L’assurance-vie subit un net coup d’arrêt en août, après plus de deux ans de dynamique positive. Pour la première fois depuis la rentrée 2020, le placement enregistre une collecte négative. Cette contreperformance est liée au regain de popularité du Livret A, dont le rendement suit la remontée des taux et le rythme de l’inflation.
En début d’année, le Livret A était encore largement distancé par les fonds en euros et les UC des contrats vie en matière de collecte. Son rendement était encore peu intéressant, avec un taux qui est resté en dessous de 1 % jusqu’en février. Le doublement de sa rémunération au 1er août change la donne.
Cette épargne défiscalisée sert alors un rendement plus élevé que la plupart des fonds euros. Les épargnants ont profité de ce renversement, à en croire les statistiques des deux placements en août. Au-delà du regain de forme du Livret A, l’essoufflement des contrats multisupports se fait sentir.
Des épargnants prudents et des assureurs peu sereins
La décollecte nette enregistrée par l’offre assurance vie en août n’est pas vraiment une surprise. Plusieurs analystes ont anticipé cette éventualité dès les premiers mois de 2022, quand les taux d’intérêt ont commencé à augmenter à un rythme soutenu. Les assureurs eux-mêmes s’attendaient à un resserrement de l’écart entre le contrat vie et le Livret A.
Le directeur général de France Assureurs ne montre ainsi aucun signe d’inquiétude, au moment de dévoiler les mauvais chiffres des fonds euros en août. Pour Franck Le Vallois, le ralentissement de ce placement à objectif patrimonial est logique, compte tenu de la dégradation du contexte économique et géopolitique actuel. Selon lui, tous les signaux du marché poussent les épargnants à attendre et à faire preuve de prudence dans leur placement.
Le directeur de FA précise même que la baisse de forme du mois d’août est « normale », la période estivale étant traditionnellement peu animée pour l’assurance-vie. Franck Le Vallois reconnaît malgré tout l’existence d’un appel d’air créé par le doublement du taux du Livret A. Cette révision de taux a porté un coup dur aux assureurs, qui ne peuvent pas relever rapidement la rémunération des fonds en euros à cause de leur inertie.
Un recul de 1,5 milliard d’euros en un mois
Les commentaires rassurants du président de France Assureurs ne masquent pas les premiers signes d’essoufflement de l’assurance-vie depuis quelques mois. Certes, ce placement continue d’afficher un bilan positif au premier semestre, avec une collecte nette de 12 milliards d’euros durant les sept premiers mois de l’année. Cette statistique globale ne reflète pas le ralentissement de la collecte depuis juin.
Les 600 millions et 800 millions récoltés en juin et en juillet sont nettement en dessous des standards du produit. Le véritable point de bascule est atteint en août : l’assurance-vie accuse un déficit net de 700 millions d’euros, soit une chute de 1,5 milliard d’euros en un mois. Il faut remonter jusqu’en septembre 2020 pour retrouver la dernière collecte négative sur ce placement. Sans surprise, les fonds en euros portent la plus grande part de responsabilité dans cette contre-performance. Les unités de compte, en revanche, continuent de séduire et affichent une balance positive à 1,1 milliard d’euros. Les Unités de Compte ont absorbé 40 % des versements en août.
En effet, l'assurance vie dispose de nombreux avantages en plus du fonds en euros, notamment un grand nombre de supports disponibles, l'absence de plafond et un atout majeur en matière de transmission de patrimoine.