Dans un monde en pleine mutation, les assureurs innovent leur communication et mettent l’accent sur le caractère « vert » et durable des placements. Cette durabilité n’est pas toujours vérifiée ni reconnue par les organismes de certification. Pour éviter les dérives et les pratiques mensongères, l’AMF et l’ACPR montent au créneau.
Pourquoi les assureurs vie insistent-ils autant sur le caractère écologique des fonds qu’ils vendent aux Français ? L’Autorité des marchés financiers a déjà répondu à cette question dans un rapport publié en septembre 2021.
D’après deux études commandées par le gendarme de la Bourse, les Français se montrent de plus en plus sensibles à l’impact environnemental de leurs placements financiers. 76 % des épargnants estiment que le caractère écologique ou solidaire d’un investissement est un argument important. L’enquête montre également que 17 % des sondés possèdent déjà un ou plusieurs placements qualifiés de durables ou responsables. Et cette proportion n’a de cesse d’augmenter.
Renforcer la surveillance des investissements écoresponsables
La publication du rapport de l’AMF en septembre coïncide avec une augmentation constante des offres de placements présentés comme responsables ou solidaires sur les marchés financiers. Les labels de certification suivent la même courbe de progression. Aujourd’hui, un particulier qui réalise une simulation assurance vie trouvera probablement des supports agrémentés d’un label Greenfin, Finansol, CIES ou ISR, pour les produits français. Au niveau européen, les labels FNG, Towards et Luxflag attirent aussi les investisseurs. Seul problème,
Important Les promoteurs exagèrent souvent leur communication concernant les certifications ou le côté écologique et responsable de leurs produits d’épargne.
Ces excès n’échappent pas aux autorités financières européennes, qui multiplient ces derniers mois les contrôles et les rappels à l’ordre. Les gendarmes financiers souhaitent volontiers que tous les distributeurs ajoutent dans leur portefeuille plus de supports d’investissements (unités de compte) favorables à l’environnement. Néanmoins, les autorités veulent s’assurer que la communication des promoteurs est conforme à la réalité et ne constitue pas une manœuvre de greenwashing destinée à leurrer les épargnants.
Un usage démesuré de l’argument écologique
Pour justifier leur intervention, l’AMF et l’ACPR s’appuient sur les résultats d’une enquête de marché commune effectuée en 2021. Les deux organismes ont été « gênés » par les résultats de ce compte-rendu.
Important Selon eux, les assurances-vie vont trop loin dans l’utilisation du développement durable et la préservation de l’environnement comme arguments de vente auprès des épargnants.
Les autorités estiment que le caractère « vert » des placements n’est pas toujours justifié dans la majorité des cas. Cette enquête de marché a mis en évidence l’ampleur des pratiques ou des tentatives d’écoblanchiment des contrats d’assurance vie. Les autorités financières comptent bien endiguer ce phénomène, considéré comme prioritaire par le directeur du contrôle des pratiques commerciales de l’ACPR. Pour Grégoire Vuarlot, le greenwashing des assurances-vie va à l’encontre des intérêts des consommateurs.
L’AMF et l’ACPR travaillent déjà sur une liste de recommandations adressées aux assureurs vie. Les autorités prévoient aussi d’engager des discussions franches avec la place de Paris au courant de l’été, sans toutefois fournir de calendrier précis. Elles rappellent que l’évaluation de l’impact environnemental d’un placement reste une tâche complexe. Une telle opération nécessite d’analyser la composition du contrat et de chaque unité de compte qui constitue le sous-jacent du produit d’épargne.