Ces derniers mois, les incertitudes sur les marchés financiers et le manque de visibilité économique sèment le doute chez les investisseurs. Les épargnants réagissent de la même façon et adaptent la gestion de leurs placements en conséquence. Ces changements perturbent la dynamique de certains produits d’épargne, à l’image de l’assurance-vie qui subit une décollecte en octobre.
- L’assurance-vie a subi une décollecte au mois de novembre en raison du manque de visibilité économique et des incertitudes sur les marchés financiers.
- Depuis le mois de septembre, les conditions d’accès aux fonds en euros ont été assouplies pour ralentir les retraits massifs.
- Pour le directeur général de l’association France Assureurs, les difficultés que l’assurance-vie a subies depuis l’été ne dureront pas.
En France, le Livret A et l’assurance-vie constituent les deux produits d’épargne préférés des particuliers. Le premier est apprécié pour sa liquidité et ses avantages fiscaux. Le second, en revanche, séduit par sa diversité et sa flexibilité. Ce placement permet d’investir dans des supports aussi différents que l’immobilier, les obligations, les actions d’entreprises, les ETF et même les devises, ce qui n'est que l'un des nombreux avantages de l'assurance vie. La guerre en Ukraine et ses conséquences sur les marchés boursiers ont à peine altéré son pouvoir de séduction. Les signes d’essoufflement observés depuis le début de l’été seraient donc passagers, estime France Assureurs.
Ralentir la décollecte massive sur les fonds euros
La remontée des taux d’intérêt depuis janvier ravit les épargnants qui privilégient les placements en obligations. Ce phénomène complique en revanche le travail des gestionnaires d’assurance vie, obligés de modifier leur stratégie afin de maintenir l’attractivité des fonds en euros.
Ces supports concentrent actuellement 73 % des encours totaux de l’assurance-vie. À terme, la remontée des taux fera l’affaire des fonds en euros, qui sont investis majoritairement en obligations.
ImportantEn attendant, les assureurs doivent composer avec la concurrence renforcée du Livret A et des autres comptes d’épargne réglementée, qui offrent de meilleures rémunérations.
Depuis septembre, les bancassureurs et les grands promoteurs de contrats vie ont assoupli leurs conditions d’accès aux fonds en euros afin de ralentir les retraits massifs. En octobre, la décollecte nette sur ces supports s’élève à 2,6 milliards d’euros. En dix mois, les sorties nettes se chiffrent à 17 milliards d’euros, contre 5,4 milliards d’euros entre janvier et octobre 2021. Les fonds investis en unités de compte montrent un tout autre visage. 2,4 milliards d’euros ont été placés sur ces supports en octobre et 29,4 milliards d’euros depuis janvier.
Un ralentissement éphémère selon France Assureurs
Certains analystes craignent que la décollecte massive sur les fonds euros se poursuive au cours des 12 à 18 prochains mois. Selon eux, les épargnants seront plus intéressés par les livrets bancaires et les comptes à terme durant cette période.
La perte de valeur des actions et de l’immobilier jouerait aussi en défaveur des fonds en euros. Franck Le Vallois, directeur général de l’association France Assureurs, critique ces prévisions alarmistes et parle plutôt d’un « attentisme » des épargnants dans un climat d’incertitude.
Cela se traduit par un rééquilibrage des flux entrants et sortants sur les contrats vie depuis l’été. Fin juin, la collecte nette sur les contrats en euros et en UC a été de 12,1 milliards d’euros. Au 31 octobre, ce chiffre était de 12,3 milliards d’euros. Les deux mois passés en territoire négatif – août et octobre – ne sont pas étrangers à cette stagnation. Pour Franck Le Vallois, les difficultés de l’assurance-vie depuis l’été ne sont que passagères.