Après une attente interminable de quatre ans, la Coupe du Monde a fait son retour ! Depuis deux semaines, le monde vit au rythme de la ferveur populaire pour le ballon rond. Une occasion rêvée pour braquer les projecteurs sur le Brésil. Ses atouts, ses faiblesses, ses échéances... Mais parler du pays aux 5 coupes du monde en tant qu'hôte avec les Jeux Olympiques au monde serait réducteur. Le Brésil ce n'est pas une terre fertile de footballeurs de génie à l'image de Pelé, Zico ou Ronaldo. C'est aussi le pays le plus vaste et le plus peuplé d'Amérique Latine. Avec une superficie de près de 16 fois la France, c'est aussi le cinquième pays du monde par la superficie et par le nombre d'habitants.
Savez-vous pourquoi le drapeau du géant de l'Amérique Latine est-il composé des couleurs jaune et vert ? Elles ne sont pas là pour faire un drapeau harmonieux. Ces couleurs soulignent l'importance de la production de matières premières dans l'économie brésilienne, dont le vert symbolise la forêt et le jaune les richesses aurifères du pays. Moins chatoyant, le noir aurait légitimement toute sa place dans cet étendard. Le Brésil est en effet bien positionné pour prétendre au titre de futur poids lourd pétrolier de la planète grâce à la découverte de gisements géants au large de ses côtes. Mais avant de s'imposer en tant que septième économie mondiale, le Brésil a dû traverser bon nombre d'épreuves, notamment en 1998 et 2002 où il a frôlé la faillite. Il était alors fragilisé par une inflation galopante et par un taux d'endettement difficile à assumer. L'année 2004 marqua ce qu'on a appelé à l'époque le début " du miracle économique brésilien ". Sous houlette de Lula, le pays a su tourner la page de cette décennie perdue avec la mise en place une gestion budgétaire stricte et efficace tout en introduisant un solide système de protection sociale. La première puissance économique de l'Amérique latine a primarisé son économie, tout en devenant dépendant des importations de produits manufacturés venus de Chine, son premier partenaire commercial. L'appétit du premier consommateur de soja et la forte demande en minerai de fer, en pétrole, sucre et autre café de l'Empire du Milieu ont permis au Brésil de ne pas être touché par la crise financière jusqu'en 2010. Mais en 2011, c'est le coup d'arrêt de ce cercle vertueux, le Brésil a commencé à ressentir les premiers effets des secousses de la baisse de l'appétit de l'ogre chinois. La balance commerciale est négative depuis 2009, à - 1,21% du PIB en 2012. Mal orchestrée, la croissance brésilienne, au zénith en 2010 avec près de 8% d'augmentation de PIB, s'effondre et passe à 2,7% en 2011, pour atterrir à moins de 1% l'année dernière. Le pays fut l'un des plus touchés l'an dernier par la crise des émergents, avec l'Inde ou la Turquie...
La deuxième partie de l'année sera très chargée dans la première puissance d'Amérique Latine puisque Dilma Roussef remettra son siège en jeu lors de l'élection présidentielle prévue en octobre. La présidente sortante ou son successeur aura fort à faire pour redonner confiance aux investisseurs de la première puissance d'Amérique du sud. Les vieux démons du Brésil ont d'ores et déjà ressurgi : manifestations, grèves, problèmes d'infrastructure, violence. Alors, les brésiliens auront-ils le coeur à supporter leurs dirigeants comme ils sont derrière la seleçao, leur équipe nationale ?
Le tissu économique brésilien
Le Brésil possède de nombreux atouts pour rebondir. Outre les matières premières, le Brésil tient en effet son rang de puissance émergente grâce à son secteur tertiaire qui représente les deux tiers du PIB et emploie 60% de la population active. Le pays s'est en effet lancé ces dernières années dans la production de services à haute valeur ajoutée, notamment dans les domaines de l'aéronautique et des télécommunications. Preuve de cette mutation économique, des sociétés telles que Banco Santander, Brasil Telecom ou le géant de l'aéronautique Embarer, font partie de l'élite boursière brésilienne. Dans ces domaines, on peut également citer Rede Globo de Televisão, la principale chaîne de télévision brésilienne mondialement connue pour ses telenovelas, des séries télévisées d'assez longue durée. Pour la petite anecdote, depuis 2008, l'un des aéroports de Rio de Janeiro porte le nom de Roberto Marinho, le fondateur de Rede Globo. Un aéroport qui voit décoller les avions construits par Embraer spécialisé dans les avions civils de petite et de moyenne taille, utilisés dans l'aviation régionale, d'affaire et agricole. Preuve de son importance dans son secteur, le titre Embarer, qui figure parmi les plus grandes pondération de l'indice Bovespa, est également coté à New York. Ce passage vers la tertiarisation s'est traduit dans la composition de l'indice Bovespa, l'indice phare de la Bourse de São Paulo du Brésil. Créé en 1968, cet indice est composé de 50 valeurs parmi les plus fortes capitalisations boursières de la bourse de Sao Paulo. Après avoir perdu plus de 20% en 2012, celui-ci a été modifié en septembre 2013 dans son calcul afin de mieux représenter la réalité économique des groupes cotés. Les investisseurs, étrangers et brésiliens, avaient réclamé depuis de nombreuses années un changement du mode de calcul de l'indice en estimant qu'il exagérait le poids des gros exportateurs de matières premières. La révision de l'indice qui est effective depuis le mois de mai évitera dorénavant des surpondérations excessives comme la compagnie pétrolière OGX qui lors de sa baisse de 90% de sa valeur a entraîné une dégradation de l'indice de 12% sur l'année 2013. Ce n'est pas pour autant que la place phare brésilienne s'est délestée définitivement de son secteur pétrolier. Parmi les acteurs de ce secteur stratégique, comment ne pas citer le géant Petrobras. Basé à Rio de Janeiro, le groupe est spécialisé dans la recherche, extraction, raffinage, transport et vente de pétrole. Preuve de son importance dans l'économie brésilienne et mondiale, c'est d'ailleurs à ce jour la deuxième plus grande pondération de l'indice Bovespa derrnière Itaubanco, la banque brésilienne.
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