Souvent vue comme un simple outil d’épargne, l’assurance vie est aussi un levier clé pour transmettre son patrimoine. Elle permet de léguer un capital à ses proches avec une fiscalité avantageuse, tout en échappant en grande partie aux règles strictes de la succession classique. Mais comment ça fonctionne ? Quelles sont les règles fiscales ? Quels sont les délais et démarches à suivre ? Faisons le point sur la succession de l’assurance-vie.
L'essentiel à retenir :
- L'assurance vie offre un cadre avantageux pour la transmission de capital, avec des abattements fiscaux significatifs pour les bénéficiaires désignés, optimisant ainsi la succession.
- Les sommes versées avant 70 ans bénéficient d'un régime fiscal spécifique, permettant une exonération partielle des droits de succession jusqu'à un certain seuil, contrairement aux versements plus tardifs.
- La clause bénéficiaire est cruciale : elle permet au souscripteur de désigner précisément les personnes qui recevront les fonds, offrant une flexibilité successorale et une adaptation aux situations familiales.
- L'administration fiscale applique des règles distinctes selon l'âge du souscripteur au moment des versements, impactant directement les droits de mutation applicables aux capitaux transmis.
- En l'absence de bénéficiaire désigné ou en cas de renonciation, le capital de l'assurance vie réintègre l'actif successoral, suivant les règles classiques de dévolution successorale et perdant certains avantages fiscaux.
Assurance-vie et succession : quelles différences ?
La particularité de l'assurance-vie est que, contrairement à d’autres produits d’épargne, elle n’intègre pas l’actif successoral de son détenteur à son décès (dans certaines limites). Dès lors, elle permet de transmettre un capital en dehors du cadre traditionnel de la succession : règles de répartition selon le lien et le degré de parenté, respect de la réserve héréditaire, etc.
De plus, par rapport à un héritage classique, l'assurance-vie simplifie, accélère la transmission et offre une fiscalité plus favorable.
Quels avantages de l’assurance vie dans le cadre d’une succession ?

Transmettre un capital à ses proches tout en allégeant la fiscalité, c’est l’un des grands atouts de l’assurance-vie.
- Transmission hors succession : le montant est versé directement aux bénéficiaires désignés. Aucun blocage des fonds n'intervient, même en cas de litige successoral (contrairement aux biens hérités).
- Fiscalité allégée : jusqu’à 152 500 euros peuvent être transmis sans imposition, et ce par attributaire (primes versées avant 70 ans).
- Une grande liberté : vous pouvez librement choisir vos ayants droit (compagnon, famille, ami, association...). Et vous avez la possibilité de les modifier à tout moment.
- Protection renforcée : la transmission est rapide et souple (délai de versement court). Elle offre une sécurité juridique, car les sommes échappent aux contestations entre héritiers.
Exemple concret : Sophie, 58 ans, verse 180 000 euros sur son assurance-vie en désignant ses deux descendants. À son décès 12 ans plus tard, chaque enfant reçoit 90 000 euros, sans payer de taxes et sans entamer leur abattement successoral de 100 000 euros.
Besoin d’un accompagnement personnalisé pour préparer votre succession ? N’hésitez pas à prendre contact avec un professionnel pour bénéficier de conseils sur mesure et faire les bons choix pour votre transmission.
Comment désigner les bénéficiaires de votre assurance vie ?

Lors de la souscription d'une assurance vie, il est essentiel de rédiger précisément la clause bénéficiaire. Par défaut, les contrats prévoient une stipulation standard désignant le conjoint ou les descendants, mais vous avez la possibilité de la personnaliser. Voici quelques conseils pour bien la rédiger :
- Soyez précis : indiquez clairement les noms, prénoms, dates de naissance et adresses des receveurs pour éviter toute confusion. Évitez les termes flous comme "mes héritiers".
- Prévoyez des bénéficiaires de second rang : si le premier attributaire décède avant vous, il est conseillé de prévoir un remplacement (exemple : "à mon conjoint, à défaut à mes enfants"). Terminez par "à défaut, mes héritiers" pour éviter la déshérence.
- Anticipez les évolutions familiales : en cas de divorce ou de naissance, pensez à mettre à jour la stipulation.
Bon à savoir
Un proche désigné peut refuser le capital. Pour éviter toute contestation, formalisez la clause avec un officiel public.
Fiscalité de l'assurance vie en cas de succession
Conformément à l’article L132-12 du Code des assurances, l’assurance-vie est par principe hors succession. Par conséquent, la fiscalité applicable n’est pas la même que lors d’une succession, à savoir abattement et barème variant selon le lien de parenté, et le degré.
