Le directeur de la gestion de DNCA a profité d'une réunion annuelle ouverte aux investisseurs pour dévoiler ses convictions d'investissement.

    Pour Jean-Charles Mériaux, Directeur de la Gestion, de DNCA Investment, l’environnement économique est favorable à l’investissement dans les actions de la zone euro. Il estime cependant que les marchés ne devraient pas être aussi linéaires que l’année dernière et anticipe un retour de la volatilité.

    Quel bilan faites-vous de l’année 2017 sur les marchés financiers ?

    Jean-Charles Mériaux. Le risque a payé en 2017. Les actifs considérés comme défensifs, les placements monétaires ou l’or, ont conclu l’année sur une performance négative. En 2017, ce sont les actions qui se sont le plus illustrées. D’ailleurs, si on fait une comparaison des performances en euros, les actions européennes ont affiché une performance bien supérieure à celle des actions américaines. La baisse du dollar contre l’euro a rogné plus de la moitié de la performance des actifs US. Notons aussi l’année particulièrement faste des marchés émergents, avec des croissances supérieures à 20 %.

    Les actions, notamment américaines, sont aujourd’hui valorisées à des niveaux très élevées.

    Jean-Charles Mériaux. Ce niveau de valorisation va au-delà du marché des actions. Dans le domaine de l’investissement, des transactions emblématiques ont été réalisés. Le tableau de Leonard de Vinci, Salvatore Mundi, a été acheté 450 millions de dollars, un montant 4 fois supérieur à ce qu’avait déboursé Dimitri Rybolovlev pour l’acquérir en 2013. La famille Pinault a mis la main sur le domaine viticole, le Clos de Tart, pour un prix avoisinant les 250 M€. Le footballeur Neymar a été transféré au Paris Saint Germain pour 222 M€. Le prix du Bitcoin a également flambé, mais à la différence des autres actifs sa valeur n’est pas caractérisée par une rareté exceptionnelle.

    Les sources potentielles de risques pour Jean-Charles Mériaux :« le risque géopolitique mais aussi le retour inflationniste »

    Cela se ressent également sur le marché obligataire.

    Jean-Charles Mériaux. On constate, en effet, un écrasement spectaculaire des rendements sur le marché des obligations à haut rendement (high yield). Au cours des 15 dernières années la moyenne des rendements était de 8 %. Sur les trois dernières années elle chute de 3 %. Même constat sur le segment des obligations investment grade. Le rendement moyen sur 8 ans est proche de 6 %. Mais sur 3 ans, il est inférieur à 1 %. Seule la classe « actions » n’a subi qu’une légère baisse de son rendement apprécié au niveau du dividende.

    Le niveau de valorisation se justifie donc ?

    Jean-Charles Mériaux. L’année s’est caractérisée par 2 grandes surprises. D’une part, l’accélération de la croissance mondiale avec la zone euro comme principal symbole de cette reprise. Et d’autre part, la réalisation de cette croissance sans redémarrage de l’inflation, ce qui peut justifier des valorisations un peu plus élevées. N’importe quel niveau de valorisation est justifiable quand le niveau taux d’intérêt s’approche de 0.

    On a l’impression que les banques centrales ont anesthésié le marché comme en témoigne le niveau de volatilité extrêmement faible.

    Jean-Charles Mériaux. Les marchés n’ont plus peur aujourd’hui. Certains investisseurs vont jusqu’à vendre la volatilité pour la racheter moins chère. Ces positions spéculatives vendeuses de volatilité se chiffrent à près de 200 milliards de dollars, un montant supérieur aux investissements réalisés sur le bitcoin. C’est le reflet d’une masse d’actif considérable qui recherche des actifs rentables et qu’ils ne trouvent pas. Autre exemple sur l’absence de volatilité : le CAC 40 n’a connu aucune baisse supérieure à 2 % en 2017 : du jamais vu depuis la création il y a 30 ans.

    Et pourtant sur le plan macroéconomique tous les voyants sont au vert.

    Jean-Charles Mériaux. Nous sommes dans un environnement économique exceptionnel. On a rarement eu autant de bonnes nouvelles, particulièrement sur la zone euro. Les enquêtes sur le sentiment de confiance dans l’industrie européenne sont à leur plus haut. Le marché a, je pense, bien intégré cela. La question est donc maintenant de savoir si les sociétés vont pouvoir délivrer les résultats attendus voire les dépasser. On peut l’espérer. Les marges des entreprises sont encore inférieures à celles de 2007. Par contre, les États-Unis semblent arriver à la phase finale de leur cycle de croissance, les taux de marges des entreprises étant 40 % au-dessus des niveaux de 2007.

    La zone géographique privilégiée par Jean-Charles Mériaux : La zone euro« Elle est à privilégier surtout avec le degré d’incertitudes qui entoure le dollar. L’année 2018 devrait aussi être marquée par une forte activité M&A (opérations de fusions et acquisitions), portée par la confiance des entreprises, une économie bien orientée et de l’argent disponible. »

    Où trouver des opportunités d’investissement en 2018 ?

    Jean-Charles Mériaux. Si nous restons optimistes pour les marchés actions, on ne peut pas accepter aujourd’hui dans les portefeuilles le même niveau de risque que celui qu’on avait au début de l’année 2017. Les valorisations sont nettement plus élevées, même si en zone euro elles restent raisonnables. Il faut bien reconnaître que le marché américain est dans un climat d’euphorie alors qu’en Europe on se trouve simplement dans un climat d’optimisme. Nous sommes toujours à la merci des changements politiques des banques centrales, si des germes inflationnistes réapparaissaient. On est dans un moment où il faut questionner ses allocations d’actifs et se dire que ce qui a bien fonctionné depuis 10 ans pourrait corriger au cours des prochains mois.

    Pour aller plus loin

    Faut-il anticiper un rebond de la volatilité en 2018 ?

    Jean-Charles Mériaux. « Tactiquement, il conviendra d’être plus vigilant sur les prochains mois. Il serait étonnant que 2018 soit aussi linéaire et positive que 2017. Cette prudence supplémentaire nous permettra de saisir de meilleurs points d’entrée au cours des prochains mois. Étant précisé qu’elle ne remet pas en cause notre avis fondamentalement favorable sur les actions de la zone euro. »

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