Depuis le 1er février, le taux du Livret d'épargne populaire (LEP) est passé à 6,1%. Une aubaine pour les épargnants les plus modestes, qui ne peuvent toutefois placer que 7 700 euros sur ce livret. Un plafond près de trois fois inférieur au Livret A, qui, s’il était revalorisé, pourrait convaincre plus de Français d’en ouvrir un. Décryptage.
6,1%, c’est le taux fixé pour le Livret d'épargne populaire (LEP) depuis le 1er février 2023. C’est six fois plus que le 1er janvier 2022, où il était seulement de 1%, avant d’atteindre 4,6% en août. De fait, ce produit d’épargne réglementée est, de loin, devenu le plus attractif des produits d’épargne, pour ses heureux détenteurs, soit 8,5 millions de Français en 2022.
Au maximum 7 700 euros sur votre LEP
Malgré son taux record, le plus haut de son histoire, le LEP ne fait pourtant pas le plein, contrairement à son grand frère le Livret A, détenu par plus de 80% de la population selon la Banque de France. Alors certes, le produit d’épargne préféré des Français, dont le taux est fixé à 3% depuis le 1er février 2023, n’est pas comparable au LEP. Car contrairement à ce dernier, réservé à ceux qui ne paient pas ou peu d’impôts, le Livret A ne présente pas aucune contrainte d’accès.
Pour autant, on ne saurait expliquer le manque d’intérêt pour le LEP uniquement par son accès plus restreint. En effet, plus de 18 millions de particuliers peuvent y prétendre, mais seule une petite moitié d’entre eux en ouvre un. Si la méconnaissance de ce livret est une cause plausible de son manque de succès, malgré la campagne de communication du fisc menée l'an passé pour accélérer sa diffusion, la raison est peut-être ailleurs. Et elle pourrait être liée à son plafond de versement.
Aujourd’hui, vous pouvez déposer au maximum 7 700 euros sur votre LEP, contre trois fois plus d’argent sur le Livret A : 22 950 euros. Ainsi, si vous avez placé le maximum autorisé sur votre LEP, vous pouvez espérer plus de 460 euros d’intérêts annuels.
5 600 euros en moyenne sur chaque LEP
Bon nombre de particuliers éligibles pourraient donc être davantage séduits par ce livret si son plafond de versement était réhaussé. Sachant que “l'encours moyen actuel sur ce produit est élevé”, affirme l'économiste Philippe Crevel à MoneyVox, “il ne serait pas choquant de relever le plafond de 7 700 à 10 000 euros” ajoute Aurélien Soustre, représentant de la CGT-banques et assurances au Comité consultatif du secteur financier.
“C'est une barre symbolique qui, en plus, aurait le mérite d'être facilement retenu par les conseillers bancaires qui doivent en faire la promotion auprès de leurs clients éligibles”, explique encore Aurélien Soustre à MoneyVox. Et les derniers chiffres de la Banque de France leur donnent raison, puisque l'encours moyen ce produit était de 5 600 euros en 2021. De fait, de nombreux bénéficiaires du LEP sont au plafond.
Rehausser les plafonds de versement pour suivre l’inflation
Pour autant, « exceptées des hausses ponctuelles [...] les plafonds de versement ne bougent pas », constate Aurélien Soustre. C’est le cas pour le LEP, mais également pour le Livret A, dont le plafond n’a par exemple pas été actualisé depuis le 1er janvier 2013, soit plus de dix années. Ce que déplore Aurélien Soustre, ainsi que Philippe Crevel, qui considèrent que les plafonds de versement devraient être revalorisés au rythme de l'inflation pour davantage protéger l'épargne de précaution des Français.
Un relèvement du plafond de dépôts sur le LEP est-il à l’ordre du jour ? Aucune information allant dans ce sens n’a filtrée à ce jour à Bercy. De son côté, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau n’en fait pas une mesure prioritaire, a-t-il confié l’été dernier à MoneyVox. Son objectif premier est de favoriser l’ouverture de “millions de LEP supplémentaires dans les années qui viennent”, a déclaré François Villeroy de Galhau lors d’une conférence de presse, considérant que “le vrai produit d'épargne populaire doit être le LEP”.
