Mauvaise humeur rime avec placement dans des fonds verts. C’est le résultat d’une étude relayée par l’école de commerce Audencia, qui s’explique par l’aversion à la prise de risque lorsque l’on est déprimé. Et donc, la préférence pour les investissements durables, perçus comme moins risqués.
Votre humeur aurait un impact sur votre investissement, selon Alexandre Garel, enseignant-chercheur en finance à Audencia et co-auteur d’un article paru en août dans la revue Economics Letters.
Deux théories confrontées
Pour connaître l’influence de nos émotions sur notre épargne, il a testé deux théories. D’après la première, en cas de crise, les actifs durables sont privilégiés par les investisseurs qui “les considèrent comme plus fiables et présentant moins de risques structurels, juridiques et de réputation”. En effet, qui dit coup de blues dit aussi prudence dans les décisions d’investissement, selon l’étude.
À l’inverse, il émet également une autre hypothèse qui repose sur l’idée qu’une humeur positive “favorise les comportements pro-sociaux et un plus grand altruisme”. Selon cette théorie, les investisseurs déprimés “auraient tendance à se concentrer sur eux-mêmes et moins sur les autres”. En conséquence, ils placeraient davantage leur argent dans des fonds non durables. A l’inverse, les investisseurs plus heureux, pourraient se montrer plus altruistes et favoriser les investissements durables parce qu'ils profitent aux autres.
Les fonds verts, favoris des investisseurs de mauvaise humeur
En partant du principe qu’une “note de durabilité plus élevée est associée à un risque plus faible”, le chercheur a tâché d'évaluer “l'humeur moyenne des ménages au cours d'un mois donné” apprend-on par Audencia. Ils valident alors la première théorie avancée, puisqu’ils constatent que “lorsqu'il y a une augmentation du pourcentage de personnes en dépression saisonnière, les investissements dans les fonds à durabilité élevée augmentent par rapport aux alternatives à faible durabilité”.
« Nos résultats suggèrent que, lorsqu'il s'agit d'investir dans des fonds communs de placement en actions durables, l'aversion au risque déclenchée par la mauvaise humeur est une cause plus probable d'augmentation des investissements que le bonheur potentiel lié à un comportement altruiste »
, indique Alexandre Garel.
Est-ce à dire que l'humeur des investisseurs s'améliore après avoir investi dans des fonds durables (fonds ISR) ? Rien n’est moins sûr. Par ailleurs, selon Alexandre Garel, il ne faut pas tirer comme conclusion que “la tristesse soit bonne pour l'environnement ou la société”, mais plutôt y voir que les placements financiers durables sont considérés moins risqués pour investisseurs.