-placements.fr : Faut-il s’attendre à de nouvelles corrections brutales des marchés financiers telles que nous l’avons connu début février ?

    Guillaume Dard. Le retour de volatilité est en partie due à des facteurs techniques, le débouclement des produits vendeurs de volatilité ou « short vol ». Il s’explique aussi par le fait que les investisseurs craignent une remontée des taux d’intérêt. Si la hausse des taux d’intérêt est marginale, il n’y aura pas nécessairement plus de volatilité. Néanmoins, une mauvaise configuration économique ou inflationniste ferait ressurgir une volatilité élevée.

    mes-placements.fr : Qu’en est-il des politiques monétaires accommodantes en Europe ? Est-il possible qu’il y ait un arrêt brutal du programme d’achats d’actifs en 2018 ?

    Guillaume Dard. En Europe, le mandat de Mario Draghi court jusqu’à la fin de l’année 2019. Eu égard à sa forte personnalité, il devrait rester puissant jusqu’à la fin de son mandat et maintenir une politique de taux bas. Une situation encouragée par le fait que l’Italie a toujours besoin de ce soutien. Concernant l’arrêt total du quantitative easing en septembre, rien n’est encore définitivement acté.

    mes-placements.fr : Quelle est l’exposition au marché actions du fonds flexible (0 % -100%) BBM-V Flex ?

    Guillaume Dard. Le fonds était investi tout début mars à hauteur de 55% en actions. L’exposition actions a été renforcée lors de la baisse début février puis réallégée. Sauf changement majeur de paramètres, elle pourrait être renforcée en cas de nouvelle correction.

    Un titre apprécié par la société de gestion : Capgemini : La SSII est l’un des leaders européens des services aux technologies de l’information. Le groupe Français est en passe de réussir avec brio une transition vers le digital salutaire, 40% de ses ventes sont aujourd’hui liées au digital. Souvent comparé à ses pairs européens, le titre ressemble davantage au géant américain Accenture, l’écart de valorisation (30%) devrait pouvoir se resserrer.

    mes-placements.fr : Comment se répartissent les investissements d’un point de vue sectoriel de votre fonds actions zone euro, Best Business Models ?

    Guillaume Dard. La répartition sectorielle est le résultat du stock picking. Nous avons toutefois une préférence pour les valeurs des secteurs Technologie, Industrie et Finance. A contrario, nous sommes moins confiants pour les secteurs sensibles à la remontée des taux avec l’Alimentation, les Télécoms et les Services aux collectivités, ainsi que la Chimie dont les marges pourraient diminuer.

     

    La question de l'expert


    mes-placements.fr : Anticipez-vous une poursuite de l’appréciation de l’euro contre le dollar ?

    Guillaume Dard.Dans un monde aussi internationalisé, l’effet de change* a une très grande importance. Une partie significative de la croissance des bénéfices des entreprises américaines est due à la baisse du dollar. À l’inverse la chute de la monnaie américaine a pénalisé les entreprises européennes.
    Aujourd’hui, un couloir pour le dollar entre 1,20 et 1,25 semble un compromis acceptable pour la BCE et la FED.
    Mais demain deux scenarios peuvent s’imaginer :
    • si Jerome Powell monte fortement les taux américains et en conséquence  pousse le dollar à la hausse, les marchés européens seront tirés par les profits des entreprises exportatrices.
    • à l’inverse, si l’Allemand Jens Weidmann succède à Mario Draghi et gère la BCE comme la Bundesbank, on peut craindre une forte hausse de l’euro, un ralentissement de la croissance et une baisse des marchés d’actions européens.

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