Sécurisés et rémunérateurs, les produits d’épargne réglementée, tels que le Livret A et le LEP, sont respectivement plafonnés à 22 950 euros et 7 700 euros depuis 10 et 20 ans. Des plafonds obsolètes en raison de l’inflation ? C’est l’opinion de nombreux Français. Décryptage.
La collecte sur les livrets d’épargne réglementée ne cesse de grimper. Pas moins de 391 milliards d'euros sont placés sur le Livret A. Ce qui représente un bond de 50% en seulement 10 ans.
22 950 pour le Livret A, 7 700 euros pour le LEP
Les raisons de ce succès sont nombreuses. D’une part, le taux de rémunération de ces livrets est attractif. Depuis le 1er février 2023, il est de 3% pour le Livret A, et 6,1% pour le Livret d'épargne populaire (LEP). D’autre part, ces livrets sont synonymes de valeur refuge pour les Français, réticents à placer leur argent sur des produits risqués, d’autant plus dans un contexte d’inflation galopante. Plutôt que consommer, ces derniers préfèrent en effet “renforcer leur épargne afin de pouvoir faire face à des dépenses qui pourraient coûter, à terme, plus cher”, souligne l'économiste Philippe Crevel.
Toutefois, le renforcement de cette épargne de précaution a ses limites. Car ces livrets ont des plafonds réglementaires à ne pas dépasser. Celui du Livret A est fixé à 22 950 euros depuis le 1er janvier 2013. Quant au LEP, son plafond de versement est fixé à 7 700 euros depuis 2002. Des plafonds jugés aujourd’hui insuffisamment par une majorité des épargnants.
Une majorité d’épargnants favorables à la hausse des plafonds
D'après un sondage réalisé par YouGov pour le site d’information MoneyVox, 67% des Français sont en effet favorables à une augmentation du plafond du Livret A, et 68% à un relèvement du plafond du LEP. Et les chiffres fournis par la Banque de France en juillet dernier leur donnent raison. Car “la proportion des comptes dont l'encours dépasse 22 950 euros [sur le Livret A] ne cesse d'augmenter” depuis 2013.
Le débat sur la revalorisation du plafond du Livret A ne date pas d’hier. Déjà, lors de la campagne présidentielle 2012, François Hollande avait promis de faire passer le plafond du Livret A à 30 600 euros, soit le double de ce qu’il était à l’époque. Il s'est finalement limité à une hausse plus modérée du plafond. Mais plus que jamais, le débat est de retour sur la table. Et notamment la question de l'indexation annuelle du plafond du Livret A sur la hausse des prix.
Si Philippe Crevel juge une indexation “souhaitable”, certaines personnes sont en revanche plus sceptiques. C’est notamment le cas de Jean-Yves Mano, président de l'association de consommateurs CLCV. Et pour cause, selon Les Echos, l'encours moyen sur un Livret A à la fin de l’année 2021 était de 5 800 euros. C’est près de quatre fois moins le plafond actuel.
Près d’un LEP sur deux au plafond
Interrogé par MoneyVox sur la question, Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), estime de son côté “qu’augmenter fortement les plafonds donnerait un signal supplémentaire d'incitation à l'épargne, au détriment de la consommation et donc de la croissance”.
Concernant le LEP en revanche, il semble difficile de trouver des détracteurs au relèvement de son plafond. Car le LEP fait le plein. En effet, l'encours moyen sur ce produit était de 5 600 euros en 2021. Et près d’un LEP sur deux était au plafond. Ainsi, le relever de 7 700 euros à 10 000 euros “constituerait un vrai plus pour le pouvoir d'achat des ménages les plus modestes”, estime Aurélien Soustre, représentant de la CGT-banques et assurances au Comité consultatif du secteur financier (CCSF).
Pour rappel, pour être éligible au LEP, il faut avoir un revenu fiscal de référence inférieur au plafond de 21 393 euros pour une personne seule, indique le site du service public. |
En juillet dernier, le gouverneur de la Banque de France s'est déclaré défavorable à un relèvement du plafond du LEP, indiquant que la priorité était déjà que les personnes éligibles au LEP puissent en ouvrir un. “Plus de 18 millions de particuliers peuvent prétendre au LEP, mais seuls 8,5 millions de Français en détenaient un fin 2022”, rappelle MoneyVox.