Le ministre de l'Economie et des Finances a expliqué sur Franceinfo qu'il ne fermait pas la porte à une revalorisation du taux du Livret A, à condition que le gouverneur de la Banque de France le lui recommande.
Invité le 3 mai sur le plateau du “8h30 franceinfo” de la chaîne du service public, le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire a été interrogé sur une possible revalorisation du taux du Livret A au 1er août, après celle intervenue en février. Réponse de l’intéressé : “nos compatriotes doivent savoir que si l’inflation amène le gouverneur de la Banque de France à faire une proposition d’augmentation de ce taux [du Livret A, NDLR], je suivrai la recommandation du gouverneur”.
Une revalorisation du taux du Livret A possible en raison de l’inflation
À cette occasion, il en a profité pour rappeler sa première responsabilité en tant que ministre de l’Economie et des Finances : “protéger l’épargne des Français, surtout en période de crise”. Pour ce faire, il ne compte toutefois pas revaloriser le taux du placement préféré des Français à un niveau qui outrepasserait les recommandations de l’institution.
Selon le locataire de Bercy, un taux qui fluctue trop fréquemment, et trop amplement selon les aléas du marché, “empêche d’avoir une visibilité sur la politique financière du gouvernement”. C’est également la raison pour laquelle au 1er mai, le Gouverneur n’a pas proposé d’augmentation anticipée du taux du livret A, bien qu’un arrêté du 27 janvier 2021 le lui permettait. Il jugeait alors qu’une révision intermédiaire du taux était “défavorable au coût de financement de l'économie”.
Un taux théorique qui dépasse la barre des 4%
Pour rappel, le taux du Livret A est actualisé chaque semestre, au 1er février et au 1er août, selon le résultat d'une formule de calcul intégrant deux variables, l'inflation et les taux interbancaires sur les six derniers mois.
Le site d’information MoneyVox a déjà sorti la calculatrice. Selon le média, le futur taux du Livret A devrait tourner “autour de 4,3%, contre 3% actuellement”. Mais ceci, à la condition que François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque, suive à la lettre la formule de calcul. Ce qu’il n’est pas obligé de faire.
En effet, le gouverneur “dispose d'un pouvoir de dérogation « en cas de circonstances exceptionnelles »”, rappelle MoneyVox. Et il en a déjà fait usage par le passé. Car techniquement, au 1er février, le taux du Livret A aurait dû être de 3,3%, et non pas de 3%. En janvier 2022 également, François Villeroy de Galhau avait proposé de l’arrondir à 1% au lieu de 0,8%, au bénéfice, cette fois-ci, des 55 millions d’épargnants.
Les banquiers et la Caisse des Dépôts font front
Alors que le taux du Livret A a déjà été multiplié par six depuis le début de l’année 2022, en passant de 0,5% à 3%, un certain nombre de banques tirent déjà la sonnette d’alarme. Alors qu’elles “voient le coût de leurs ressources flamber, elles ne profitent pas en retour de la remontée des taux d'intérêt sur les prêts, dont la grande majorité est à taux fixe. Elles militent déjà en coulisse pour éviter une nouvelle hausse”, expliquent les Echos.
Enfin, la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) œuvre, elle aussi, pour que le taux du Livret A ne dépasse pas les 3%. En effet, l’établissement public prête de l’argent à des organismes de logement social à des taux indexés sur celui du Livret A. Donc si ce dernier s’envole davantage, le coût de financement du logement social augmente.