Comme annoncé par les analystes, les taux d’intérêt à court terme en Europe et aux États-Unis augmentent de nouveau depuis le début de l’année. Sur le papier, ce renversement fait le bonheur des investisseurs en obligations, dont le rendement suit le même rythme que les taux directeurs. Dans les faits, la situation est plus nuancée.
Au cours de la décennie précédente, les taux d’intérêt des banques centrales européenne et américaine ont reculé de manière continue, jusqu’à évoluer en territoire négatif pendant un certain temps. La remontée des taux observée depuis le début de l’année s’apparente donc à une bonne nouvelle pour le monde de la finance. Cependant, la situation suscite des interrogations chez les gestionnaires d’actifs et les assureurs. L’une de leurs préoccupations concerne les fonds contenant au moins une ligne d’emprunt obligataire. Les gérants sont tiraillés entre l’idée de revendre les obligations moins performantes et de les conserver jusqu’à leur maturité.
Les gérants prônent la prudence et l’attentisme
Fin 2021, plusieurs analystes ont prédit une décollecte massive sur les fonds en euros de l’assurance vie en cas de remontée des taux d’intérêt à court terme. Ces projections ont été confirmées en partie : depuis le début de l’année, la part en euros des contrats vie affiche un bilan négatif de -14,4 milliards d’euros. Durant la même période, la collecte nette des unités de compte atteint 27 milliards d’euros, soit 1,3 milliard de plus en un an. Plusieurs raisons expliquent ce désintérêt pour les fonds en euros, à commencer par l’inertie engendrée par les emprunts obligataires.
Ces fonds en euros sont investis majoritairement dans des obligations acquises au moment où les taux étaient très bas. Leur rémunération restera proportionnelle aux coupons d’État, du moins jusqu’à leur échéance.
Les épargnants profiteront des rendements intéressants des obligations émises en 2022 seulement après renouvellement du portefeuille des fonds euros. Et ce processus prend du temps. Aussi, le meilleur moyen de bénéficier de ces taux en hausse est d’ injecter de l’argent dans des fonds nouveaux, par le biais d’un compte titre ou d’un contrat d'assurance-vie.
Les gestionnaires recommandent de cibler les fonds qui répartissent l’argent dans une dizaine d’emprunts obligataires, au moins.
Pour plus de sécurité, mieux vaut s’intéresser aux fonds qui achètent des emprunts dans plusieurs devises différentes. Cette stratégie permet d’amortir le risque de change.
Limiter les risques dans un contexte d’incertitudes
Les appels à la prudence des gestionnaires sont compréhensibles. Ces derniers mois, le marché obligataire est très volatil, sous l’effet des changements de politique des banques centrales. Dans ce contexte incertain, le prix moyen des obligations a reculé de 15 %. Cette dévalorisation affecte en particulier les emprunts à maturité longue, dont certaines ont perdu 35 % de leur valeur depuis le début de l’année.
Paradoxalement,
ImportantCette décrue ouvre de nouvelles portes d’entrée aux investisseurs,
Une accessibilité qui accompagne un risque plus élevé. Le rendement moyen des emprunts obligataires augmente également. L’OAT France à 10 ans sert aujourd’hui un coupon de 2,90 % contre 0,20 % en janvier. Les obligations des grandes entreprises européennes promettent un rendement pouvant atteindre 4,40 %.