Kerviel sera fixé aujourd'hui sur son sort. Il est responsable de la perte qu'il a provoquée. Mais il n'est pas seul responsable. Un homme seul ne peut pas dissimuler des pertes aussi importantes aussi longtemps. Mais on préfère aujourd'hui faire le procès d'un homme que celui d'une banque et d'un système. L'affaire Kerviel n'a rien changé. Si les banques ont changé, c'est dû à la crise Européenne.
Quand la crise a éclaté en 2008 et quand les banques ont dû demander d'urgence l'aide du gouvernement, nous avons tous cru que plus rien ne serait comme avant. La spéculation, la prise de risque inconsidérée, dénoncée par les politiques de tous bords, c'était fini. Mais il n'en a rien été. La machine a continué à s'emballer. Malgré les beaux discours et les menaces du gouvernement Sarkozy, la finance a continué sur sa lancée. On ne spéculait plus sur l'immobilier américain mais on s'est mis à spéculer sur la dette Européenne. Et les banques ont acheté massivement de la dette Grecque, Italienne, Espagnole.
Et la crise de la dette Européenne a éclaté.
Et c'est là que tout a changé. Les banques ont à nouveau chaviré. Plus grave, la notion de placements sans risque, l'investissement dans des emprunts d'état, a disparu et c'était un des fondements des marchés financiers. On a du alors imposer de vrais contrôles, une vraie réglementation et les banques ont du abandonner une très large partie de leurs activités de trading, et notamment leur activités de spéculation avec leurs propres fonds propres.
Est-ce qu'on peut dire aujourd'hui que les banques ne ressemblent plus à ce qu'elles étaient en 2008 ?
Elles se sont métamorphosées. Sous la contrainte. Et ce n'est pas terminé. Leur prise de risque a considérablement diminué. Elles spéculent moins, elles hésitent même à prêter aux entreprises tant elles sont frileuses et elles se transforment petit à petit en groupes de distributions de produits financiers, des Carrefour ou des Casino de la finance. Cela n'a rien à voir avec l'affaire Kerviel qui n'a eu aucune conséquence car on préfère faire porter le chapeau à un lampiste mégalo plutôt qu'à une banque et une système financier en totale défaillance de contrôle. Est-ce qu'une affaire Kerviel pourrait encore se produire en France ? Tout est possible mais c'est peu probable car les banques spéculent moins et c'est mieux pour les déposants, pour les actionnaires et pour les contribuables.