Face à un environnement économique incertain, les ménages français diversifient davantage leurs stratégies patrimoniales. Selon l’Insee, l’épargne retraite connaît une progression notable, dans un contexte marqué par le recul de l’épargne logement et la montée de produits défiscalisés. Ces dynamiques traduisent une reconfiguration durable des comportements des Français en la matière, influencée à la fois par les changements du cadre réglementaire et une volonté accrue de sécuriser leur avenir.
Une majorité de ménages orientés vers l’épargne de précaution
Au début de l’année 2024, plus de 90 % des ménages français possédaient au moins un produit financier. Parmi les supports d’épargne, les placements réglementés conservent une nette avance. Le livret A demeure le plus répandu, devant le livret de développement durable et solidaire (LDDS), le livret d’épargne populaire (LEP) et le livret jeune. Seule une minorité opte pour des livrets imposables, ce qui révèle une sensibilité persistante à la fiscalité. L’accumulation de fonds importante depuis la crise sanitaire, conjuguée à un climat économique incertain et à la hausse des prix, a incité les ménages à privilégier des supports sécurisés.
L’essor progressif de l’épargne retraite et des dispositifs de long terme
Parallèlement à l’épargne de précaution, l’intérêt croissant pour l’épargne retraite marque une inflexion significative dans la gestion du patrimoine financier.
ImportantEn l’espace de trois ans, la détention d’un produit de retraite supplémentaire a progressé de près de 3 points, atteignant 19,1 % en 2024.
Une telle augmentation s’inscrit dans le sillage de la loi Pacte, promulguée en 2019, qui a introduit les PER (Plan d’épargne retraite). Conçus pour être plus flexibles, transférables et fiscalement incitatifs, ces dispositifs rencontrent un écho favorable auprès des actifs soucieux de renforcer leur protection future au-delà des régimes obligatoires.
Les PER individuels, ainsi que les contrats collectifs ou obligatoires proposés par les entreprises, répondent à un double besoin : sécuriser un revenu complémentaire pour la retraite et optimiser la fiscalité.
Nouveaux équilibres dans la gestion du patrimoine
Au-delà des placements financiers traditionnels, le patrimoine des Français demeure majoritairement constitué d’actifs immobiliers, notamment la résidence principale. Plus de la moitié des foyers détiennent à la fois un bien et un capital, tandis qu’une minorité associe également des avoirs professionnels. En revanche, la part des ménages possédant uniquement des matériels résiduels, comme un véhicule ou des équipements domestiques, reste faible.
Enfin, l’assurance vie, autre pilier de l’épargne à long terme, séduit désormais plus de quatre ménages sur dix, témoignant d’un transfert des investissements au détriment de l’épargne logement. Cette dernière subit un recul marqué, sans doute lié à la diminution de ses avantages fiscaux ainsi qu’à la rigidité de ses conditions d’utilisation. Parallèlement, près de la moitié des foyers contractent encore des prêts, principalement immobiliers ou à la consommation.
- La structure de l’épargne des Français révèle un profond réajustement des priorités financières, combinant prudence conjoncturelle et anticipation stratégique.
- Si les livrets d’épargne conservent leur ancrage historique, l’essor de l’épargne retraite et la progression de l’assurance vie traduisent un mouvement de fond vers des placements à horizon long.
- Ce changement s’inscrit dans une logique de responsabilisation accrue face aux défis économiques et démographiques à venir.