Ce produit bénéficie donc d’une taxation propre. Les primes versées avant 70 ans bénéficient d’un abattement de 152 500 euros par bénéficiaire, au-delà duquel une taxation progressive s’applique. Passé 70 ans, elles sont soumises aux impôts successoraux classiques, avec un abattement global de 30 500 euros (tous contrats et tous bénéficiaires confondus). Cependant, les intérêts restent exonérés.
Les contrats souscrits avant le 20 novembre 1991 peuvent bénéficier d’exonérations spécifiques, selon la date de versement des sommes.
Frais de succession sur les primes versées avant et après 70 ans
La fiscalité au décès du souscripteur dépend principalement de son âge au moment des versements. Pour vous y retrouver, voici le tableau récapitulatif des différentes situations :
Primes versées | Avant 70 ans | Après 70 ans |
---|---|---|
Abattement | 152 500 € par personne désignée | 30 500 € (tous ayants droit et contrats confondus) |
Taux d’imposition | - 0% jusqu’à 152 500 € - 20% de 152 501 € à 852 500 € - 31,25% au-delà |
Droits de succession classiques (abattement + barème progressif) sur les primes uniquement |
Assiette taxable | Primes + intérêts (sauf contrats avant 20/11/1991) | Uniquement les primes (intérêts exonérés) |
Protéger son conjoint survivant avec l’assurance vie
L’assurance vie n’apporte aucun avantage fiscal au conjoint survivant, puisque depuis la loi TEPA de 2007, ce dernier est totalement exonéré d’impôts successoraux, sans limite. Cette exonération vaut aussi pour la fiscalité de l’assurance vie. Dès lors, peu importe l’âge au moment des versements, le capital reçu ne sera jamais taxé.
En revanche, ce produit peut être utile afin de donner davantage à son partenaire qu’avec un partage successoral classique. En effet, sans testament, une succession suit des règles légales, avec répartition de l’héritage selon les liens de parenté (ascendants, descendants, collatéraux), et les degrés (premier, deuxième, etc.). En présence de descendants notamment, ceux-ci doivent recevoir une part minimale.
L’assurance vie, étant hors succession, permet d’attribuer à son conjoint survivant les sommes que l’on désire. Ceci sous réserve qu’elles ne soient pas manifestement excessives par rapport au patrimoine du souscripteur. Au décès, les fonds seront rapidement transmis, sans être traités dans la succession, et incontestables par les héritiers.
Les meilleures stratégies pour optimiser la clause bénéficiaire
La rédaction optimisée de la stipulation est essentielle pour garantir une transmission fluide et fiscalement avantageuse du capital. Voici quelques stratégies pour structurer cette clause de manière efficace.
Rédiger une clause bénéficiaire précise et personnalisée
Attention à la rédaction de cette clause. En effet, une désignation floue ou imprécise pourrait entraîner des complications, voire une réintégration du capital dans la succession. Une formulation recommandée pourrait être : "Mon conjoint X en pleine propriété, puis mes enfants Y et Z à parts égales, et à défaut mes petits-enfants par représentation." Cette formulation permet d’assurer une transmission certaine et rapide, en prévoyant des héritiers désignés de second rang, au cas où les premiers désignés décèderaient avant le souscripteur.
Bon à savoir
Pour optimiser la succession et rédiger une stipulation adaptée, il est recommandé de se faire accompagner par des professionnels compétents comme un notaire, un conseiller en gestion de patrimoine ou un assureur.
Privilégier les versements avant 70 ans
Si cela est possible, alimentez votre assurance vie avant vos 70 ans, pour que les sommes ne soient pas soumises aux frais de succession. Passé cet âge, les primes excédant 30 500 euros seront taxées selon les règles classiques de la succession. De plus, cet abattement vaut pour tous les bénéficiaires, et tous produits ouverts.
Recourir au démembrement de la clause bénéficiaire
Le démembrement permet de séparer l’usufruit (droit d’usage et de perception des revenus) de la nue-propriété (droit de disposer du capital à terme). Cette stratégie est particulièrement utile pour protéger un partenaire survivant tout en garantissant la transmission de la valeur aux héritiers. Par exemple :
- L’époux survivant reçoit l’usufruit du contrat.
- Les descendants obtiennent la nue-propriété et récupèrent la totalité de la somme au décès de l’époux(se).
Ce mécanisme permet d’assurer la protection financière du compagnon tout en optimisant la succession.
En appliquant ces stratégies, vous sécurisez la transmission de votre capital et maximisez-les avantages fiscaux de l’assurance-vie.
Délais et procédures : les étapes clés après un décès

Au décès du souscripteur d’une assurance-vie, les démarches à effectuer varient selon que le bénéficiaire connaît ou non l’existence du contrat.
Si vous savez que vous êtes désigné, voici les étapes à suivre :
- Transmettez l’acte de décès à la compagnie d’assurance. Cette dernière dispose de 15 jours pour demander les documents nécessaires au traitement du dossier.
