L’intelligence artificielle gagne du terrain dans la vie financière des ménages, mais son rôle reste circonscrit: utile pour éclairer et ordonner, moins pour trancher. Un sondage YouGov réalisé pour MoneyVox indique que la majorité des épargnants refusent de confier la gestion de leur épargne à l’IA, même si certains s’en servent comme aide à la décision.
- La majorité des épargnants restent opposés à l’IA pour gérer l’épargne (YouGov pour MoneyVox).
- Atout principal: structurer les démarches et gagner du temps.
- Points faibles: erreurs, omissions, réponses contradictoires, besoin de vérification.
- Vigilance sur la confidentialité; chatbots bancaires jugés insuffisants (ex. BoursoBank).
Structurer les démarches, un atout mis en avant
Fabrice, un sexagénaire qui prépare une transmission à ses enfants, raconte: « J'étais perdu entre les abattements, les règles, ce qu'on peut faire sans notaire et ce qui nécessite obligatoirement un acte, explique-t-il. J'ai tout contextualisé : mon patrimoine, nos âges, les biens immobiliers, les parts de SCI... Et l'IA m'a donné un plan clair, étape par étape. Je connaissais déjà les éléments, mais elle m'a tout remis dans l'ordre. »
Pour lui, la valeur ajoutée tient à l’organisation: « Ce n'est pas juste une recherche, elle met les étapes dans l'ordre, elle distingue ce qui est urgent, elle rappelle les plafonds. Et parfois, elle cite les textes. Ça fait gagner un temps fou. » Il nuance toutefois: « Pour avoir une bonne réponse, il faut déjà comprendre un minimum le sujet. Si on pose une question vague, on a une réponse vague. »
Des limites: erreurs, omissions et contradictions
François, un retraité de 68 ans cité par MoneyVox, a commencé à utiliser ChatGPT « depuis un an » et désormais « presque quotidiennement ». Sur la fiscalité de ses plans d’épargne retraite, il a déchanté: « J'avais une question sur la fiscalité, raconte François. L'IA n'a pas su me répondre, j'ai dû vérifier auprès d'un conseiller, puis des impôts. Une fois que j'ai donné la réponse, elle m'a répondu : « oui, bien sûr ». Mais au début, elle était complètement passée à côté. »
Même constat à propos de sa caisse de pension suisse: « L'IA m'a indiqué les cantons les plus intéressants fiscalement, mais elle n'a pas mentionné certaines restrictions importantes, comme les délais de détention ou les frais. Si on s'en tient à ce qu'elle dit, on peut prendre une mauvaise décision. » Il a aussi relevé des réponses changeantes: « Dans une même discussion, j'ai eu deux versions différentes. On lui apporte une info nouvelle, elle change tout de sa réponse. »
Comprendre, oui; décider, non, et prudence sur les données
Les deux utilisateurs posent des garde-fous. Fabrice: « Elle ne remplace pas mes compétences, mais elle me donne la structure. » Côté confidentialité, « Je me connecte en anonyme » et « Je ne veux pas qu'une plateforme ait la totalité de mon patrimoine. Quand il s'agit d'argent, je suis prudent. » François abonde: « Certaines données, je n'ai aucune envie qu'elles se retrouvent quelque part. Aujourd'hui, on ne sait pas assez clairement ce qu'il advient des informations qu'on donne à une IA. » Et de résumer: « Pour comprendre, oui. Pour décider, non ». « L'IA n'est pas un graal. »
Chatbots bancaires encore immatures
François critique l’intégration dans certains services: « De plus en plus de banques remplacent les conseillers par des robots », dit-il. Exemple chez BoursoBank: « Chez BoursoBank, je voulais juste savoir comment détruire une carte métal. L'IA me répondait sur la résiliation de la carte. Rien à voir. On est encore loin de la finesse d'un humain. »