Depuis quelques années, les épargnants en assurance-vie se sont habitués à la baisse des rendements des fonds en euros. L'année 2017 ne fait que confirmer cette tendance avec une moyenne de rémunération d'environ 1,5 %. Si elle se reflète dans le classement 2017 des contrats, il n'empêche que cette baisse est très loin d'être homogène avec d'importantes disparités.
Sommaire :
- Une érosion très bien maîtrisée par les assureurs
- D'importantes disparités de rémunération
- L'assurance-vie reste une excellente épargne
- Le succès croissant des fonds euros immobiliers
- Un pilotage devenu indispensable
Une érosion très bien maîtrisée par les assureurs
Si cette baisse des taux de rémunération est conjoncturelle, elle trouve également son origine auprès des assureurs eux-mêmes. Ceux-ci souhaitent en effet disposer d'une marge de manœuvre leur permettant de garantir les capitaux déposés sur les fonds en euros sans trop entamer leurs réserves.
Avec 80 % des placements en assurance-vie, les fonds euros restent la préférence des épargnants français. Les assureurs pour leur part se montrent bien moins attirés, ce en raison de la garantie de rémunération du capital qui les lie avec les fonds en euros au nom de l'effet cliquet.
Les assureurs ont donc tout intérêt à pousser leurs clients, même peu friands, à souscrire des fonds en unités de compte. Si ces placements se révèlent plus offensifs, mais aussi plus volatils, ils coûtent bien moins chers aux assureurs que ceux en euros.
Il est toutefois vrai que le taux d'emprunt typique qu'est l'obligation d'État assimilable du trésor sur 10 ans (OAT 10 ans) est en baisse. De presque 6 %, il y a 10 ans, la rémunération de ce type d'emprunt est aujourd'hui inférieure à 1 %.
Il faut toutefois savoir que cette rémunération des OAT ne représente que quelques dizaines de mil-liards alors que l'encours de l'assurance-vie en 2017 dépasse les 1 300 milliards, uniquement en ce qui concerne les fonds euros.
Les compagnies d'assurances disposent donc de réserves importantes de plus-value accumulées. D'après le cabinet Facts & Figures, elles ont même quadruplé depuis 2012 et représenteraient plus de 7 % de l'encours global.
Rien ne s'opposerait dès lors à ce que les assureurs ajoutent 0,5 point au taux actuellement servi, et ce durant plusieurs dizaines d'années. Cette optique n'est visiblement pas celle de Bernard Delas, le président de l'autorité de tutelle qu'est l'APCR. Celui-ci a en effet déclaré : " le marché doit priori-tairement s'attacher à constituer les provisions qui lui permettront de faire face à ses engagements, quelles que soient les circonstances ".
Concrètement, ce message destiné aux assureurs se traduit par : " Allez-y doucement sur les rendements ! ".
D'importantes disparités de rémunération
Si de nombreux assureurs ont parfaitement assimilé le message du président de l'ACPR, d'autres ont fait un choix inverse et continu de rémunérer les fonds euros à leur juste valeur.
Comment expliquer en effet que le contrat Sérénipierre, un fonds patrimonial géré par Suravenir, affiche 2017 une rémunération brute de 3,80 % alors que dans le même temps certains fonds de la CNP ne génèrent qu'un gain de 0,8 % ?
L'assurance-vie reste une excellente épargne
Contrairement aux messages récurrents volontairement inquiétants de certains, l'assurance-vie se porte bien en 2017. Pour preuve le classement 2017 des meilleures assurances-vie, publié par Meil-leurtaux.com. On y trouve ainsi plus d'une dizaine d'assureurs qui offrent des gains compris entre 2,65 et 4,05 %.
Entre les valeurs les plus hautes et celles les plus basses, ce sont des centaines de contrats associés à des rémunérations extrêmement variables.
Il est donc plus important que jamais de comparer les gains d'un maximum de contrats sur une longue période avant de s'engager. L'assurance-vie reste en effet un placement avantageux sur le moyen et surtout le long terme et ne peut donc pas se juger sur le rendement d'une seule année.
Le succès croissant des fonds euros immobiliers
Depuis quelques années, les fonds immobiliers rencontrent un réel succès auprès des épargnants. Ces fonds dynamiques au capital garanti constituent ainsi un excellent complément au fonds euros classiques. Ce type de fonds se révèle également plus stable et moins risqué que les unités de compte investies sur les marchés boursiers.
À titre d'exemple, citons le contrat du fonds patrimonial Sérénipierre, géré par Suravenir, qui en 2017 sert une rémunération de 3,40 %. Est également bien rémunéré le fonds Euro Allocation Long Terme avec des gains de 3 %.
Que les épargnants ne s'emballent toutefois pas trop vite sur ce type de fonds, car les assureurs se montrent particulièrement restrictifs. Les assurés ne peuvent en effet qu'investir une part limitée sur ces fonds immobiliers, les assureurs imposant de détenir parallèlement une part en unités de compte.
Un pilotage devenu indispensable
S'il apparaît clairement que le contrat mono-support en fonds euros est en voie de disparition, une part de fonds euros dans un contrat multisupport demeure irremplaçable pour la sécurité de son patrimoine.
Associé à une part de fonds en actions et une autre de fonds patrimoniaux, le fonds en euros com-pose ainsi une base d'épargne optimisée. En contrepartie de cette optimisation, l'épargnant doit veiller à un pilotage efficace de son placement afin d'équilibrer rentabilité et sécurité.
Que ce soit sous la forme d'un mandat de gestion, d'une gestion pilotée ou profilée, ce sont divers moyens qui sont mis à la disposition des épargnants. Internet apporte également son flot d'informations, dont les classements périodiques des assurances-vie les plus performantes.
Déjà riche de sa longue histoire, l'assurance-vie dispose donc de tous les atouts pour rester un des placements d'épargne des Français pour les décennies à venir. Les évolutions qui apparaissent au fil du temps ne sont donc finalement que les signes évidents de la vie intense de l'assurance-vie qui continue de porter fièrement ce titre pour le moins rassurant.