Les médias s'en sont largement fait l'écho récemment, et une nouvelle négociation patronat-syndicats a débuté le 17 février pour tenter de sauver le système : les régimes de retraites complémentaires du secteur privé vont mal, très mal même. AGIRC et ARCCO sont à bout de souffle. Mis en place à une époque où l'espérance de vie post-retraite était brève et où le nombre d'actifs était très supérieur à celui des retraités, ils font face aujourd'hui à une situation inverse : la durée moyenne passée à la retraite dépasse vingt années, et le nombre d'actifs n'est plus qu'environ le double de celui des retraités dont ils assurent les pensions. De surcroît, le chômage de masse pèse sur les cotisations.


    Une menace qui n'épargne personne

    De réformes plus ou moins profondes en mesures techniques diverses, les gouvernements successifs se sont employés à restaurer les régimes, mais les aménagements trop timides n'ont permis que des rémissions dans une détérioration inexorable. Des échéances cruciales sont désormais proches pour ces régimes qui, statutairement, n'ont pas le droit d'emprunter. L'AGIRC, régime complémentaire des cadres, aura épuisé ses réserves d'ici deux à quatre ans au plus ; l'ARCCO, régime des salariés cotisant au-dessus du plafond de la Sécurité sociale (3 170 euros bruts mensuels en 2015), ne tiendra que quatre à sept années de plus. Sans ressources nouvelles, ces régimes se verront obligés d'ajuster brutalement leurs paiements à leurs recettes, générant une baisse de pension immédiate de l'ordre de 10 %.


    La vraie réforme
    demeure devant nous,
    et elle sera douloureuse

    Par ailleurs, si les salariés du privé sont exposés en première ligne, ceux du secteur public ou des grandes entreprises nationales auraient tort de se croire à l'abri. Leurs régimes de retraite, structurellement déficitaires, ne maintiennent les pensions qu'au prix de subventions d'un budget de l'État lui-même déséquilibré et de plus en plus contraint. Tôt ou tard, une réforme profonde s'imposera là aussi, qui aboutira inéluctablement à une moindre générosité du système.


    Sans préjuger de l'issue des discussions en cours, on est en droit d'être pessimiste sur un rééquilibrage rapide. Les données sont connues depuis le 'Livre blanc' présenté par le Premier ministre Michel Rocard il y a vingt-cinq ans et aucun règlement durable n'a vu le jour depuis. Trouver de nouvelles assiettes de cotisations est difficilement imaginable dans une économie qui supporte déjà 47 % de prélèvements obligatoires. Aucune des trois solutions de base possibles ne fait consensus : les Français et les syndicats rejettent l'idée d'un nouveau report de l'âge de la retraite, le patronat est vent debout contre une hausse des cotisations et personne n'admet la possibilité d'une baisse du niveau des pensions.


    C'est pourtant bien cette dernière qui se profile ; elle a d'ailleurs démarré de façon insidieuse avec le report de la hausse en 2013, puis le gel en 2014 des pensions complémentaires au motif d'une très faible inflation ; d'autres mesures telles la hausse de la CSG de certains retraités ou la fiscalisation des compléments de pensions des retraités ayant élevé au moins trois enfants ont écorné un peu plus le niveau des pensions. Mais ces mesures destinées à colmater des déficits à court terme ne sont que des pis-aller. La vraie réforme demeure devant nous, et elle sera douloureuse, en particulier pour les cadres. Les taux de remplacement (pension versée/revenu d'activité) chuteront dans les dix ans à venir.


    Préparer longtemps en avance son complément de revenu

    Si l'on veut éviter une chute sensible de son niveau de vie lors du passage en retraite, il n'est d'autre choix que d'épargner. Plusieurs solutions existent, qui seront d'autant plus efficaces et aisées à financer que l'effort d'épargne interviendra tôt dans la vie active. Prenons un exemple minimaliste : sans le moindre apport initial, une économie indolore d'un euro par jour pendant toute une vie active (42,50 ans), placée prudemment à 3 %, taux quasi séculaire du rendement de l'épargne (que l'on peut améliorer sans prendre de risque majeur), aboutit au terme à une somme de 25 000 euros autorisant une rente d'un peu plus de 80 €/mois. C'est modeste, mais pas complètement négligeable en regard du faible effort fourni.

    De nombreux moyens s'offrent au futur retraité pour constituer son capital


    Imaginons ensuite un apport de 100 euros par mois à un rythme de 4,50 % l'an, impliquant une incursion limitée sur les marchés financiers, sur la même durée. Le capital obtenu s'élève alors à 129 000 euros, générant une rente de l'ordre de 425 €/mois. C'est une autre dimension, pour un effort qui reste accessible à beaucoup.


    On pourra objecter que les premières années de carrière ne permettent pas toujours une épargne, ou que celle-ci est d'abord dirigée vers l'acquisition d'un logement. Ces quelques chiffres sont simplement avancés pour démontrer la puissance de l'effort prolongé et des intérêts capitalisés. Pour savoir comment optimiser votre retraite, faites la simulation >


    Plusieurs solutions efficaces

    De nombreux moyens s'offrent au futur retraité pour constituer son capital ; certains, cependant, qui combinent des aspects techniques à un avantage fiscal, sont plus particulièrement adaptés à cette perspective :

    • tout d'abord, le PERCO (plan d'épargne retraite collectif) qui n'est généralement ouvert que par des entreprises d'une certaine envergure. Les salariés qui peuvent en bénéficier doivent s'y intéresser. Les sommes versées issues des résultats de l'entreprise sont exonérées d'impôt, et la sortie à la retraite, par défaut sous forme de rente, peut aussi se faire en capital dès lors qu'un accord d'entreprise le prévoit, sans fiscalité dans les deux cas. Surtout, l'abondement le plus souvent versé par l'employeur, qui peut être généreux, conduit à une rentabilité difficilement égalable ;
    • ensuite, le PERP (plan d'épargne retraite populaire), outil désormais bien intégré au paysage patrimonial français. Basé sur un contrat de capitalisation, il permet de faire prospérer un capital de façon diversifiée. Les sommes déposées sur un PERP procurent un avantage fiscal croissant avec le taux marginal d'imposition sur le revenu. Le PERP présente cependant deux inconvénients significatifs : le levier fiscal est faible voire nul pour les revenus modestes, et la sortie ne s'effectue que sous forme de rente viagère, seuls 20 % du montant atteint pouvant être récupérés en capital ;
    • l'assurance vie constitue aussi un excellent vecteur en vue de gonfler les revenus à la retraite, grâce à une souplesse sans équivalent. Dès lors que le contrat a plus de huit ans, il est possible d'en tirer un revenu défiscalisé dans certaines limites fonction des intérêts et plus-values accumulés, et faiblement fiscalisé au-delà (7,50 % maximum), par des rachats partiels réguliers ou non. L'assurance vie peut aussi servir une rente partiellement exonérée d'impôt ; l'abattement varie ici selon l'âge du demandeur lors de la mise en oeuvre de la rente ;
    • enfin, le PEA et/ou PEA/PME est aussi tout à fait adapté à un objectif retraite. Bien géré, il peut procurer un rendement élevé et, au-delà de huit ans d'âge là encore, offre deux sources de revenus : en capital, sous la forme de rachats sans impôt à la discrétion du titulaire du compte, ou encore, ce qui est beaucoup moins connu, sous forme d'une rente viagère entièrement défiscalisée, assise sur tout ou partie des sommes accumulées. Le mode de gestion du PEA, qui ne prévoit pour l'essentiel que des actions, ne convient toutefois pas à tous les épargnants.
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    Rédaction meilleurtaux Placement

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