Enregistrant plus de vingt millions de souscriptions, l’assurance-vie est sans contexte le chouchou des Français en matière de placement. Les fonds en euros, plus particulièrement, étant donné le penchant de ces derniers pour les supports à capital garanti. Pour autant, les collectes vont être limitées par les assureurs. Un moyen pour eux de faire face aux taux de marchés bas qui semblent perdurer.
Si la baisse au niveau plancher des taux de marchés impacte sur n’importe quel placement financier, les conséquences sont d’autant plus marquées pour les supports en euros.
Certes, les pourvoyeurs de ces contrats ont la possibilité de maintenir un rendement assurance vie raisonnable, mais les circonstances font que différentes mesures soient mises en place afin de tourner l’attention des épargnants vers les unités de compte et ainsi restreindre les investissements garantis.
Cela explique, entre autres, la nette baisse du taux d’intérêt moyen des fonds euros intégraux. À ce propos, certaines compagnies exigent dorénavant un versement mixte, conciliant placements sûr et risqué.
Ce qui est certain, c’est que la garantie du capital investi ne peut plus être totale, à moins que l’assureur ne puisse soutirer en sa faveur quelques frais supplémentaires.
Moins de rémunérations, mais davantage de frais
Garantie du capital, liquidité du placement… Aucun doute, l’assurance-vie en euros fait de son modèle économique son cheval de bataille. Il n’est, de ce fait, plus étonnant si ce support financier attire bon nombre d’épargnants, et ce, quel que soit leur niveau de revenu.
C’est la raison pour laquelle son encours s’élève à près de 1 300 milliards d’euros, soit 80% de la somme totale enregistrée dans les comptes des assurés. 70% de la collecte revient d’ailleurs à ce produit.
Pour autant, il traverse actuellement une zone de turbulence du fait du contexte durable des taux d’intérêt négatifs qui ne profite pas du tout aux assureurs. Sans oublier les contraintes règlementaires et les pressions venant de l’autorité de contrôle ACPR.
De quoi miner sa rémunération, avec une moyenne de 1,40% en 2019 alors qu’elle s’élevait à 1,8% l’année précédente. Certains établissements sont même moins généreux en proposant des intérêts en deçà de 1%.
Une façon pour les compagnies de dissuader sa clientèle de réduire la collecte sur les contrats en euros. Bien qu’elles ne parviendraient pas à leur objectif avec ce simple outil de dissuasion. D’autres stratégies sont alors à mettre en place, à savoir :
- L’augmentation des frais sur les versements en cas d’investissement dans les fonds en euros. C’est bien le cas du Crédit Agricole qui facture des frais de 2% au minimum ;
- Le prélèvement annuel de 0,2% à 1% sur les sommes placées, en termes de frais de gestion ;
- La suppression de la garantie du capital brut pour céder la place à celle de la valeur nette.
Pousser les assurés vers les supports plus dynamiques
Promouvoir les unités de compte est aussi envisagé par bon nombre d’assureurs comme une solution efficace pour limiter l’approvisionnement des contrats en euros. Pour ce faire, une bonification sur le rendement est octroyée en fonction du ratio d’investissement en UC. C’est bien le cas de :
- Generali qui propose à sa clientèle un taux oscillant entre 1% et 1,50%, avec son AGGV (Actif Général Generali Vie) ;
- Swiss Life qui propose une rémunération de 1%, mais pouvant aussi remonter jusqu’à 2,50%.
Certaines compagnies vont même jusqu’à « forcer » la main à leurs clients, en conditionnant l'accès à leur support garanti à une part de placement plus dynamique. AG2R La Mondiale, par exemple, exige un investissement minimum de 35% en UC, voire 45% si le montant versé dépasse les 250 000 euros, afin de pouvoir en placer sur des fonds en euros. Afer aussi demande un versement d’au moins 30% en UC pour un placement total de plus 100 000 euros.
Pour certains établissements, la réduction de la garantie du capital apparait comme la solution idéale. En effet, comme le cas d’Apicil qui offre une meilleure performance sur ses fonds en euros à condition de ne garantir que 96% du montant versé. Au fondateur du site GVfM ou Good Value for Money, Cyrille Chartier-Kastler, d’affirmer :
Près de 60 % des contrats ouverts à la souscription ne proposent plus une garantie totale sur les fonds en euros, mais partielle.
Cyrille Chartier-Kastler