Le taux du livret A a doublé depuis le 1er août, passant de 1 % à 2 %. De même, le livret d’épargne réglementé sert désormais 4,6 %. Ce changement, motivé par la hausse des taux d’intérêt, fait revenir les épargnants sur les livrets réglementés, au détriment des fonds en euros.
Quel est le placement préféré des Français ? À cette question, deux camps s’opposent : d’un côté, il y a ceux qui défendent bec et ongles le livret A et le livret d’épargne populaire, deux produits réglementés au capital garanti. De l’autre côté, les adeptes de l’assurance-vie vantent son rendement supposément plus alléchant et l’absence de limite de versements.
En période de taux bas, les épargnants recherchent la performance et la sécurité sur les fonds en euros. L’inertie de ces contrats se révèle toutefois pénalisante quand les taux remontent, comme c’est le cas depuis le début de l’année. Cette situation favorise l’épargne réglementée.
Un possible rebond des fonds euros en 2022
Comme annoncé par les analystes depuis plusieurs mois, l’ assurance vie subit une décollecte plus ou moins massive depuis la remontée des taux d’intérêt. Ces rachats concernent surtout les fonds euros, dont la rémunération ne peut pas suivre la hausse des taux sur les marchés.
Les assureurs en sont bien conscients et envisagent d’activer certains leviers, pour les rendre plus attractifs. Certains établissements commencent à puiser dans leurs réserves afin de « bonifier » les taux servis sur les contrats en euros. Des analystes anticipent ainsi un rendement de l'assurance vie situé entre 1,60 et 2 % sur les contrats individuels. Ces chiffres montrent une réelle progression par rapport au taux moyen de 2021.
Chez CNP Assurances, certains experts tablent même sur un rendement supérieur à 2 % cette année, grâce à la mobilisation des fonds constitués à partir des provisions pour participation aux bénéfices ou PPB. Néanmoins, cette rémunération n’est pas encore garantie. Le directeur général de l’assurance précise que le rendement réel dépendra :
- De l’évolution du marché ;
- Du rythme de la remontée des taux ;
- De la part d’UC dans les contrats.
Thomas Behar partage l’avis des professionnels du secteur, selon lesquels il est trop tôt pour prédire la performance des fonds en euros et des UC en fin d’année.
Un recul des encours et une décollecte sur les fonds euros
Contrairement aux contrats d’assurance-vie, les livrets réglementés profitent de la hausse des taux. Le Livret A affiche ainsi une collecte de 2,6 milliards d’euros en juillet et 19,04 milliards d’euros durant le premier semestre. L’encours du placement, combiné à celui du LDDS, s’élève à 488,7 milliards d’euros au 30 juin. Cette tendance contraste beaucoup avec la perte de vitesse de l’assurance-vie, dont les cotisations nettes plafonnent à 800 millions d’euros en juillet. Malgré ce ralentissement, la collecte brute sur les sept premiers mois de l’année caracole à 88,4 milliards d’euros. Il faut remonter en 2010 pour voir une telle performance.
Sans surprise, les unités de compte et les souscriptions via un plan d’épargne retraite ont boosté les ventes d’assurance-vie. Ces supports ont capté 41 % des versements. En raison du poids croissant des UC dans les contrats, les encours totaux de l’assurance-vie reculent de 1,5 % pour s’établir à 1 850 milliards d’euros fin juillet. En plus de la volatilité des marchés, de la remontée des taux et de l’inflation galopante, la décollecte nette sur les fonds en euros a favorisé cette baisse des encours. Entre janvier et juillet, ces fonds enregistrent 10,5 milliards d’euros de sorties nettes.