Créé en 2016 afin de distinguer les fonds œuvrant en faveur de l’investissement socialement responsable, le label ISR rencontre un franc succès auprès du public. Toutefois, les abus et les tentatives de manipulation de certains gestionnaires ont terni sa réputation. Les critiques ont poussé Bercy à réformer ce label d’ici début 2023.
Le label ISR est censé différencier les fonds qui investissent dans des entreprises ayant un réel impact social environnemental, social et économique. Le processus de certification suit des règles strictes et est réalisé par des organismes indépendants.
En 2022, on recense plus de 1000 fonds labellisés ISR. Plusieurs militants notent que les placements ISR ne respectent pas toujours les critères ESG pourtant indispensables à l’obtention de la marque. Certains supports contiennent des titres d’entreprises intervenant dans des secteurs contestables, tels que :
- Les énergies fossiles ;
- L’armement ;
- Le nucléaire.
La refonte en cours du label ISR devrait rectifier le tir, de nombreux fonds ISR sont par ailleurs déjà disponibles dans les assurance vie ou les PER.
Plus d’intransigeance dans la sélection des fonds
La révision du label ISR sera terminée en début d’année prochaine, selon les plans de Bercy. La nouvelle norme pour distinguer un placement financier responsable se dévoile progressivement, au gré des propositions annoncées par les acteurs impliqués dans le processus. Si la tendance actuelle se poursuit, certains fonds déjà labellisés pourraient perdre leur certification, dans le cas où ils ne procèderaient pas à une remise à niveau de leur portefeuille. Afin d’encourager ces opérateurs, les intervenants dans la nouvelle certification ont publié les principales orientations du futur référentiel. Certaines nouveautés marquent un virage radical par comparaison avec la version de 2016.
C’est notamment le cas de la trajectoire carbone, un indice que les fonds devront afficher dans le futur.
ImportantLes candidats à la labellisation soumettront aussi un plan d’action concret concernant la réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre.
Le volet environnemental aura plus de place dans les critères de sélection. Il est question d’ajouter des exclusions pour les énergies fossiles non conventionnelles et le charbon,
ImportantEn plus de la création d’indicateurs obligatoires pour mesurer l’impact réel des portefeuilles sur les questions sociales, environnementales et de bonne gouvernance.
Selon les défenseurs de la réforme, ces nouveautés conduiront les gestionnaires, promoteurs et intermédiaires à progresser et à améliorer leurs démarches.
Améliorer la visibilité des placements responsables
La révision du label ISR répond donc aux nombreuses problématiques rapportées par les épargnants et par des observateurs depuis plusieurs mois.
ImportantEn mai dernier, la Fintech Epsor estime que 80 % des fonds titulaires du label comptent dans leur portefeuille au moins une compagnie pétrolière, gazière ou liée au charbon fossile.
La même étude conclut que le label a échoué dans sa mission à différencier les fonds respectueux des principes ESG de ceux qui n’ont aucun engagement environnemental ou sociétal. Ces mêmes critiques ont déjà été formulées par l’Inspection générale des finances en 2021. Dans son rapport, l’IGF pointe le manque de crédibilité du label ISR, qui se contenterait d’analyser les processus de gestion des fonds au lieu de scruter de près leur contenu.
À cause de ces lacunes, plusieurs fonds filent entre les gouttes et usent de leur labellisation pour se montrer plus responsables qu’ils ne le sont réellement. Certaines marques ont utilisé le label à des fins d’écoblanchiment ou de greenwashing. Si tout se passe selon les plans du gouvernement, ces pratiques devraient cesser après le remodelage du label ISR.