- Fournissez les pièces demandées : pièce d’identité et un RIB pour le versement, au minimum. Idéalement, avec un accusé de réception, pour connaître exactement la date de départ du délai.
- Le versement devrait être effectué dans un délai d’un mois maximum.
Dans certains cas, si la clause bénéficiaire est inscrite dans un testament, c’est le notaire qui informe les bénéficiaires et l’assureur.
Dans tous les cas, si l’attributaire est contacté, la procédure est la même : il doit fournir les pièces demandées et attendre le versement.
Comment déclarer une assurance-vie lors d’une succession ?
Les personnes recevant des sommes d’une assurance vie doivent souscrire une déclaration partielle de succession pour les contrats :
- ouverts à compter du 20/11/1991, pour les primes versées après les 70 ans du souscripteur ;
- ouverts avant le 20/11/1991, ayant été largement modifiés après cette date, et au titre des versements effectués passé les 70 ans de l’adhérent.
Pour ce faire, il faut remplir le formulaire 2705-A (disponible sur impots.gouv) et le donner au service de l’enregistrement compétent (près du domicile du défunt), en ligne ou en personne. Cette déclaration doit être déposée dans les 6 mois qui suivent la disparition.
Retrouver son assurance vie en tant que bénéficiaire : nos conseils
Si vous pensez être désigné dans un contrat d’assurance vie mais n’en avez pas la certitude, il est possible de le vérifier si vous en faites partie. En France, tout individu a le droit de demander cette information, à condition de prouver le décès du souscripteur.
Contacter l’AGIRA
L’Association pour la Gestion des Informations sur le Risque en Assurance (AGIRA) est l’organisme chargé d’identifier les contrats d’assurance-vie souscrits par une personne décédée. Pour effectuer une recherche :
- Faites une demande en ligne sur le site de l’AGIRA ou envoyez un courrier (un modèle est disponible sur le site de l’Institut national de la consommation).
- Joignez une copie de l’acte de décès du souscripteur.
Délai de réponse et transmission des informations
Une fois votre demande reçue, l’AGIRA dispose de 15 jours pour informer l’assureur concerné. Si un contrat d’assurance-vie existe et que vous êtes bénéficiaire :
- La compagnie d'assurance vous contactera directement.
- Vous devrez alors fournir les documents nécessaires (pièce d’identité, RIB, certificat fiscal, etc.) dans un délai de 15 jours pour percevoir le capital.
En cas d’absence de contrat à votre nom, l’AGIRA ne donne pas de réponse directe, mais aucune nouvelle signifie que vous n’êtes pas bénéficiaire d’un contrat répertorié.
Cas particuliers et exceptions dans la succession d'une assurance vie
L’assurance vie offre un cadre fiscal avantageux, mais certaines situations peuvent entraîner des exceptions ou des contestations :
- Primes exagérées : si les versements sont disproportionnés par rapport au patrimoine, les héritiers peuvent demander leur réintégration dans la succession.
- Donation déguisée : l’administration fiscale peut requalifier un versement important à un enfant (au détriment des autres) en donation. Dès lors, les sommes réintègrent l’actif successoral.
- Absence de bénéficiaire désigné : si aucun bénéficiaire n’a été mentionné ou si tous sont décédés avant le souscripteur, le capital est réintégré dans la succession et soumis aux frais de succession habituels.
Ces cas particuliers montrent l’importance de bien rédiger la clause bénéficiaire et d’anticiper les conséquences fiscales et successorales.
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Questions fréquentes sur l'assurance vie et la succession
Est-ce qu'on paye des frais de succession sur une assurance-vie ?
Les frais de succession sur une assurance-vie dépendent principalement de l’âge du souscripteur au moment des versements ainsi que des réductions fiscales qui s’appliquent. Si le souscripteur est âgé de moins de 70 ans, un abattement de 152 500 euros par bénéficiaire s’applique, ce qui peut réduire, voire supprimer, les droits de succession. Au-delà, des taxes peuvent être appliquées selon la part transmise.
Comment se passe l'héritage d'une assurance-vie ?
L'héritage d'une assurance-vie se déroule différemment de la succession classique. Le capital est directement versé aux bénéficiaires désignés dans le contrat d'assurance-vie, sans passer par le processus de la succession. Cela permet d’éviter certaines démarches notariales et offre souvent un traitement fiscal plus avantageux que celui des héritages classiques.
Est-il obligatoire de déclarer une assurance-vie au notaire ?
Non, il n'est pas obligatoire de déclarer une assurance-vie au notaire, sauf si le contrat est sans bénéficiaire désigné ou en cas de doute sur des primes manifestement exagérées. Dans ces cas, l’officier public peut être amené à vérifier les conditions et la validité du contrat d'assurance-vie pour s'assurer de la conformité avec la législation en vigueur.