Les taux de marchés historiquement bas n’arrangent pas du tout le sort des placements à capital garanti. Le livret A a connu un gel de son taux de rémunération pendant cinq ans avant de le voir se régresser. L’assurance-vie en euros, quant à lui, a enregistré une baisse tendancielle de son rendement. Un fait qui ne diminue en aucun cas l’appétence des Français pour ces supports d’épargne.
Le livret A et l’assurance-vie ont été et demeurent les chouchous des Français en matière de placement. Pour preuve, ils disposent respectivement d’un encours de quelques centaines à plus d’un millier de milliards d'euros.
Des chiffres en continuelle progression, ce, en dépit des mesures restrictives instaurées et par le gouvernement et par les établissements d’assurances. Celles-ci visant à orienter les épargnants vers des investissements à long terme, plus risqués, mais qui sont évidemment mieux récompensés.
Pour autant, les Français semblent faire montre de fidélité en ce qui concerne leur préférence, priorisant la sécurité de leur fond avant la rentabilité. Il faut dire que le contexte actuel impacte sur leur choix.
Les placements sécurisés, toujours appréciés malgré les nombreuses mesures dissuasives
Pour les épargnants français, le choix semble être certain. Entre la sécurité et la rentabilité de leur placement, la première prime.
Ce qui explique la hausse exponentielle des encours des fonds en euros, à raison de leur énorme proportion dans les 1 789 milliards d’euros des contrats vie globaux en janvier dernier.
Un exploit qui proviendrait du dynamisme de la collecte qui a dépassé la barre des 11 milliards bruts (11,8 milliards pour être exact), pour une collecte nette en hausse de 500 millions d’euros.
Un signe d’engouement quelque peu contradictoire, si l’on en juge par la tendance dégressive du rendement assurance vie, notamment celui de ces supports à capital garanti. En effet, ces derniers rapportent en moyenne 1,4%, d’après les confirmations des assureurs pour le compte de l’année 2019.
Un taux sensiblement en baisse – de 30 à 40 points de base – par rapport à la rémunération de 2018 qui s’élevait à hauteur de 1,8%.
Et pourtant, le ministère de l’Économie ainsi que les pourvoyeurs d’assurance-vie font des pieds et des mains pour promouvoir les UC, notamment le CAC 40 qui est, il faut le reconnaître, exposé à la volatilité du marché boursier. En tout cas, l’efficacité semble être au rendez-vous puisque 2019 a été une année de vache grasse pour ce support d’investissement, avec 26% de gain engrangé.
Force est également de reconnaître que la part des UC dans les contrats vie est en forte croissance, passant de 24% à 34% entre septembre 2019 et janvier 2020. L’envolée des marchés y étant pour beaucoup, l’on s’attend alors à un retournement inattendu de la situation. Comme l’a supposé Philippe Crevel, le président du Cercle de l'Épargne, dans ces propos :
Si les marchés se retournent, les épargnants pourraient vite revenir vers la sécurité.
Philippe Crevel
Les Français sont de nature prudente et le resteront
Il n’y a pas que l’assurance-vie en euros qui arrivent à nager à contre-courant. Le livret A maintient également sa tête hors de l’eau même si durant les cinq dernières années, il a subi un gel de son taux. Une décision qui l’a fait perdre son objectif principal qui est de préserver les fonds des épargnants contre l’inflation.
Le rendement de ce produit réglementé continue sur sa pente descendante, avec son 0,5% d’intérêt depuis le mois de février 2020. Ce qui ne l’empêche pas pour autant de garder sa place sur le podium des placements les plus plébiscités des Français. Et il faut dire que les preuves de cette appétence sont irréfutables :
- 55 millions de livrets ouverts à la fin 2019 ;
- Un niveau record de l’encours atteint à 302,7 milliards d’euros ;
- Une collecte supplémentaire de 4,13 milliards d’euros, à en croire les données communiquées par la CDC (Caisse des Dépôts et Consignes) le 24 février dernier.
Une situation qui pourrait étonner plus d’un, d’autant que sa rémunération est nettement inférieure en comparaison avec celle de l’assurance-vie. Mais il y a des explications à cet engouement :
- Les atouts que revêt le livret A (liquidité et exonération d’impôt) ;
- Le climat d’inquiétude suscité, notamment, par la guerre commerciale sino-américaine ;
- La propagation du coronavirus Covid-2019.
À Philippe Crevel de conclure :
Les Français pourraient être tentés d'aller chercher encore plus de sécurité.
Philippe Crevel